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Silvain Vanot – Bethesda

SILVAIN VANOT – Bethesda
(Megaphone Music / Coopérative Music) [site] – acheter ce disque

SILVAIN VANOT - BethesdaAujourd’hui il fait soleil. Un rayon impromptu vient nous caresser la joue alors que dehors les arbres se déplument à vue d’oeil. Après une longue absence ponctuée néanmoins par de multiples projets d’écritures avec entre autres un livre sur Dylan, où encore sur la sandale, objet culte du rocker, ainsi qu’une collaboration remarquée avec la belle Mareva Galanter, Silvain Vanot nous revient, le cheveu poivre et sel et le grain de voix toujours aussi sibyllin.
"Bethesda" sixième album baigné d’americana, de sonorités tropicales, est introduit magistralement par "O Mon Tour", hymne à l’amour où l’espoir même vain peut toujours apporter un peu de satisfaction. Dans la voix on y perçoit un enfant, beaucoup de sensibilité aussi. C’est un peu la marque de fabrique de Vanot, ce côté juvénile, cette mue permanente qu’il a dans la voix et ne le quittera jamais. Sur un courant souple, aux franges d’abruptes ravins et de rives escarpées Vanot dirige sa barque, effleure des roches saillantes mais toujours manoeuvre habilement et s’en retourne sur un petit ressac, le déposant dans la bonne direction. C’est cette première impression qu’on avait tant aimée chez lui, ce chanteur un peu somnambule, bancal, buvant dans un verre ébréché.
Bien entouré, Vanot joue avec de nouveaux musiciens rencontrés ici et là. Enregistrées aux Pays de Galles, certaines compositions ont la maîtrise et la sobriété des Tindersticks, et, dans la voix, on retrouve la fragilité d’un Christophe. Certains crieront haro sur le baudet à propos des approximations vocales du garçon certes, mais les textes eux s’approchent parfois des cimes qui pour beaucoup restent inaccessibles. Sur "Les Cloches de l’amour" Vanot se met en avant, questionne le monde avant de prendre la fuite pour "Hawaii". Il ressort de ses textes un certain inconfort : entre la chasse au "Bambi blanc" et une improbable discussion avec "Le Mouton à trois têtes". Mais aussi, à l’instar de notre Katerine national, beaucoup d’auto-dérision traverse le disque comme ce slow kaurismakien qu’est "Bois flottant". En fin de parcours, dans un bouquet final la nature reprend ses droits sur "Les Fleurs". "Ce n’est pas long une vie de fleur, moins d’un an, plus d’une heure…" Espérons juste que la prochaine floraison arrive bien plus tôt.

Benoit Crevits

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O Mon Tour
Un Pied derrière
Les Cloches de l’amour
Hawaii
Rivière
Le Mouton à trois têtes
Nature Boy (étrange garçon)
Bambi blanc / forêt noire
Bois flottant
Implacable
Les Fleurs

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