Loading...
Disques

Pete Astor – Songbox

Peter Astor - Songbox

Dans une Angleterre troublée où ce qu’il reste de l’industrie phonographique part en fumée – au sens propre comme au sens figuré – subsistent quelques irréductibles pour lesquels un album ne peut se concevoir qu’en tant qu’objet à part entière. Des objets à chérir, comme dans le cas de ceux que confectionne avec passion le précieux label Second Language, fondé par Glen Johnson de Piano Magic. La réception d’un petit colis soigneusement préparé et expédié d’outre-Manche par les tenanciers de la dite officine a réveillé chez moi de délicieux souvenirs d’un temps où l’attente fébrile d’un disque fantasmé et ardemment désiré pouvait facilement tourner à l’obsession.

Alors, certes, il faut bien se résoudre à accepter l’idée que nous sommes entrés au 21ème siècle. Que cet album, par le miracle de nouvelles technologies découvertes contraint et forcé, je le connaissais déjà par cœur, bien avant que le précieux sésame n’ait parcouru son chemin jusqu’à ma boîte aux lettres. Mais la beauté des chansons qui nous intéressent ici est telle qu’aucune nouvelle écoute ne semble capable d’en atténuer l’incroyable pouvoir de séduction. La définition même du fameux « disque de chevet » après lequel l’insatiable amateur de musique passe son temps à courir.

Ce disque, c’est celui d’un fringant quinquagénaire dont l’inspiration semble connaître une admirable seconde jeunesse. Celui qui, à l’aube des années 90, reprenait avec ferveur le mémorable « Take This Longing » de Leonard Cohen, atteint une sorte de plénitude qui place ses nouveaux travaux tout près des plus beaux accomplissements de l’illustre Canadien. Idéalement accompagné par le jeu économe mais bouleversant de justesse de quelques musiciens qui veulent eux aussi du bien à nos oreilles, l’ancien leader des Weather Prophets nous offre onze titres d’ores et déjà promis à l’éternité. Il serait terriblement injuste de n’en citer que quelques-uns, tant chacun trouve une place naturelle au sein de ce recueil délicatement teinté de nostalgie. Disons que s’il ne fallait garder qu’une chanson, et peut être aussi parce que c’est par elle que je suis entré dans ce disque déjà indispensable, ce serait « Tiny Town », authentique modèle d’écriture pop-folk à l’élégance toute britannique.

Désormais plus proche du storytelling typiquement insulaire d’un Ray Davies que de sa fascination initiale pour l’Amérique tourmentée de Lou Reed ou Tom Verlaine (idoles de sa jeunesse électrifiée), Pete Astor nous convie à une délicieuse visite de son jardin secret. Un lieu au charme un peu suranné, à l’écart des modes et des temps qui changent, où cet artiste discret mais plus que jamais essentiel prend le temps de cultiver avec passion certaines des plus belles compositions de son admirable carrière. Et même s’il est évident qu’aucune d’entre elles ne pourra prétendre changer le cours de la musique, il se pourrait bien qu’elles parviennent, en revanche, à adoucir quelques instants de nos vies.

One comment
Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *