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Disques

The Fitzcarraldo Sessions – We Hear Voices

THE FITZCARRALDO SESSIONS – We Hear Voices
(Green United Music / PIAS) [site] – acheter ce disque

THE FITZCARRALDO SESSIONS - We Hear VoicesA l’écoute de ce disque, il faut considérer "We Hear Voices" comme un véritable album et non pas comme la compilation de la dernière chance ou un pis aller artistique en attendant des jours meilleurs. Sept membres de Jack The Ripper composent la formation originelle. Orphelins de leur chanteur à qui l’on souhaite d’autres expériences musicales, ces musiciens ont eu la malicieuse idée de réunir des artistes d’horizons assez différents afin de continuer l’aventure. Pour ouvrir le bal, on retrouve Moriarty dans leur exercice préféré de country-chorale montant crescendo dans une ferveur contagieuse. La kermesse héroïque brinquebalante qu’est "Alice & Lewis" ravive nos coeurs avant de retrouver dans un style plus strict Stuart Staples sur "Les Méfiants", nous rappelant alors l’âge d’or des Tindersticks lorsqu’en 1993 et 1995, ils sortirent coup sur coup deux chefs-d’oeuvre relevant alors, pour contredire Alain, l’oeuvre d’art dans la catégorie de l’utile. Contrebasse et ondes Martenot donnent à "The Gambler" interprété par Phoebe Killdeer, des airs de cabarets enfumés à la Lili Marleen où l’on peut apercevoir, avec un peu d’imagination, lovés dans des divans satin rouge aux franges de recoins peu éclairés d’un quelconque dancing, Jennifer Charles, Chan Marshall et moi au milieu sirotant des mets délicieux et insoupçonnés… Dans l’ensemble, les arrangements feront bien évidemment penser aux maniérismes baroques des Bad Seeds, Married Monk, Yann Tiersen ou à Scott Walker pour la belle prestation du trop rare Blaine Reiniger, membre de l’excellentissime Tuxedomoon. Outre la troublante expérience dostoïevskienne de Dominique A sur le très beau titre "L’Instable" ainsi que le profond et réussi "Waves" de Syd Matters, des titres plus légers servis par des voix plus en retrait comme "Animosity" et "As You Slip Away" permettent, même s’ils sont de moins bonne facture, de donner, à la manière d’un liant, un certain souffle à l’ensemble. Enfin, en point d’orgue, on retrouve un autre orphelin, El Hijo chanteur déchu de Migala qui boucle l’album en espérant que l’expérience de The Fitzcarraldo Sessions lui ait inspiré un éventuel retour. Ainsi dans un élan prométhéen, les musiciens de Jack The Ripper ont réussi en guise d’intermède ou dans une nouvelle forme, un disque élégant, plein de circonspection à l’égard des groupes invités qui leur permet de s’adjurer au moyen d’un beau travail collectif, un retour digne de celui d’Edmond Dantès et pour moi un petit égarement récréatif au beau milieu d’un dimanche grisâtre.

Benoît Crévits

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Alice & Lewis (ft. Moriarty)
Les Méfiants (ft. Stuart Staples – Tindersticks)
The Gambler (ft. Phoebe Killdeer)
L’instable (ft. Dominique A)
Waves (ft. Syd Matters)
Lips of Oblivion (ft. Blaine Reininger – Tuxedomoon)
As You Slip Away (holding pattern) (ft. Joey Burns – Calexico)
I, Ignorist (ft. Paul Carter)
Animosity (ft. Craig Walker)
Drawing down the water (feat. 21 Love Hotel)
All the Mirrors Are Covered By Snow (feat. El Hijo – Migala)
Le Tunnel de Detroit (feat. Dominique A)

 

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