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L’Altra – Interview

L’ALTRA

L’année qui vient de s’écouler fut celle de la découverte en France pour L’Altra : distribution de leur discographie, deuxième album plébiscité et premier concert parisien. "In The Afternoon" figure donc en bonne place dans les référendums de fin d’année et il est temps de revenir sur cette petite interview accordée par les auteurs de cette merveille au lendemain de leur concert automnal au Nouveau Casino. Lindsay, Eben et Joseph version "In The Morning" en quelque sorte.

Le groupe s’est formé par l’entremise d’une petite annonce déposée dans un magasin de disques…
Joseph : Oui, la petite annonce, en quelque sorte… mais en fait, Lindsay et moi, nous nous connaissions depuis une douzaine d’années. Nous avions toujours envisagé de faire de la musique ensemble. En fait, la moitié du groupe était déjà en place. Quand nous avons déménagé tous les deux pour Chicago, nous avons rencontré Eben et Ken, via un flyer, effectivement.

Quel était votre passé, musicalement parlant ?
J’ai joué dans des groupes presque pendant toute ma vie, depuis que j’étais au collège, en répétant dans le garage de mes parents… mais L’Altra, c’est en quelque sorte le premier projet sérieux dans lequel je suis impliqué.
Eben : je viens d’un contexte plus rock, je suis venu à Chicago pour jouer avec mon autre groupe, Del Rey.

Comment vous est venue l’idée d’ouvrir et de refermer "Music of a Sinking Occasion" par deux morceaux instrumentaux très différents du reste de l’album ?
Joseph : Le but, c’était de mettre l’album entre parenthèses, de l’isoler du reste du monde grâce à ces deux morceaux, pour tenter d’en faire une expérience à part.

Quels sont les thèmes qui inspirent vos paroles ? vous chantez souvent à deux voix, écrivez vous les paroles ensemble ?
Toutes les chansons d’un album en particulier sont écrites à peu près à la même période donc tournent toutes autour des mêmes thèmes. Nous écrivons chacun nos paroles de notre côté, avec Lindsay.
Lindsay : il y a une sorte de discussion entre nous deux qui se met en place lors de l’écriture des paroles.

Vous êtes tous impliqués dans de nombreux projets… comment trouvez-vous le temps de gérer tout cela ?
Joseph : mon seul projet à part L’Altra est que je travaille dans les arts graphiques. C’est assez difficile de faire de longues tournées et de concilier mes autres activités. Mais ces deux-là sont bien plus débordés que moi.
Eben ; comme je le disais, je joue dans un autre groupe, Del Rey. Tout cela me prend beaucoup de temps, c’est dur d’avoir d’autres activités à côté.
Lindsay : moi je ne regarde pas la télé… ça me fait gagner beaucoup de temps.

Les deux albums ont deux visuels réalisées par Joseph très réussis qui concourt à donner à l’auditeur une première impression assez forte de ce qui les attendaient.
Joseph : l’idée que nous partageons, c’est de ne pas faire un disque qui soit juste un bout de plastique avec quelques chansons dessus. Nous voulons quelque chose d’unifié, sans parent pauvre. Tout est important : l’artwork, les chansons. L’album doit être envisagé comme un tout.

Vos albums semblent être le résultat d’un travail de studio très fin. Comment votre musique se transpose-t-elle sur scène ?
Eben : en fait, c’est l’inverse : nos morceaux sont d’abord bâtis live et ensuite nous en faisons un disque. Le processus d’enregistrement modifie les chansons mais nous ne nous arrêtons jamais en plein enregistrement pour nous demander "serons-nous capables de reproduire cela en concert ?". Nous laissons libre court à nos envies en studio. Et pour la scène, nous arrivons toujours à retomber sur nos pattes car les morceaux ont commencé leurs vies joués live en groupe. Effectivement, nous aimerions souvent pouvoir rajouter un ou deux éléments de ci de là qui sont sur les disques et dont nous ne disposons pas sur scène.
Joseph : ce sont deux choses très différentes, séparées, il peut y avoir un guitariste en plus, un effet en moins, mais dans les deux cas, l’essence et l’émotion de la chanson demeurent les mêmes. C’est cela que nous gardons à l’esprit sur scène. Enregistrer en studio est une occasion d’inviter un ami qui joue du violoncelle à venir jouer par exemple, et sur scène c’est différent.

Votre son sur scène s’appuie beaucoup plus sur les guitares que sur disque. De manière surprenante, j’ai parfois pensé à certains vieux morceaux lives de The Cure, dans ta façon d’utiliser les accords, la reverb… qu’en penses-tu ?
Vraiment ? j’ai passé pas mal de temps à écouter Cure quand j’étais plus jeune, je le prends comme compliment !
Lindsay : pendant notre tournée estivale, nous écoutions Cure pendant les voyages, nous les avons redécouverts à cette occasion.
Joseph : cela vient peut-être aussi de Marc, notre nouveau guitariste, il fait un peu tout ce qu’il veut.
Eben ; il utilise beaucoup d’effets, cela donne un côté plus psychédélique…
Lindsay : un côté shoegazer…
Eben : c’est la première tournée que nous faisons dans cette configuration. Cela a pris du temps à mettre en place mais nous sommes très contents maintenant.
Joseph : quand nous étions à Genève, il y a quelques semaines, quelqu’un nous a donné un CD de notre précédent concert au même endroit deux années auparavant. Donc on a pu comparer nos concerts entre maintenant et cette époque-là. Et nous sommes très contents de notre son live actuel.
Lindsay : les choses sont mieux définies. Il y a encore un an, nos introductions et nos fins de morceaux étaient très relachées. Nous exprimions déjà les mêmes émotions, les mêmes sentiments, mais je pense que nous le faisons mieux maintenant.
Joseph : c’est aussi très difficile d’arriver dans un club rock et d’essayer de jouer ces petites chansons délicates. Les gens parlent pendant notre concert. Nous essayons davantage de nous adopter à la configuration de l’endroit.

Il vous est arrivé de jouer avec des groupes beaucoup plus bruyants pendant cette tournée…
Oui, cela a été un problème parfois ! Je pense que Pulseprogramming et L’Altra vont très bien ensemble, mais à quelques occasions nous avons dû jouer avec des groupes très bruyants, et ils ont accepté de jouer après nous, donc tout s’est bien passé, il y avait une sorte de progression.

Quels sont les enseignements que vous avez pu tirer de ces six premières semaines de tournée ? vous avez découvert l’Europe, la musique européenne, fait des rencontres ?
Eben : beaucoup de gens sont venus nous voir.
Joseph : nous avons rencontré beaucoup de gens passionnés de musique, c’est vraiment merveilleux pour nous de venir de Chicago jouer ici notre musique.

Quand vous allez rentrer à Chicago, quels sont vos projets ? Allez-vous déjà vous atteler à un troisième album ?
Oui, nous en parlons déjà. Il y aura un troisième album, probablement à l’automne.

propos recueillis par Guillaume
Merci à Joyce

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