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Disques

Eric Matthews – Foundation Sounds

ERIC MATTHEWS – Foundation Sounds
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ERIC MATTHEWS - Foundation SoundsIl y a une dizaine d’années, après son premier album et un disque en collaboration avec Richard Davies sous le nom de Cardinal, Eric Matthews était considéré comme un prodige promis aux plus hautes destinées, prêt à être intronisé petit prince de la pop. Mais son deuxième album, le complexe "The Lateness of the Hour" (1997), ne rencontra pas le succès escompté, et il s’ensuivit un long silence, rompu seulement l’année dernière avec le mini-LP "Six Kinds of Passion Looking for an Exit", distribué chez nous au compte-gouttes. Entre-temps, de nombreux prétendants s’étaient disputé le trône laissé vacant, même si peu d’entre eux pouvaient faire valoir une aussi grande maîtrise de la composition et des arrangements.
Avec "Foundation Sounds", Matthews semble vouloir rattraper le temps perdu, alignant dix-sept morceaux et dépassant allègrement l’heure de jeu. Une prodigalité d’autant plus remarquable que l’auteur s’est passé cette fois-ci de ses collaborateurs habituels (dont l’estimable Jason Falkner, un peu perdu de vue lui aussi) et a tout joué lui-même, à l’exception d’une partie de clarinette. Seul le batteur Tony Lash est présent, préposé cette fois-ci au mixage et au mastering.
Matthews s’en explique dans les notes de pochette : ses héros Stevie Wonder et Paul McCartney l’avaient fait avant lui, il voulait relever le défi – pas pour faire son intéressant, non, non, simplement pour obtenir exactement le son qu’il souhaitait. Il raconte également qu’à ses débuts, il envisageait de publier 40 disques qui auraient progressivement rompu avec l’orchestration traditionnelle de la pop et du rock : à rapprocher du pseudo-projet de Sufjan Stevens (le plus sérieux prétendant au trône précité) consistant à enregistrer un disque pour chaque Etat d’Amérique. Bref, chez Matthews, la ligne entre exigence et prétention est toujours très mince (cf. les notes de pochette dithyrambiques de son premier album, qu’il avait eu toutefois la clairvoyance de faire écrire par un autre…). Le titre de ce nouveau disque fait ainsi référence aux conceptions de deux grands compositeurs américains, Aaron Copland et John Williams, nous explique-t-il, citant quelques lignes plus loin Vivaldi, Bach ou Beethoven parmi ses influences.
On touche là au grand problème d’Eric Matthews : il n’arrive pas à faire simple. Ou alors il ne veut pas, jugeant que c’est indigne de lui. Pourtant, les plus grands orfèvres de la pop baroque, de Love à The Left Banke (sans même parler des Beatles, des Beach Boys ou… de Vivaldi), savaient concilier arrangements audacieux et mélodies accrocheuses. Ici, toutes les chansons sont façonnées avec soin, rehaussées par une section de bois et chantées d’une voix angélique, mais aucune ne se détache vraiment, rien ne touche au cœur, comme le dernier Scritti Politti. Ce disque, c’est un peu comme une exposition de tableaux où l’on passerait de longues minutes à admirer des détails, mais dont on n’aurait plus guère de souvenirs le lendemain. Maintenant qu’il sait qu’il n’enregistrera sans doute pas les 40 disques dont il rêvait, il serait peut-être temps que le talentueux Eric Matthews revoie ses ambitions à la baisse.

Vincent Arquillière

Our House
Sorry
Gold
When You Should Be There
Death of in Between
Survive
This Chance
Watch the Sky
Courage
All the Clowns
More than I Can Give
All that Remains
Start of the Meltdown
Sounds of Flight
The Fly
And the World Will Go
Till This Story Ends

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