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Moonjellies – Inner Anger, Feather

MOONJELLIES – Inner Anger, Feather
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MOONJELLIES - Inner Anger, FeatherParis n’est décidément plus la seule ville à donner naissance à de nouveaux talents sur la scène française pop-rock. Après Clermont-Ferrand (Cocoon, The Delano Orchestra), on remonte en direction du nord-ouest pour s’arrêter à Tours, où les Moonjellies ont élu domicile. Formé en 2007, le groupe puise ses inspirations dans le pop rock des années soxante (The Zombies, The Kinks) à laquelle sont associées des sonorités un peu plus mélancoliques (Neil Young). Oui, l’ensemble sent le déjà-vu (ou plutôt le déjà-entendu). Au-delà de son optimisme un peu naïf et de son évidente nostalgie pour une époque révolue, on aborde une musique où tout le monde y trouvera son compte, hommage fidèle aux icônes pop de chacun. Ceux qui apprécient d’un peu trop près la musique de genre passeront leur chemin tandis que les autres salueront chaleureusement cette réconciliation entre pop douce et rock crasseux.

L’ouverture de l’album se fait dans les règles de l’art avec son chant à l’unisson façon Queen ( « Meeting Place » ). On enchaîne par une rythmique empruntée aux Sunday Drivers, déclinée à toutes les sauces par la suite, avec ses échanges guitare / piano / basse, et puis un peu de cor aussi, évoquant de loin « Harvest ». Pour un peu également, on pourrait presque entrevoir dans « You Don’t Have To », sorte de ballade anti-déprime au piano, le fantôme de Elliott Smith contraint de danser la ronde avec des enfants (« In the Lost and Found »). Les références sont toujours présentes, parfois même à l’excès, et si la musique est toujours évocatrice, elle ne se substitue pas complètement à ses modèles (par exemple le dernier morceau, « Black Cloud », comme un lointain écho au « Shine » de Muse). « Come Across You Shade » sonne quant à elle comme une première tentative ratée d’introduire des sonorités Gallagher dans l’album, bien plus réussie par contre dans le très bon « Man In The Crowd » et son piano sautillant, la première passant de fait un peu inaperçue, faisant mine de décoller mais en vain. Entre le chant grave et blasé d’un Pete Doherty (« No Better Side of the Road ») et une session instrumentale perdue (« Night of The Chinese Plastic ») se glisse un « Stars Above You » énergique, revisite un peu (trop) rapide d’un certain « I Me Mine ».

Présenté ainsi, l’album évoquerait presque un genre de best of pour découvrir le rock. Ce serait réducteur tant le pari de départ est osé : une synthèse pop de ces dernières décennies, arrangée pour de multiples voix (violons, choeurs) et pensée pour des morceaux de 3 minutes en moyenne. Pourtant, le sentiment qui s’en dégage est très ambigüe : le disque, au fond audacieux, refuse parfois d’aller au bout de sa logique musicale, comme si elle devait se limiter à de la citation. Certains morceaux plus personnels en fin d’album, au contraire, renseignent davantage sur ce qui fait la véritable identité du groupe (le mélancolique « Pauline », moins surfait que le reste ou le très beau « Whispering Stone » aux accents celtiques). Le plus regrettable au fond est que ce « Inner Anger, Feather » n’est pas un mauvais album. Loin de là. Il sonne avant tout comme le premier album d’un groupe ne détenant pas encore l’énergie, le caractère pour s’extraire du lot. Au vu des progrès accomplis en à peine deux années de travail (EP 1 + 2), on reste néanmoins optimistes pour la suite. Keep on Rolling Moonjellies, et faites-nous donc entendre votre colère intérieure !

Pierre Gourvès

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A lire également, sur Moonjellies :
la chronique de « EP 1 + 2 » (2008)

Meeting Place
You Don’t Have to
Come Across Your Shade
No Better Side of the Road
Night of the Chinese Plastic
Man in a Crowd
Stars Above You
Pauline
Sunrise
Summer Dress

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