BUCK 65 – Man Overboard
(Anticon, 2001)
La ville a beau être perdue au fin fond du Canada, en Nouvelle-Ecosse, Halifax est devenu ces dernières années le nouvel eldorado du hip hop, et Buck 65 en est sans doute le personnage le plus éminent, aux côtés de Sixtoo (avec qui il forme les Sebutones), de The Goods (Gordski et Kunga219) et de Josh Martinez pour citer les plus illustres. Actif en tant que MC, DJ et animateur radio depuis plus de dix ans, ça n’est qu’en 1999 que le single « The Centaur » (l’histoire d’un homme au sexe démesuré censé représenter l’état du hip hop) et l’album « Vertex » lui ont apporté un début de reconnaissance.
« Man Overboard » est le successeur de ce classique, le quatrième album de Buck en solo et sous ce pseudonyme et le premier chez Anticon, un label dont il est vraisemblablement la meilleure signature. La patte de la scène d’Halifax en général et de l’artiste en particulier s’y retrouvent sans faute : sur des instrus généralement lentes, en plusieurs mouvements et parsemées de scratches précis, s’installe la voix douce mais légèrement narquoise du rappeur, plus parlée que véritablement rappée. L’album, signé donc par un homme à la mer et dédié à sa mère récemment décédée (il évoque son cancer sur le titre 9), apparaît toutefois légèrement plus sage que son déjà très calme prédécesseur.
Composé uniquement de morceaux sans titre, à écouter d’un bloc, Man Overboard s’écarte encore plus de l’idée que le commun se fait du rap. A l’instar du Tharpa’s Transcript signé l’an dernier par son congénère Kunga219, Buck 65 livre une musique diaphane facilement comparable à celle d’un Hood, par exemple. Sans doute le meilleur album pour que les non-fans de hip hop découvrent le rap atypique et foisonnant d’Halifax.
Sylvain
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