Loading...
Disques

JP Nataf – Clair

JP NATAF – Clair
(Tôt ou Tard) [site] – acheter ce disque

JP NATAF - ClairJP Nataf est de retour. Jamais vraiment parti mais plus tout à fait sous les projecteurs qui firent le succès considérable de son groupe Les Innocents. Autre siècle, autre histoire. Ces dix dernières années, le chanteur a pas mal erré, butinant de projet en projet (albums d’hommages ou de duo pour certains), pigiste de luxe pour d’autres (Delerm, Thiefaine, The Mabuses, "Imbécile" d’Olivier Libaux), membre d’un anecdotique duo avec Jeanne Cherhal (Redlegs), trouvant heureusement le temps de signer en 2004 un premier album solo au succès critique non négligeable ("Plus de sucre"). Entre temps, le look aura changé. Exit l’ex-chanteur boy-scout à béret rouge et bandanas autour du cou, place au bobo sapiens à poils longs et Ray-Ban foncées, tendance Hermane Düne et autres freaks chics de la capitale. JP Nataf est mort, vive JP Nataf. C’est là que les choses intéressantes commencent, dans cette renaissance discographique singulière (autant que son look) confirmée aujourd’hui par un disque plus libre encore que son petit frère.
"Clair" est un monolithe, une œuvre compacte, roborative tant son auteur s’est montré inspiré et particulièrement en verve. Décochant des ritournelles boisées impeccables, déversant des textes fleuve dans une prose un peu obscure mais pleine de jeux de mots et de trouvailles ludiques. Même s’il chante en français, Nataf, fait de la pop, au sens où la musicalité prime sur le reste. Il ne cherche pas particulièrement à mettre sa voix en avant, ne cherche pas à délivrer des messages explicites. Le chanteur s’amuse à installer des climats, à suggérer par touches impressionnistes. Ce sens de l’ellipse, ce touché délicat, renforcé par des guitares suaves, des notes de banjo sautillantes, des chœurs chaleureux parviennent mine de rien à imposer de grandes chansons. Et c’est là le tour de force. "Seul alone" par exemple, neuf minutes de logorrhée verbale sur un arpège de guitare enlevé – l’anti format commercial par excellence – il fallait oser.
Difficilement imaginable de la part d’un type qui a longtemps susurré des jolies mélodies inoffensives chez les autres, aujourd’hui transformé en épicurien du verbe, en ogre de salon. Ce disque arrive à point nommé, miroir d’une vie bien remplie, quand les enjeux ne sont plus tout à fait les mêmes et que le recul sur les choses permet de nouvelles audaces. Chanson française anglophile, pop à la papa (c’est à dire beatlesienne), variétoche d’esthète, qu’importent les étiquettes et le passé, JP Nataf joue avec et s’en accommode sans se prendre la tête. C’est exactement en cela qu’il vient de signer, avec son comparse d’hier Jean-Christophe Urbain, un grand disque personnel. Tout sauf innocent.

Luc Taramini

acheter ce disque

A lire également, sur JP Nataf :
la chronique de « Plus de sucre » (2004)

Myosotis
Clair
Elle
Viens me le dire
Monkey
Après toi
Seul alone
Clamecy
Les lacets
Le radeau
Un jour sans erreur
A Mandoline

 

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *