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Concerts

Limousine – L’Européen, Paris, 7 février 2006

LIMOUSINE – L’Européen, Paris, 7 Février 2006

Nouvelle formation en provenance de l’écurie Chief Inspector – seul label capable à ma connaissance de réconcilier les amateurs de rock indé et de jazz – Limousine est un trio de musiciens trentenaires composé du guitariste Maxime Delpierre, du batteur David Aknin et du saxophoniste/compositeur Laurent Bardaine. Sur la foi des précédentes productions de ce label de jazz iconoclaste (le Lunfardo de Sébastien Gaxie, Collectif Slang, Soulreactive…) et à en juger par l’affiche alléchante du concert (Vincent Courtois et Fred Poulet en invités) la soirée concoctée par "l’inspecteur en chef" s’annonçait sous les meilleurs auspices.
Et en effet, pendant près d’une heure trente, il ne fut jamais question d’embardées furieuses, point d’éloquences de solistes, point de dextérité à tout crin. L’inspiration de ce trio de jazzmen "nouvelle génération", était à chercher ailleurs, dans les BO de films de Jim Jarmusch, de Wim Wenders ou de Sergio Leone. Dans un goût prononcé pour les ballades méditatives, aussi, et dans les échos de guitares bluesy façon Ry Cooder ou Neil Young. Avec leur look de corbeau (costards sombres, cheveux en bataille) les trois chauffeurs de la Limousine transformèrent l’hémicycle en saloon gothique perdu au milieu du désert, déroulant leurs pièces musicales comme autant de visions oniriques fragiles entrecoupées de silences éloquents. Parfois, leurs ritournelles se perdaient volontairement en de longs crescendos au dénouement bruitiste comme si nous étions en présence d’un authentique groupe de post-rock tapi dans l’ombre. En toile de fond, lumières et images projetées renforçaient le côté théâtral de cette musique lorgnant vers celle de Tortoise et de Explosions in The Sky.
Un concert plaisant donc, sans accrocs mais sans surprise véritable non plus. Peu dissertes, les musiciens enchaînèrent les compositions avec sérieux et application. Un peu trop d’ailleurs. Même l’arrivée sur scène de Vincent Courtois ne vint pas perturber cette odyssée spleenétique et nonchalante. On était loin des délires musicaux de la ZAM ou de Napoli’s Wall, formations au sein desquelles le violoncelliste exprime d’ordinaire toute sa démesure. Tant mieux pour ceux qui aiment le rock, tant pis pour ceux qui croyaient que des musiciens de jazz pouvaient transcender tous les genres haut la main. Il y eut quand même de belles satisfactions : le jeu de guitare retenu de Maxime Delpierre évoquant celui de Rodolphe Burger et la présence tardive de Fred Poulet pour un rappel chanté plutôt mordant qui fit rétrospectivement défaut à l’ensemble du set.
Non, vraiment, l’affiche était belle, les intentions louables, la musique séduisante mais j’avoue – non sans peine – que ce petit tour de Limousine m’a un peu laissé sur ma faim. Peut-être est-ce parce que je préfère écouter du jazz joué par des jazzmen et du post-rock joué par des musiciens de rock ? Peut-être que ça n’a rien à voir avec moi. J’aurais bien aimé avoir l’avis de Jeanne Balibar, elle était dans la salle hier soir.

Luc Taramini

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