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Disques

Programme – Mon cerveau dans ma bouche

PROGRAMME – Mon cerveau dans ma bouche
(Lithium)

PROGRAMME - Mon cerveau dans ma boucheAvant de se laisser aller sur cet ovni sonore, il faut rendre à César ce qui lui appartient. Sans Vincent Chauvier (l’homme derrière Lithium), pas de Programme. Il faut être passablement chtarbé pour mettre en avant un tel disque. 
"Mon cerveau dans ma bouche" de Programme est un pain dans la gueule. Pas musical, pas poétique, agaçant, dérangeant, déstabilisant, cet objet n’a rien d’agréable. On écoute ce disque comme on va voir un film d’horreur pour le plaisir du frisson et de l’angoisse, en comptant sur la fin heureuse pour éviter les cauchemars, mais ici il n’y a pas de fin heureuse et il y a plein de cauchemars. Ce disque est une vision noire et tordue de la réalité. En insistant sur ce qui le dégoûte dans le monde, Arnaud Michniak nous passe ce dégoût comme une maladie infectieuse. Ce disque est un bubon purulent, une plaie béante que la mise en scène sonore de Damien Bétous laisse à vif, les nerfs exposés, la douleur comme seule valeur.
Sur ce disque il n’est plus question de chant, oubliée la mélodie, le refrain est un concept depuis longtemps abandonné. Chaque morceau est un monologue bénéficiant d’un habillage sonore basé sur un mélange de samples, guitares et clavier, appuyant le sens des mots, appuyant là où ça fait mal. Les textes sont récités, façon « beat » comme Kerouac lit « Sur la route », d’une façon monotone et presque hypnotique, suivant un rythme immuable. Le dégoût et un fort sentiment de claustrophobie sont présents tout au long des 36 minutes du disque. Pas un instant de répit, la guitare vous scie les oreilles, le texte vous met mal à l’aise. Nous errons dans un univers glauque où le miséreux se partage l’espace avec l’infâme. Et pourtant tout cela est hypnotisant, comme cet accident de la route que l’on ne peut s’empêcher de regarder. « Tous les disques sont de la merde », celui-ci y compris mais dieu qu’il est bon de se rouler dans cette fange.
Et puis on laisse faire le temps et on réécoute le disque. Et on en voit les jointures, le modus operandi. Pour dénoncer ce monde artistique qu’ils abhorrent, les deux de Programme s’inscrivent dans ce même monde. Ovni sonore, ce disque est loin d’atteindre la perfection déroutante que les premières écoutes semblaient suggérer. Les textes supportent difficilement la réécoute et puis c’est bien beau de cracher et de vouloir tout casser, mais on a vu où le no-future des Pistols les a conduits (de reformation pathétique en discours ridicules). Il faudrait pouvoir proposer une alternative viable. Alors oui, ce disque est un pavé dans la mare, oui c’est un pain dans la gueule, mais en semant le doute et en ne proposant rien d’autre qu’un nihilisme froid, ce disque n’achève que la moitié de ses promesses. Il a le mérite de semer le doute et d’introduire un traitement sonore intéressant de la « chanson » française. Mais il n’atteint certainement pas les sommets où on l’attendait. Camp de base pour une future expédition, « Mon cerveau dans ma bouche » mérite l’exploration, mais seule la suite nous apprendra si Programme escalade le K2 ou juste le Mont d’Or.
Gildas

Demain
Le meilleur moyen pour y rester
Boomerang
La salle de jeux et la peur
Police du monde parodique
Le jour est le brouillon de la nuit
Des singes déboulent de partout et tabassent tout ce qui passe
Et après ?
Une rime en or
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