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Disques

Abstrackt Keal Agram – Cluster Ville

ABSTRACKT KEAL AGRAM – Cluster Ville
(Gooom Disques / Chronowax)

ABSTRACKT KEAL AGRAM - Cluster VilleQuelques notes de flûte, douces et insistantes, un temps interrompues par un compte à rebours synthétique, puis reprises et soutenues par une rythmique électro discrète et le disque commence, installant une atmosphère crépusculaire, entre chien et loup, à l’image de sa pochette. Dès le morceau d’introduction, le groupe Abstrackt Keal Agram rappelle sa maîtrise des musiques instrumentales, dans une version, rarement tentée en France, rarement avec cette qualité, d’abstract hip hop aux vues larges : il a beau récuser ce terme, invoquer des influences multiples (DJ Shadow mais aussi Prefuse 73 ou Sonic Youth), sa musique et son nom parlent vraiment contre lui, et le mot lui sied alors comme un compliment. Ni austère, ni prétentieuse, sa musique a bien des lettres de noblesse. Après un premier album paru chez Monopsone, c’est finalement au sein de l’écurie Gooom que Lionel et Tanguy, les deux membres fondateurs, sont allés poursuivre leurs expérimentations : non contents de travailler la matière sonore la plus brute, comme sur le collage "Brouillard", qui brode les motifs les plus variés (klaxons, claquements de talons, fredonnement, bidouillages archaïques), sur une trame de harpe ou d’orgue électronique, morceau qui n’aurait pas déparé le dernier Aphex Twin, nos petits malins continuent d’explorer les climats les plus divers sur des plages tour à tour riches et minimalistes, dans un traitement des sons précis et subtil (dans ce genre, ma préférence va vers "Pièce", "A.C." ou "Petersbourg") et se confrontent pour la première fois à la crudité des mots : en l’occurrence deux exercices rap, servis par des invités de luxe (Atoms Family – Def Jux Crew – sur "Mata Hari", James Delleck et La Caution sur "L’oreille droite"). Le décalage entre le cocon sonore et la verdeur du flow, parfois adouci par le jeu des sonorités ou le coq-à-l’âne surréaliste, choque encore un peu l’oreille, mais c’est là une direction que le groupe paraît vouloir emprunter avec résolution, et l’on peut supposer que les propositions à venir seront plus convaincantes. Apparemment oublieux de ses digressions multiples, le disque s’achève sur une mélodie de piano parasitée, triste et belle, qui invite enfin l’auditeur à entrer dans l’épaisseur de la nuit. On ne sait à quoi ressemblent les rêves qui l’habitent.

David

Del
Pièce
Brouillard
Mata Hari
Del
Pièce
Brouillard
Mata Hari
A.C.
Audio Crash
Petersbourg
L’oreille droite
Jason Lytle
Nietzsche

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