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Mathieu Boogaerts – Mathieu Boogaerts

Mathieu Boogaerts - Mathieu Boogaerts

Seize ans déjà qu’on a vu arriver Mathieu Boogaerts, charmant petit homme velu (rappelez-vous de son premier clip) avec sous son bras le premier album « Super », objet hybride au packaging un peu bizarre, au style mal identifié. La presse avait particulièrement bien accueilli cet artiste qui avait réussi à rassembler la langue, le rythme, l’intime, la mélodie autour de sons caribéens, de touches de blues, de jazz dans un subtil mélange de sons électriques et acoustiques. Seize ans et pas une ride.

« Super » a posé les jalons d’un système métrique totalement génial, peuplé de rythmes syncopés, de jeux de funambules à faire rougir Robert Wyatt sous sa barbe. Aujourd’hui toujours, sa musique détonne: les mots sonnants, susurrés, lâchés avec leste retombent dans nos ouïes sur un canapé de miel. 

La musique est parfois désarmante sur ce disque éponyme. Les bras nous tombent devant « Avant que je m’ennuie », chanson nue, primitive. En capitaine caverne, dans un élan érotique libérateur et dans la réminiscence de l’instinct animal refoulé, Boogaerts invente la chanson d’amour quaternaire: un texte antédiluvien qui colle au cœur et surtout au corps…

En étourdi et doux rêveur de la chanson Boogaerts présente ici des chansons peaufinées à La Java pendant plus de soixante représentations. Bien rodées, les chansons un peu âpres lors des premières écoutes, prennent doucement leur envol, appuyées par une mélodie caverneuse, caché bien souvent par une basse vrombissante et une voix très en avant.

Quant aux mots de ses chansons, Boogaerts les utilisent pour leur qualité sonore bien plus que pour leur sens bien trop consensuel. Hip Hip Hip Hou, Abracada, Ouhouhou, Hein Hein Hein et autres digressions verbales enveloppent des textes légers rappelant la fausse naïveté de Bobby Lapointe ou  de Nino Ferrer.

Belle bouffée d’air additionnée d’hélium, ce disque est celui d’un grand enfant, d’un joueur, s’émouvant à faire sonner, dissonner, répéter, jouer avec nos sens. L’effet en est contagieux : « Mathieu Boogaerts » nous emmène très loin. Une sorte de « Grand Meaulnes » sonore en quelque sorte.

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