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Disques

Acuarela Songs Volume 2

V/A – Acuarela songs 2
(Acuarela / Poplane)

V/A - Acuarela songs 2Le retour de l’étrange projet Acuarela : pour célébrer son neuvième anniversaire d’activités, le label ouvre une nouvelle tribune libre à l’ensemble des artistes qui ont bien voulu, à cette occasion, lui rendre hommage en offrant une chanson dont le thème (explicite ou non) est la couleur d’eau ou aquarelle (acuarela, watercoulour, Wasserfarbe, etc.). À la parution du premier double volume en novembre 2001, le rédacteur de POPnews qui s’était dévoué avait trouvé, malgré l’épice de quelques aromates bien choisis, la recette un peu lourde et appelait de ses vœux un certain allègement de la nouvelle mouture. Je suis au regret de lui apprendre que la réponse est triple.
Tres repetita ? Heureusement, pas tout à fait. L’ensemble, quoique fort long, ménage l’entrée en scène d’artistes majeurs (L’Altra, Migala, Dominique A, Manta Ray, Lee Ranaldo ou encore Sr. Chinarro) qui redonnent chacun un certain lustre au projet. Mais les vraies surprises ne sont pas à chercher systématiquement de ce côté non plus…

Sur le premier cd, mon préféré, les français Natural Snow Buildings et Man se distinguent aisément par des instrumentaux de toute beauté : chez les premiers, guitares et violoncelle se répondent en un lent mouvement voluptueux et mélancolique, le second tresse sur une guitare espagnole les arpèges d’une jolie sérénade andalouse, harmonies qui suffisent à elles seules à éveiller couleurs et parfums, rendant les mots tout à fait inutiles. Les amateurs de chansons, de la pop cristalline au folk, ne sont cependant pas en reste : la formation Diariu (composée d’un Migala et de la chanteuse de Mus) propose « Imaxe accidental », une sobre folk-song empreinte de tristesse et de douceur, Jack combine guitare grâcile, couplet pop et écart expérimental, Amor (séparé de sa moitié musicale Belhom) rattrape son écart du volume 1, et l’Altra, enfin et tout de même, relit avec grâce une vignette signée Donovan (« Colours »). Ailleurs, le groupe Migala livre la prestation sombre et complexe qu’on attend de lui, vite dépassé sur son terrain par la sourde violence du quatuor bostonien Victory at Sea, sur le morceau duquel, « heavy hands », la voix impressionnante de Mona Elliott emporte tout sur son passage. Personne, pas même le batteur, n’a alors la main lourde.

Le second disque est un peu, à mon avis, celui de l’enlisement, non pas que les diverses propositions soient en elles-mêmes inintéressantes mais elles se succèdent avec une certaine monotonie et quelques baisses de régime. Prenons Manta Ray par exemple, excellente entrée en matière, tendue et saillante, jusqu’à ce que la voix, un peu traîne-misère, ne rapplique et n’alourdisse le morceau (six minutes, cela semble alors bien long). Idem pour l’estimable Dominique A : sur une partition plutôt expérimentale, la voix se pose comme aux jours de « La Fossette », pour un propos pourtant un peu sinueux, qui ne trouble pas l’étrangeté du morceau mais ne l’enrichit pas non plus. On peut leur préférer le rock bien trempé de Polar (« A Cup of Coffee »), le country rock des Strugglers (« Noun to Noun », guitares nonchalantes, voix gouailleuse, nasale et pleine de sanglots, tout comme il faut), celui de Grupo Salvaje, ou encore la pop atmosphérique de P:ano, mais curieusement, dans la succession, leurs couleurs musicales ont plus tendance à s’estomper les unes les autres qu’à se renforcer ; c’est peut-être bien là l’effet d’aquarelle recherché mais on n’est pas sûr alors qu’il soit volontaire ni heureux. Encre, Mus ou Guimo ajoutent quelques jolies nuances sombres et mordorées en fin de parcours sans vraiment bouleverser la composition du tableau.

