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Disques

Lisa Germano – Lullaby for Liquid Pig

LISA GERMANO – Lullaby for Liquid Pig
(iMusic / PIAS)

C’est, semble-t-il, une spécialité américaine : le disque confessionnal, qui voit un chanteur ou une chanteuse, parfois avec le renfort d’un groupe, se repentir de ses péchés. Il/Elle a pris des drogues, trahi ses amis, un peu trop aimé son reflet dans le miroir aux alouettes, etc. Si elle part généralement d’un bon sentiment, cette purge intime ne donne pas forcément de bonnes chansons à l’arrivée. Lisa Germano, qui n’a cessé à longueur d’album de retourner le couteau dans ses plaies, pourrait être considérée comme une championne du genre. Ce qui la distingue du lot, toutefois, c’est qu’elle est avant tout une musicienne. L’Italo-Américaine fut même une violoniste de session réputée avant de voler de ses propres ailes. Chez elle, le fond (du gouffre) n’a jamais éclipsé la forme, témoignant toujours d’un soin extrême apporté aux arrangements, aux timbres, aux textures… sans pour autant tomber dans une obsession décorative. De ce point de vue, "Lullaby for the liquid pig" apparaît comme l’aboutissement de sa démarche. Aidée par des musiciens amis triés sur le volet (Joey Waronker, Johnny Marr, Neil Finn, Butch, le batteur de Eels), Lisa Germano a enregistré un album concis – douze morceaux en 36 minutes et autant de secondes -, aussi impressionnant dans son ensemble que dans ses détails.
Souvent construites sur des structures similaires, dominées par un piano "traité", les chansons s’enchaînent et donnent l’impression d’une suite, d’une plongée doucement cathartique dans une psyché troublée. Il y est question d’alcool (le "cochon liquide" présent dans les titres de l’album et de deux chansons serait-il Lisa elle-même ?), d’isolement, de mensonge et d’autres addictions – que la répétition obsessionnelle de phrases dans certains morceaux semble symboliser. Seules les deux dernières chansons viennent apporter un peu de lumière et d’espoir dans cet univers toujours sombre. Mais si Lisa Germano se met à nu, elle se cache derrière des rideaux de gaze et de tulle plus ouvragés que jamais. Très en avant, sa voix frémissante semble suspendue dans le vide – à l’image de la pochette -, flottant au-dessus d’un bain d’écho et de réverb’. Des motifs de piano, des réminiscences de musiques folkloriques apparaissent ci et là avant de s’éclipser, comme des fantômes, finalement apaisants. A l’instar du dernier Cat Power (peut-être la chanteuse dont Lisa Germano se rapproche le plus), "Lullaby…" est un disque qui happe, aussi émouvant qu’accompli.

Vincent

Nobody’s playing
Paper doll
Liquid pig
Pearls
Candy
Dream glasses off
From a shell
It’s party time
All the pretty lies
Lullaby for liquid pig
Into the night
…to dream

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