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Disques

Nick Cave and the Bad Seeds – Push the Sky Away

Nick Cave and The Bad Seeds - Push The Sky Away

Il est difficile de définir avec précision le parcours de Nick Cave tant celui-ci semble riche et étendu plus que tout autre. Depuis plus d’un quart de siècle le chanteur australien a vécu plusieurs vies (à Berlin, Sao Paulo, Brighton ou ailleurs) et conduit bien des expériences. Après avoir à ses débuts domestiqué l’énergie punk (« From Her to Eternity »), il a toujours su multiplier les exercices de haute voltige (« The Good Son », « Murder Ballads »,…), s’est au fil du temps approprié plusieurs styles musicaux et n’a eu de cesse de célébrer les noces improbables du rock et de la littérature. Avec une classe jamais démentie et un sens du collectif sans doute minoré.

 Faussement apaisé, ce quinzième album de Nick Cave and The Bad Seeds enregistré dans le sud de la France aux studios La Fabrique prend, comme souvent, le contre-pied de celui qui l’a précédé, l’inégal et énervé « Dig ! Lazarus, Dig !!! » qui ne comprenait qu’un seul titre lent. Autant le signifier d’entrée, l’Australien et son fidèle groupe nous offrent un nouveau sommet d’une discographie impressionnante, parfaitement digne de leurs plus beaux disques des années 90. Et s’il est un mot qui qualifierait bien ce que l’on ressent dès la première écoute, celui de climat conviendrait parfaitement. Souvent les cordes et l’orgue, mixés en retrait de la voix – superbe et indocile -, installent l’atmosphère de morceaux qui patiemment trouvent leur voie, entre l’apaisement et une tension toujours sous-jacente. Nick Cave n’a pas besoin, depuis longtemps déjà, de forcer les traits ou de rechercher la mélodie immédiatement accrocheuse, les crescendos puissants et autres ruptures électriques qui jadis faisaient sa marque de fabrique. En chef d’orchestre accompli, en chanteur absolu, il organise les flux instrumentaux, taillant et sculptant l’espace sonore comme jamais (« Water’s Edge », « We Real Cool »). Que les racines du blues soient convoquées (« Mermaids », « Higgs Boson Blues »), que les dissonances se mettent au service de la mélodie (« Jubilee Street »), cela importe peu. La somme des références apparaît inepte ici. Construit en toute liberté chacun des titres qui composent cet album semble jouir d’une vie propre, parfaitement fluide et organique. Et grand parmi les grands (Neil Young, Léonard Cohen) Nick ne fait plus référence qu’à ses œuvres du passé (« Mermaids » rappelle ainsi les ballades majestueuses de « The Good Son »), pour mieux les dépasser. Il faut l’entendre prononcer – avec toute l’expression du détachement, celle d’une vie consacrée à la musique – les mots qui referment l’album (« Some people / Say it’s just Rock’n Roll / Oh but it gets you / Right down to your soul ») pour être à la fois profondément ému et se dire que la mélancolie et le pouvoir de se réinventer sont infinis. « Push The Sky Away » est un chef d’oeuvre.

 

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