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Disques

Archer Prewitt – Three

ARCHER PREWITT – Three
(Thrill Jockey / Discograph)

ARCHER PREWITT - THree La scène indépendante américaine compte à peu près autant de touche-à-tout géniaux (plus ou moins autoproclamés) que la côté ouest de psychanalystes (plus ou moins conventionnés). En digne représentant du genre sus-cité, Archer Prewitt cumule sur ce troisième opus solo les fonctions d’auteur-compositeur, chanteur, poly-instrumentiste, producteur, arrangeur, et même d’illustrateur (sa profession). Archer n’en est pas à son premier fait d’armes : co-fondateur, lors de son séjour à l' »art school » de Kansas City, des très post-rock Coctails, le trublion profite en 1991 de l’émigration du groupe vers Chicago pour intégrer le big band le plus débraillé du coin, The Sea and Cake. Et d’accumuler les collaborations prestigieuses, puisque ces dix dernières années l’ont vu prêter ses talents à des individus aussi recommandables qu’Edith Frost, Jim O’Rourke ou Will Oldham. La sobriété de l’intitulé atteste d’une volonté d’épure ; le biographe érige carrément le disque en manifeste de simplicité. On prévient. On demande presque pardon pour autant de candeur. Résultat : la première écoute laisse immanquablement à penser qu’en matière de concision et d’ingénuité, notre homme doit pour le moins revenir de loin. La pop de Prewitt est savante, pour ne pas dire touffue, et les quatorze titres de « Three » renferment à eux seuls suffisamment de séquences, breaks, tonalités, chœurs, et overdubs, pour alimenter trois albums entiers (trois mois de travail de retranscription ? trois ans de thèse de musicologie?). Outre les influences revendiquées par notre franc-tireur – les Beatles, Emitt Rhodes… -, un tel foisonnement appelle des comparaisons plus actuelles : Prewitt le prolifique évoque un peu Ben Folds, en moins virtuose, un peu Jason Falkner, en moins efficace… un peu les deux réunis, sans leur sens inné et irrésistible de la mélodie. Oui mais voilà, les petites faiblesses ont parfois leur attrait et certains disques suffisamment d’élégance pour qu’on ait envie de s’y reprendre à… trois fois. Et si la naïveté promise peine à se décliner en comptines, c’est pour mieux transparaître, précisément, dans l’alambiqué des compositions. Archer Prewitt veut bien faire, tellement bien faire, qu’il manque parfois sa cible. Tant et si bien qu’on peut légitimement douter qu’il parvienne jamais à emprunter les raccourcis plutôt que les itinéraires sinueux, à se départir de cette application maladive. Fort heureusement, et à défaut de persuader les oreilles trop pressées, l’inventivité et la hardiesse de « Three » raviront les amateurs de pop ouvragée et plus largement, tous ceux que les sympathiques agités du genre d’Archer attendrissent. On les espère nombreux.

Adonis Morusot

Over the line
Tear me all away
When I’m with you
Two can play
I’m coming over
Gifts of love
Second time trader
Atmosphere
Behind your sun
No defense
Another day
Sister Ice
The race
The day to day

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