De retour après ses soucis de santé pour défendre son excellent dernier album “Simplfier”, Miossec a livré à Sannois, en banlieue parisienne, une prestation de haute tenue qui a su conquérir le public sans difficulté.
Trente ans. Trente ans de poésie écorchée. Trente ans de jolis mots de manière brute énoncés. Trente ans de musiques diverses et variées. Bref, trente ans utilisés à “Boire, écrire, s’enfuir”. Tel était l’intitulé utilisé par Miossec pour qualifier la tournée effectuée entre 2020 et 2022 pour célébrer les vingt-cinq ans de son album fondateur “Boire” sorti en 1995. C’est d’ailleurs à la fin de cette tournée que nous avions pu le rencontrer pour faire le bilan de cette déjà longue carrière et voir avec lui comment il envisageait son futur. Déjà, lors de cette interview, il nous parlait de sa volonté de “Simplifier”, ce qui s’était concrétisé dès l’année suivante avec un album portant ce titre. Un court album d’à peine trente minutes qui, après l’acoustique sans concession de “Boire”, après l’opulence de “1964” ou le rock carré de “Chansons ordinaires”, présentait une new wave à l’élégante frugalité qu’il avait enregistrée seul, simplement accompagné du producteur Alexis Delong et de l’ingénieur du son Paul Le Galle.
Malheureusement, peu de temps après la sortie de ce disque, un cancer des cordes vocales lui avait été diagnostiqué, ce qui l’avait empêché de le défendre sur scène et l’avait plutôt contraint à cesser toute activité pour se soigner. Suivant son traitement avec application et respectant scrupuleusement les consignes des médecins, il a finalement réussi à s’en sortir et à être enfin prêt pour jouer en live “Simplifier”, l’un des meilleurs albums de sa carrière. Débutée en février 2025, cette tournée est passée il y a quelques jours par l’Espace Michel Berger (EMB) de Sannois dans le Val-d’Oise et nous a ainsi donné l’occasion de voir comment le Brestois, désormais âgé de 60 ans, se présentait à son public avec ses nouvelles chansons.
Dans une formule en trio, accompagné de Stéphane Fromentin à la guitare et de Nicolas Méheust aux claviers, Miossec lui-même n’aura pas quitté sa guitare de tout le concert. Après une entrée en matière très austère voire très sombre débutée fort logiquement par “On vient à peine de commencer” suivie de “La Facture d’électricité”, nous avons eu droit à une musique dans la veine du dernier album avec des rythmiques programmées fort à-propos et des guitares électriques parfois bien présentes, en particulier sur un “La Mélancolie” vraiment rentre-dedans ou un “A Montparnasse” assez dansant comme souvent, un certain minimalisme se faisant également une place comme sur “La nuit est bleue”. La plupart des albums ont été représentés (le dernier opus se réservant bien sûr la plus grande part), le concert étant ponctué, entre les chansons, d’interventions au tendre humour noir de la part du chanteur qui, même s’il est apparu marqué par le temps et les épreuves traversées, a semblé en bonne forme.
Au total, après plusieurs chansons d’un rappel conclu en beauté et sur la longueur par le classique “Brest”, c’est une prestation de près de deux heures que le Breton a livrée. Un concert à la hauteur de son dernier album qui, après écoute des versions live, s’affirme clairement comme un jalon essentiel de sa carrière. Surtout, c’était une prestation à la hauteur de nos espérances tant nous étions impatients de le revoir après tout ce qui lui est arrivé dernièrement. Car oui, Miossec est de retour et, comme il le disait lui-même à propos de l’accueil chaleureux et enthousiaste du public, « ça fait plaisir ».
Photos : Vincent Arquillière.