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Disques

Tori Kudo – Enka Blues

Tori Kudo - Enka Blues

S’il est bien un personnage imprévisible sur la scène pop, c’est Tori Kudo. Bien malin celui qui pourrait prédire son prochain mouvement. Alors qu’aucun album studio de Maher Shalal Hash Baz, son principal projet, n’est sorti depuis « C’est la dernière chanson » chez K Records, Tori Kudo papillonne. Avec son épouse Reiko bien sûr, mais aussi avec Avec Qui Gabriel, Phil Elwrum, Nicholas Krgovich. Et surtout, il garde le contact par le biais de nombreux enregistrements, enfin… nous sème plutôt parce qu’il est fort difficile de trouver ces micro-éditions, sur des mini-labels plus farfelus les uns que les autres et qui font les délices de ceux qui aiment passer du temps sur Discogs. Il doit même arriver à perdre les plus acharnés contributeurs de données sur ce site.

L’enregistrement en concert semble être aujourd’hui la piste la plus profitable. « Hello New York » paru en 2016 chez OSR est donc suivi par ce nouveau live disponible sur cassette et téléchargement.

Première blague, l’enregistrement est celui d’un concert enregistré pour Noël il y a pratiquement dix ans (2008 donc). Il ne contient que des blues et de l’enka, ce style de musique populaire japonaise, proche du blues amerloque. Ce n’est pas la première fois : Tori avait participé à une édition de « Enka Mood Collection » sur An’archives.

Sur la face A, Tori Kudo retrouve la guitare pour de l’enka blues échevelé, voire carrément hirsute, hyper brut, punk comme il sait l’être. Parmi les reprises japonaises, notons un « Johnny B. Goode » entre codéine et speed bon marché et un « Sheep are seeing me » dudit Kudo qui retrouve un terrain moins abrupt mais toujours twangy à souhait. L’adjonction du basson par l’ombre de Kudo, du moins sa collaboratrice la plus présente, Mako Hasegawa y est pour beaucoup.

La face B est plus apaisée : guitare folk et basson. On commence par une reprise de Kevin Ayers (qui me fait toujours penser à Assayas) et on se retrouve instantanément en terre Kudienne, soit ce punk mélodique imprévisible, doux et agressif à la fois. À titre personnel, je me réjouis de pouvoir enfin écouter la chanson « Ethiopia », parue sur un CD-R quasi introuvable et je me délecte de « Minna Yume no Haka » de Hironosuke Hamaguchi, chantée en 1968 par Kyoto Takada. À l’issue du concert, on entend des cannettes qui s’ouvrent et cette dernière chanson diffusée par un malin DJ : charmant final.

Tori Kudo nous a promenés dans l’univers folk, blues, bizarre de son panthéon américano-nippon et dans sa propre discographie : c’est sympathique comme toujours mais on aimerait aussi un vrai album. Ce n’est pas pour tout de suite si on en croit les sorties prévues cette année chez les français de Bruit Direct (un certain « Galakei » en janvier, captation d’un concert donné pour les trente ans de Maher Shalal Hash Baz entre autres) et chez les US Moone Records  (« Live at Harness » documentant un live acoustique) mais on en reparlera…. Maher Shalal Hash Baz tournera ce printemps en Europe (notamment au Sonic Protest), ne les manquez pas !

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