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Disques

Eyedea – The Many Faces of Oliver Hart

EYEDEA – The Many Faces of Oliver Hart
(Rhymesayers Entertainment)

EYEDEA - The Many Faces of Oliver Hart Slug est mort, Slug n’a plus rien à dire. Chaque nouvel Atmosphere depuis le classique Overcast! est une déception. Et finalement, nous nous sommes faits à ce que ce dieu-le-père du rap indé soit devenu mauvais, ou tout du moins bien moins intéressant qu’en 97. Cependant il nous reste Eyedea, son successeur, son dauphin presque, en tout cas le meilleur et de loin des dizaines de Slug-like qui peuplent le Mid West. The Many Faces of Oliver Hart est son deuxième album, sorti il y a deux ans déjà (mais qui nous en voudra de chroniquer en retard un disque jamais distribué en France ?), peu de temps après un First Born cosigné par DJ Abilities et globalement très moyen malgré quelques titres d’anthologie (« Read Wiped in Blue »).

La voix, le timbre sont différents, mais Eyedea creuse la même veine que Slug, il la prolonge. Même compromis entre fragilité et virulence, mêmes accroches, même style intime. Malheureusement aussi, même propension que Slug à travailler avec des beatmakers 1000 fois moins talentueux que lui, mais qu’importe. En bon emcee, l’auteur s’accommode de sons parfois banals, son rap les enjolive. Eyedea maîtrise toutes les arcanes du emceeing, égo-trip décalé (« Weird Side »), style battle (« Just a Reminder ») ou titres profondément introspectifs (« Soundtrack of a Romance »). Mais c’est la saynète, l’historiette, l’art du storytelling qui sur ce disque lui réussit le mieux. Il s’en sert avec adresse, autant pour illustrer un rap cinglant (sur « How Much Do you Pay? », le narrateur lutte contre l’évidence qu’un vieux marginal lui assène : « Make money and die, that’s the American way ») qu’avec un titre touchant qu’un réel talent d’écriture sait tenir à l’abri d’un pathos trop lourdingue (« Bottle Dreams » ou les vains appels à l’aide d’une enfant incestueuse, on vous laisse découvrir la fin).

Eyedea se défend de faire une oeuvre autobiographique (« These songs ain’t me, they’re just documentations of momentary thoughts », précise-t-il d’entrée), le titre du disque n’est lui-même qu’un trompe l’oeil (Oliver Hart n’est qu’un nouvel alter ego, le vrai nom d’Eyedea est Mike Averill), néanmoins ses titres portent, ils ont de l’épaisseur. Passé au premier plan et quasi en solo, il réussit sur ce second album ce qu’il avait en grande partie raté sur First Born. The Many Faces of Oliver Hart est le grand disque rap presque oublié de l’année 2002. Espérons maintenant, à quelques semaines de la sortie d’un nouvel Eyedea & Abilities, qu’Oliver Hart ne connaisse jamais le sort de son prédécesseur, qu’il ne devienne jamais prisonnier d’un statut, d’une image, prisonnier du hip hop, ou prisonnier de producteurs qui peineraient à le suivre.

Sylvain

Disponible sur Waxexpress.

The Many Faces of Oliver Hart
Weird Side
Song About a Song
How Much Do you Pay?
On a Clear Day
Walking
Step by Step
Prelude to Coaches
Coaches (feat. Carnage)
Bottle Dreams
Soundtrack of a Romance
Just a Reminder
Infrared Roses
My Day at the Brain Factory
Ode to the Wall
Here for You
Motormouths Anonymous
Forget Me (feat. Slug)
How Eye One the Write too Think

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