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Concerts

Matt Elliott + Dark Dark Dark à La Gare de Coustellet, le 25/03/2012

A La Gare de Coustellet, le dimanche, il y a parfois des concerts qui commencent à 18h30. Des soirées de fin de week-end, avec une programmation qui pourrait paraître surprenante pour un dimanche après-midi. Ce jour là, Matt Elliott et Dark Dark Dark sont à l’affiche et quand on voit le soleil qui brille dehors, et l’horaire avancé du concert, on pourrait se dire que tout ça est un peu trop sombre pour un premier dimanche de printemps… J’arrive dans la salle avec un peu d’avance, et j’ai l’agréable surprise de voir qu’il y a pourtant déjà pas mal de personnes présentes. Des familles avec enfants, des jeunes et moins jeunes, des habitués des salles de concert une bière à la main, et un grand gars stoïque, habillé de noir qui semble attendre quelque chose, se tenant près de la console de l’ingé son et qui tourne le dos à la scène. Un mot des organisateurs à l’oreille de Matt Elliott et il se retourne, quitte son pupitre puis avance en ligne droite vers cette scène qu’il va occuper pour l’heure qui vient.

 Matt Elliot @ La Gare 25.03.12

Le géant de Bristol saisit sa guitare classique, s’assied seul au milieu de la scène et entame son set par « Dust Flesh and Bones », une chanson de plus de dix minutes (extraite de son magnifique dernier album « The Broken Man ») qui commence par de longs arpèges de guitare hispanisants et nous colle tout de suite dans l’ambiance du combat qui va avoir lieu devant nous (et auquel nous allons participer) : d’un côté, la poussière, la chair et les os, trois mots qui résument assez bien le climat des textes de Matt Elliott, et de l’autre cette guitare classique mélodieuse et aérée. La voix de Matt Elliott est sombre et profonde. Quasi spectrale. Aux arpèges initiaux s’en superposent d’autres, accompagnés de chœurs envoutants que Matt Elliott ajoute en cours de route au samples précédents (éclairant momentanément sa voix). Ce concert ne pouvait pas mieux commencer : l’intensité ne cesse de monter pendant « Dust Flesh and Bones », atteint son paroxysme à la toute fin et laisse la salle dans un silence de marbre pendant les quelques secondes qui précèdent les premiers applaudissements.

Matt Elliot @ La Gare 25.03.12

Quand il n’enchaîne pas les morceaux, histoire de faire redescendre un peu la tension, Matt Elliott les commence avec de nouveaux arpèges de guitare (dont on ne saura jamais s’ils ont été influencés par un flamenco triste ou un fado joyeux) puis sa voix toujours plus grave, toujours plus chargée d’émotion nous saisit à nouveau et nous emporte vers la douce obscurité de ses textes. Il nous offre un seul moment de répit, au milieu du set, avec un « I Put a Spell On You » nettement moins énervé que celui de Screamin’ Jay Hawkins et nettement plus lumineux que ses chansons à lui. La prestation de Matt Elliott de ce soir-là est la plus réussie de toutes celles que j’ai vues. Comme si l’ex Third Eye Foundation avait enfin trouvé l’équilibre parfait pour mêler la noirceur extrême de ses textes, à la profondeur de sa voix, et à ses mélodies planantes et (enfin) lumineuses. La quasi totalité des titres qu’il joue est extraite de son dernier LP : « The Broken Man ». Mais comme s’il était nécessaire d’illustrer cet équilibre, il nous quitte avec « Also Ran », dans une version beaucoup plus organique et beaucoup plus claire que sur « The Mess We Made », une version sur laquelle les « I will haunt you in your sleep… I will haunt you in your sleep » prennent toute leur ampleur.

Matt Elliot @ La Gare 25.03.12

Après une telle bouffée d’émotion, les membres de Dark Dark Dark devaient mettre les bouchées doubles pour réussir à nous extirper du spleen resplendissant de Matt Elliott et réussir à nous emporter dans leur univers pop-folk-jazz ! La mise en place est un peu plus longue que celle de leur prédécesseur. Il faut dire que contrairement à lui, ils débarquent en nombre (ils sont cinq) et avec une multitude d’instruments : Kristen Nona Marie Invie s’installe derrière un piano à queue (imposant pour cette « petite » salle), Walter McClements pose sa trompette et enfile son accordéon, Marshall LaCount fait de même avec sa clarinette et son banjo, tandis que le grand Adam Wozniak et le très barbu Mark Trecka s’installent respectivement à leurs basse et batterie.

Dark Dark Dark @ La Gare 25.03.12

La concentration semble être à son maximum, les visages sont fermés, et Nona Marie Invie se retrouve quasiment dos à la salle. Tout ça fait que, même si tout semble réglé comme du papier à musique (ça tombe bien !), la sauce a un peu de mal à prendre (enfin, en tout cas pour moi). Il faut attendre le 3e morceau, un « Something for Myself » plus planant que sur l’EP « Bright Bright Bright », pour que le concert ne commence vraiment à décoller. Nona Marie Invie quittera une fois son piano mais restera sur le côté de la scène (dans l’ombre), laissant la place centrale à Walter McClements, son accordéon et sa trompette. Le premier des deux titres pendant lesquels on voit enfin le visage de la chanteuse est un véritable slow (une nouvelle chanson ?) sur lequel la voix de Nona Marie Invie se fait plus crooneuse que jamais, mais aussi avec un accordéon et une batterie qui ne font pas dans la finesse.

Dark Dark Dark @ La Gare 25.03.12

Heureusement, tout revient en place avec le très beau « Wild Go » (le titre qui donne son nom au dernier album de Dark Dark Dark), ses envolées lyriques et sa construction plus recherchée, plus en adéquation avec ce qu’on aime chez ce groupe (la richesse des mélodies, des arrangements et des influences). Tout le monde est désormais complètement dans le concert. Suit un titre plus lent avec l’écho d’un banjo éthéré, une batterie lourde et légère à la fois, la voix de Nona Marie Invie qui (re)devient planante, et un accordéon qui essaime des nappes cotonneuses. Il faudra attendre la toute fin du concert pour entendre « Daydreamming » (le « tube »). Puis, pour finir en apothéose, Nona Marie Invie joue quasi seule au piano « Wild Goose Chase » et « Bright Bright Bright », deux morceaux qui prennent alors un éclat saisissant. Il aura fallu un peu de temps pour que la sensibilité des chansons de Dark Dark Dark nous attrape ce soir-là… mais une fois attrapé, nous ne pouvions plus nous enfuir.

 Dark Dark Dark @ La Gare 25.03.12

Merci à La Gare de Coustellet pour cette (encore) très belle soirée.

 

 

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