ELUDEA – Siren
(Kordula Records)
Il existe des disques dont on tombe sous le charme dès la première écoute, dont on sait immédiatement qu’on n’aura de cesse d’en apprécier les charmes. Chez Eludea, c’est avant tout la voix qui ensorcèle ; une voix qu’on a envie de prendre dans ses mains et d’embrasser. Hannah Bristow, sa propriétaire, sorte de Perry Blake féminin, donne parfois dans le registre soul mais n’évitera pourtant pas la comparaison avec Beth Gibbons (Portishead). A l’évidence, le titre de cet album n’a pas été choisi au hasard tant il est vrai que, semblable au son cristallin produit par le passage délicat d’un doigt mouillé sur le bord d’un verre, ce chant évoque celui d’une naïade des mers. Ondulante et insaisissable, évoluant avec aisance au sein de compositions à géométrie variable, cette femme parvient sans peine à nous attirer dans les filets de ses vocalises et à nous donner envie d’y rester pour toujours.
Servis à plusieurs occasions par une batterie très en verve et entêtante, les morceaux sont portés aux nues par un envoûtant mélange entre cette voix et des instruments variant les thèmes et laissant découvrir de nombreuses subtilités électroniques lorsque certains d’entre eux se retirent, un peu comme la brume dévoile les détails insoupçonnés d’une campagne verdoyante.
Originaire de Bristol et souvent orientée trip-hop, la musique d’Eludea rappelle indéniablement Portishead. Il serait toutefois injuste de vouloir réduire leur musique à une simple comparaison, dont le seul intérêt est de fournir des points de repère, tant les titres de "Siren" sont variés.
Adepte des compositions claires et aérées, le groupe prend tout de même un plaisir certain à durcir le ton et à jouer des guitares, tout en se révélant très à l’aise dans un jazz chaud, distillé notamment par une trompette à la Miles Davis tout droit sortie d’"Ascenseur Pour l’Echafaud". Un violon, tantôt majestueux, tantôt tourmenté, accompagne quelques morceaux, donnant par exemple à "Riva", sorte de conversation intimiste entre Hannah Bristow et un piano en apesanteur, la touche finale à cette petite merveille.
C’est la subtilité qu’Eludea poursuit sans relâche, préférant susciter le désir plutôt que son assouvissement, la curiosité davantage que sa satisfaction.
Fred
Taking Me Over
Run
Blue Sky
Listen
Riva
Laughing Stock
I Cry You Cry
Abstracted
Blue To A Scene
Blista
Enzyme