En revanche, on peut tout attendre du troisième disque, qui commence par un instrumental particulièrement angoissant et inspiré de Lee Ranaldo (sirènes, pales d’hélicoptère, grincements suspects, tout une quincaillerie de l’étrange est à l’œuvre, le propos musical se situant bien au-delà des formats habituels du rock bruitiste), et se poursuit par le rock languide et douloureux des américains de The Potomac Accord : leur « Field Song » décrit autant un paysage intérieur désolé que la confrontation de l’âme qui l’habite aux aspérités du monde. Le romantisme n’est pas mort, caramba!. L’Altra ne le dément en rien avec un second morceau, « Blanco » qui joue d’un mélange discret d’accompagnement électro (ryhtmiques) et acoustique (harpe) pour un joli duo en langue espagnole. À côté de ces perles très pures, le blues de Don Nino, la dark pop de The Sophie Drinker, la technopop de Refree jettent des éclats plus incertains sans franchement ternir l’écoute, car le disque se montre ici d’une très grande variété de styles et l’attention n’en pâtit pas. Il faut pourtant attendre Sr. Chinarro et Timesbold pour renouer avec une veine plus étrange. Mais c’est le merveilleux « Almost Every Dog », rock western multidimensionnel de Transmissionary Six qui relance le propos au niveau des premiers morceaux, avant que le collage élégant de Ursula (samplers de Migala, Jr, Sr. Chinarro, Emak Bakia, Mus et encore Viva Las Vegas) ne vienne proposer une habile conclusion au propos d’ensemble. Le troisième disque s’avère donc le plus accidenté et peut-être le plus passionnant des trois, le premier le plus uni, égal et touchant, chacun encadrant de ses fastes la partie centrale, plus terne, moins attrayante. L’ensemble se révèle une bien plus grande réussite que le premier volume d’Acuarela Songs et rappelle au passage quelques vérités bien senties : 1) l’excellence des formations espagnoles, encore trop peu connues, et qui, chose rare dans un univers musical atomisé, semblent former un véritable mouvement cohérent et divers, 2) la richesse et la grandeur de l’underground américain, enraciné autant dans les traditions musicales les plus terriennes (blues, country, folk) que dans le macadam new-yorkais, 3) l’exception française, toujours gagnante là où ne l’attend pas, décrochant ici ou là quelques accessits remarqués. Tant pis pour les autres, ils se contenteront des restes.

David

CD 1
Windsor for the Derby : Logic and Surprise
Thalia Zedek : Never that Mean
Natural Snow Buildings : With the rest of Colors I Succeed to Keep
Experience : Ali Diallo
Jack : Cloured Water
Diariu : Imaxe accidental (en cande)
L’Altra : Colours
Amor : Get Me « A »
Migala : Epìlogo para acuarela
Man : Collision
Victory at Sea : Heavy Hands
James William Hindle : Talkin’ Watercolour Blues
Jacques : Portrait of a Teacher

CD 2
Manta Ray : Monocromo
27 : One More Tomorrow
Bitter Springs : Wasserfarbe
Dominique A : Couleur d’Eau
The Zephyrs : Make Me Lonely
Polar : A Cup of Coffee
The Strugglers : Noun to Noun
P:ano : Oh Them, They died
Grupo Salvaje : Watercolor Summer
Encre : A Live Ode to Hard Drive Chamber Music
Mus : El Naval (demo)
Lisabö : Ur Margoa
Guimo : Water House

CD 3
Lee Ranaldo : Demons Music Part 3 (Nicolas Fucks Liza)
The Potomac Accord : The Field Song
Anamude : Confetti in the Sea
L’Altra : Blanco
Green Apple Sea : Watercolour City
Don Nino : Paint Me in Watercolours
The Sophie Drinker : What Is the Image ?
Refree : Contra
Vitesse : Reflecting Pools
Sr. Chinarro : El single chiquichancla
Timesbold : Watercolour
Transmissionary Six : Almost Every Dog
Ursula : Siempre vas a disfrutar mucho con Acuarela

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