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Disques

The Nits – Wool

THE NITS – Wool
(Pias)

THE NITS - WoolUn nouvel album des Nits (dont on est fan depuis le double live « Urk »), c’est comme la livraison annuelle d’un film de Woody Allen : on ne s’attend pas à être radicalement dépaysé, mais on ne sait évidemment jamais quelle direction va prendre le nouvel opus et on espère être surpris, sinon bousculé dans nos habitudes. Tout le charme des Nits réside dans cette capacité à avoir un territoire musical extrêmement personnel (pour faire court : la perfection de l’art de la demi-teinte) que le groupe peut revisiter, faire évoluer, prolonger ou approfondir au gré des albums. « Wool » (quatorzième ou quinzième album quand même) répond parfaitement au cahier des charges : si on retrouve des éléments de la cartographie habituelle des Nits (« Jazz Bon Temps » pourrait venir de « Da Da Da », « Angel Of Happy Hour » rappelle la période « Giant Normal Dwarf »), on découvre quelques chemins pas encore défrichés par le groupe : on ignorait jusqu’ici que les Nits pouvaient être soul, par exemple (« The Wind, The Rain », les choeurs sur « 26A »). Ou ouvertement jazz (« Walking With Maria »). Ou trip-hop (« The Darling Stone »). Ou world (les cordes tout en arabesques de « Crime And Punishment »). Après l’effet de surprise (voire le mouvement réflexe de recul) on est assez content de ce mouvement d’ouverture qui confirme le goût des Hollandais pour des voyages musicaux jamais stériles. Mais attention : ne pas croire que les Nits se coulent de façon opportuniste dans le moule des styles musicaux cités. Malgré leur science de la texture musicale et leur sens aigu du détail, les Nits sont plutôt du côté du bricolage désintéressé et de l’artisanat que de la construction industrielle : les éléments d’emprunt au jazz et à la soul s’intègrent véritablement aux chansons, et même, paradoxalement, rehaussent plutôt un songwriting sobre, pudique et sincère, voisin de palier des meilleurs ouvrages de Leonard Cohen (« The Strawberry Girl ») ou Lou Reed (« Ivory Boy »). 
On connaît encore beaucoup de gens rétifs aux Nits, qui assimilent souvent la musique du groupe à une sorte de mainstream indie déphasé. Vraisemblablement, trop de subtilité distrait l’auditeur : il est vrai que des chansons irréprochables, une science des arrangements ahurissante, le refus du compromis avec toute médiocrité musicale, l’absence totale de cynisme ne sont pas très spectaculaires. Qu’importe ! Les Nits se sont depuis très longtemps échappés du plat pays des musiques médiocres.
Laurent Vaissière

Ivory Boy
Walking with Maria
26A (Clouds in the Sky)
The Darling Stone
Seven Green Parrots
Crime and Punishment
Angel of Happy Hour
The Wind, the Rain
Jazz Bon Temps
Swimming
The Strawberry Girl
Frog

 

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