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Disques

Santa Cruz – Elvis in Acapulco

Santa Cruz - Elvis in Acapulco

Il faudra un jour renoncer à se focaliser sur la provenance géographique de Santa Cruz. Parler de « meilleure formation americana de France » revient en effet à réduire la troupe rennaise à un rôle d’élève appliqué s’évertuant à mettre en musique sa fascination pour la culture alternative étasunienne. Loin de se limiter à retranscrire scolairement les tables de la loi édictées par leurs modèles d’outre-Atlantique (Lambchop, Neil Young, Sparklehorse…), nos amis ont réussi à imposer, à force d’albums et de prestations scéniques éclatants, une personnalité unique et indépendante, bien au-delà du paysage hexagonal. Consécutif au départ du membre fondateur Bruno Green, ce cinquième long format vient renforcer cette impression en dix chansons à la fois variées et totalement cohérentes.

On a d’abord découvert « Elvis in Acapulco » à travers un single édité par la petite structure bretonne Inmybed. Ce single, c’est « On My Way Back », complainte folk-rock sublimée par le timbre mélancolique de Pierre-Vital Gérard. Le genre de chanson dont les oreilles délicates ne sortent pas indemnes. Idéalement placée au centre du disque, cette composition en est le vrai joyau, et trône déjà fièrement parmi les plus belles choses qu’il nous sera donné d’entendre cette année. Mais au-delà de cette réussite majeure, les autres titres ne manquent cependant pas de relief : de l’introductive « Sesame Noodles », qui délocalise les arpèges délicats d’Elliott Smith au beau milieu du désert de l’Arizona, jusqu’au final « Great City of Devotion » propulsé très haut dans les airs par la six-cordes de Thomas Poli, Santa Cruz parvient à mettre en lumière chacune des facettes de son univers. On saluera une fois de plus un dosage savamment étudié, laissant à chaque instrument l’espace nécessaire à sa propre respiration (banjo sur « Unexpected Reactions », guitare électrique acide sur le morceau titre, piano et pedal steel sur « Ashes », ukulélé joué par Joseph Racaille sur « Walking in the Snow »…).

Morne actualité oblige, l’impression troublante de croiser le fantôme du regretté Jason Molina (Songs : Ohia, Magnolia Electric Co.) nous traverse à l’écoute du charbonneux « The Way It Is », autre sommet d’un album qui ne lésine pas sur les sensations fortes. Ceci pour donner une idée du niveau atteint ici par un groupe qui semble bien avoir trouvé sa formule idéale. Enfin, si Santa Cruz est clairement à ranger sous l’appellation « folk-rock », il existe bien chez eux une sensibilité mélodique ouvertement pop, comme le rappellent l’enlevée « You Never Know » ou « Walking in the Snow » et son refrain envoûtant. Deux titres qui, dans un monde idéal, prétendraient sans doute à des diffusions radiophoniques régulières. Ce fameux monde idéal n’existe pas, alors Santa Cruz a choisi de continuer à imaginer le sien. On ne les remerciera jamais assez de nous le faire partager.

Album en écoute sur Bandcamp.


Santa Cruz « On my way back » par Jo-River

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