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Disques

The Cesarians – s/t

THE CESARIANS
(Imprint / Cargo) [site]

THE CESARIANS - S/tThe Cesarians, en voilà un nom bien mystérieux pour un groupe dont les membres m’étaient parfaitement inconnus avant que j’aie la biographie et le CD entre les mains. On retrouve ainsi Charlie Finke, ex-leader du groupe Penthouse (donc, ce n’est pas qu’un magazine…), entouré de 6 autres membres, issus de différents horizons et qui se retrouvent sous la même bannière. Mais celle-ci n’est pas pour autant facile à décrire, et c’est là l’un des multiples attraits de ce disque, sorti dans un relatif anonymat.

D’une noirceur vertigineuse, la musique de The Cesarians est pourtant pourvue d’un charme implacable. Les ambiances que le groupe affectionne sont à peu près toutes faites du même matériau, entre le côté baroque d’un cabaret des années 30 et une forme de gravité et de solennité dans le chant et la rectitude de la musique, mélange ô combien difficile à doser, mais que le groupe parvient parfaitement bien à reproduire le long de ces 11 chansons. Le disque n’est pas forcément facile à appréhender, et les titres mettent un certain temps avant de laisser transparaître toutes leurs subtilités. Celles-ci sont rendues possibles par la science des arrangements du groupe, et sa faculté à les retranscrire avec force et / ou finesse. Les instruments à cordes et à vents font toujours bon ménage, entraînant les morceaux dans des directions multiples, les chargeant d’intensité sans jamais les boursoufler, ou sachant se faire discrets quand il le faut.

Inclassable ou presque, The Cesarians surprend en effet sur son premier titre, "Q.M.S.D." (pour Quasi Messianic Self Depreciator), avec cette emphase dans le chant de Charlie Finke : il déclame plus qu’il ne chante, sur un fond sonore d’une lourdeur inquiétante, avec le piano macabre et cette batterie qui est secondée par des cuivres puissants. Si l’entrée en matière est placée sous le signe du danger, cette impression d’inconfort ne quitte jamais l’auditeur. La musique de The Cesarians trouve sa force là-dedans, dans les cordes enrobantes et presque cinématographiques de "Flesh Is Grass", la dégringolade des accords du piano qu’on retrouve souvent, ces cuivres qui donnent une véritable ampleur aux titres et font décoller littéralement "Running Horse". Mais il y a aussi bien d’autres choses dans ce disque, qui sait se dévoiler progressivement, écoute après écoute. "Woman" est massif et avance d’un bloc, quand "Too Soon Is Never Again" et "Marlene" évoquent fortement le romantisme sombre d’un Nick Cave, qui se verrait accompagné d’un orchestre de cordes et de vents encore une fois subtil et inventif. Les musiciens font encore une fois merveille sur "Dethstar", vertigineux dans ses cassures de rythmes et son ambition assumée du début à la fin. Toujours écrit de façon aussi classe que précise, l’album ne comporte aucun temps faible, aucune chute d’inspiration, et ce ne sont pas les lyriques "Ratz" et "Sour Ink" qui lasseront l’auditeur, tant ils sont empreints d’émotion, et pleins de recoins dans les mélodies et le chant où l’on prend plaisir à se perdre. The Cesarians a sorti un disque magnifique de bout en bout, mais il est pour l’instant passé inaperçu : dommage, pour ce qui sera, je le pense, un des meilleurs albums de 2009.

Mickaël Choisi

Q.M.S.D.
Flesh Is Grass
Running Horse
About She Goes
Woman
Too Soon Is Never Again
Dethstar
Ratz
Marlene
Kratos Cometh
Sour Ink

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