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Disques

Delicate Awol – Heart drops from the great space

DELICATE AWOL – Heart drops from the great space
(Fire Records)

THE CHRIS DANFORTHS - Outside of Outer SpaceUne nappe de synthé vite martelée par une basse funk martiale, un sentiment d’inquiétude rampant à mesure que la structure du morceau "Here Come The Armed Guards" se développe au gré de turbulences sonores diverses (des bribes de paroles, des syncopes, des sons concrets, l’incursion d’une guitare blues et de quelques notes de flûte), des changements de direction dans la composition : bienvenue chez Delicate Awol ! Univers sonore non identifié, mélange incertain d’incandescence free-jazz et de délicatesse pop. Lave et éther. Le rougeoiement des guitares et du saxophone, la blancheur de la voix de Caroline Ross. Nous sommes quelque part entre Tortoise et Stereolab, c’est-à-dire nulle part, en tout cas bien loin des territoires arpentés par le tout-venant de la musique pop, ce groupe ayant décidé de porter ses ambitions dans la stratosphère. Il a pourtant quelques attaches avec notre terre ferme, un passé londonien et un premier disque ("Our Genome"), des amitiés recommandables (Mark Beazley de Rothko) et il paraît même qu’on peut croiser ses membres sur certaines scènes européennes où ils côtoient Guns’n Roses et Rinôcérôse (oui, je sais, aucun rapport avec rien, mais qu’importe). Enfin, de là à comprendre comment il est parvenu à cet équilibre insensé entre abstraction et incarnation, atonalité et harmonies vocales, folie et mesure, il y a un pas que je suis bien en peine de franchir. Heureusement, ces musiciens ne jouent pas avec les nerfs de l’auditeur, ne cherchant pas à le perdre dans leur labyrinthe ou -pire- à le laisser à la porte : les compositions se succèdent dans une alternance bienvenue de tension et d’accalmie, les compositions ne sont qu’en apparence déconstruites, chacune des écoutes permettant de mieux saisir la cohérence de cet univers, et l’on y trouve même une perle pop, certes érudite et complexe, mais néanmoins évidente de fraîcheur ("Chance Thought at Flannel Port") ainsi qu’un morceau ambient particulièrement réussi en clôture ("Body of Pain") qui, à lui seul, renvoie tous les sorciers de l’electronica et du post-rock dans leur bac à sable. Le disque qui devrait réconcilier les amateurs de Schönberg, de Miles Davis et de Radiohead. Pas moins.

David

Here Come The Armed Guards
Time and Motion Studies Deep Underground
The Rolling Year
That Terminal’s Down
Oklahoma Bombs
Heart Drops From The Great Space
For The Afternoon
Chance Thought at Flannel Port
She Looked All Dug-up Lately
Body of Pain

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