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Concerts

Buck 65 au Nouveau Casino, Paris, le mardi 12 avril 2011

 

Il était bien rodé, ce show signé Buck 65, il était plein de surprises, d’agréments, de diversités et de renouvellement. Ce qui n’a strictement rien de surprenant pour un homme qui, et c’est peu de le dire, tant il l’a démontré au long de ses vingt longues et prolifiques années de carrière, s’est rarement trouvé à court d’idées et d’inventivité.

Buck 65 au Nouveau Casino, Paris, 12 avril 2011

 Près de neuf ans, mine de rien… Près de neuf années que je n’avais pas assisté à un concert de Buck 65. Neuf années, une longue éternité au cours de laquelle tout a changé pour le hip-hop en général, pour la scène rap indé dont le Canadien était issu et, bien sûr, pour le principal intéressé lui-même. Car entre temps, il y a eu plusieurs disques sortis chez Warner, un tournant pop rock marqué, avant que l’ex-Sebutone ne revienne à ses premières amours rap sur l’album  »Situation » et avec la série  »Dirtbike ».

Et ce qui frappe, à premier abord, lorsqu’on rejoint ce concert et qu’on entre au Nouveau Casino, c’est à quel point, alors que d’autres gens issus de la même scène sont retombés dans l’anonymat, Buck 65 a su sortir son épingle du jeu. Celui-là, en effet, ne se produit pas dans la confidentialité d’un bar, mais dans une salle comble, et devant un public assez éclectique en termes d’âge et de sexe. Les gens l’attendent, l’acclament, le révèrent comme l’artiste reconnu et, finalement, assez médiatisé, qu’il est devenu.

Pour autant, et malgré ces vingt ans de carrière qu’il célèbre sur son dernier album, il n’est pas certain que Buck 65 soit à l’aise avec la notoriété. Il s’adonne à l’exercice du showman, mais de manière timide, sans regarder son public en face (hormis dans cette longue introduction où il le fixe en attendant de se lancer), s’essayant à des danses énergiques mais empruntées, à une étrange chorégraphie tout en mouvements de bras, façon Ian Curtis, se cachant un moment derrière sa casquette ou gesticulant devant le mur du fond. 

Buck 65 au Nouveau Casino, Paris, 12 avril 2011

 Mais ce que Buck 65 manque en charisme, il le gagne en inventivité. On ne s’ennuie pas avec lui. Il passe sans arrêt du coq à l’âne, alternant pas de danse saccadés, raps, bribes de chant et séances de scratch. Et puis surtout, il n’est pas seul. Pour interpréter l’essentiel des morceaux de  »20 Odd Years », des duos pour la plupart, il est accompagné d’une chanteuse, une grande blonde un brin glaciale qui, si mes oreilles ne m’ont pas fait défaut, semble se nommer Marie. Et, en plus de cette invitée, il y en avait une autre, petite, brune et mutine celle-là, soit Olivia Ruiz, venue interpréter « Tears of your Heart » sur scène pour la première fois, pense-bête en main pour mieux se souvenir des paroles.

Le concert se focalise sur les morceaux de  »20 Odd Years », y compris la jolie reprise du « Who by Fire » de Leonard Cohen, et excepté ce « She Said Yes » qui, à mon goût, est son meilleur moment. Cependant, Buck 65 sait aussi épicer sa formule d’autres ingrédients. D’entrée, juste après « Superstars Don’t Love », il revient au single qui l’avait révélé en 1999, le tonitruant « The Centaur ». Il entonne aussi le beefheartien « Le 65isme » et ce « Drawing Curtains » ténébreux, deux titres de  »Secret House Against the World », son meilleur album pour Warner. Et de  »Situation » il extrait le toujours efficace « Dang », en rappel.

En rappel, aussi, deux autres réinterprétations. Un rap sur l’instru du « This Deed » d’Electrelane puis, en guise d’ultime conclusion, une version toute personnelle du « Au Suivant » de Jacques Brel. Un peu plus tôt, dans le même genre, c’est le « Venus in Furs » du Velvet que notre homme et sa chanteuse avaient investi, celui-ci déroulant un phrasé purement Buck 65 sur le violon et la guitare troublants du titre, sans que cela ne jure.

Buck 65 au Nouveau Casino, Paris, 12 avril 2011

 

Le show était rodé, donc. Divertissant d’un bout à l’autre, malin, amusant, et bien sûr profondément renouvelé par rapport à cette lointaine époque, il y a neuf ans, où Buck 65 dialoguait avec son public, où il prenait plaisir à lui raconter d’abracadabrantes histoires. Ce qui n’a rien de surprenant pour un homme qui, il l’a démontré au long de ses vingt longues années de carrière, n’a jamais été en manque d’idées et d’inventivité.

 

 

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