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Disques

Mclusky – The World Is Still There and So Are We

Le retour inespéré de Mclusky méritait bien un petit rattrapage en cette période estivale.

Apparu en 2000 comme une sorte d’anomalie, Mclusky a toujours donné l’impression d’être ce groupe bruyant dont les impitoyables saillies déblatérées par Andrew “Falco“ Falkous peuvent autant nous faire rire que nous interpeler avec un discours sarcastique. Peu avare en guitares dissonantes, leur second disque, “Mclusky Do Dallas“, est produit par Steve Albini mais son joli succès d’estime n’empêche pas le groupe de disparaître progressivement à la suite de quelques conflits dans le line-up. Après avoir formé Future of the Left, Falkous est aujourd’hui de retour avec Mclusky et le groupe gallois réussit même un étrange exploit, être pertinent dans le paysage musical de 2025 sans avoir à modifier d’un iota sa formule initiale.

Basse vrombissante, riffs aussi aimables que du fil de fer barbelé, rythmique marteau-pilon et formules sardoniques : on ne sera pas surpris par les compositions du power trio désormais constitué de Falkous à la guitare, Jack Egglestone à la batterie et du nouveau venu Damien Sayell à la basse. Pensé comme le prolongement immédiat de leurs précédents disques, “The World Is Still There and So Are We“ nous propose quand même quelques surprises, à commencer par l’ensemble des textes de Falkous dont la lucidité salvatrice sublime le second degré en l’expurgeant de tout cynisme.

Ce sont paradoxalement les titres les plus lancinants qui frappent d’emblée. Sur “People Person“, Falkous laisse traîner ses accords distordus pour donner de l’épaisseur à son ironie mordante en vitupérant “Can kill the mood if kid explosions aren’t your heart’s desire / Oh mon ami, oh chez amour, oh foreign love / I’m shit on Skype / A lot of people like to be wise after the event“ comme une implacable conclusion. Lancinant, presque abattu, “Not All Steeplejacks“ est à peine porté par une basse cagneuse, un beat blafard, une guitare poisseuse et un Falkous qui annone : “ It’s never complicated /Till it’s always complicated / It’s always complicated ’cause it is“ comme s’il était en fin de vie.

Mais que l’on ne se trompe pas, “The World Is Still There and So Are We“ fait la part belle au noise-rock furibard. Le disque a été masterisé par Bob Weston de Shellac, et le fantôme de Steve Albini n’est donc jamais très loin. Les Gallois savent parfaitement tourner notre époque en dérision, le rire et ce mur de sons saturés restant une façade anguleuse face aux horreurs du monde qui nous entoure. Un titre comme “Chekhov’s Gun“ plaira aux scénaristes amateurs et “Kafka-esque novelist Franz Kafka“ fonce à 150 sur l’autoroute du punk littéraire. En attendant de les voir en concert à Petit Bain le 6 octobre, on se passe en boucle “Autofocus on the Prime Directive“ en hochant la tête avec une énergie que l’on espère encore intacte.

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