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Festivals

La Route du Rock – Édition 2004 : Mojave 3, CocoRosie, Velma, Phoenix, TV on the Radio, Air, Laura Veirs, Nouvelle Vague, Fennesz, Murcof, Blonde Redhead



LA ROUTE DU ROCK 2004Malgré une météo qui s’annonçait incertaine, la programmation de la quatorzième Route du Rock, des plus prometteuses, incitait fortement à faire le déplacement en Bretagne : découvertes, petits nouveaux attendus, groupes connus mais rares, pas de poids lourds têtes à claques style la Travis et à la Muse (même si Air et Dyonisos…), et des initiatives qui commencent à pleinement porter leurs fruits comme les concerts au Palais du Grand Large et les DJ sets à la plage. Le tout, comme d’habitude, dans une ambiance bon enfant (quoique peut-être globalement plus éthylique que les années précédentes – mais ce n’est qu’une impressioon). En dépit d’une dernière soirée quelque peu gâchée par les intempéries, globalement, un bon cru(e), sur lequel reviennent nos envoyés spéciaux.

Premier jour :

Pour ce début de festival, la lumineuse rotonde du Palais du Grand Large a fait le plein et il faut se faufiler pour apercevoir de loin, en contre-jour, le minois des deux frangines composant CocoRosie. Je suis par contre assez proche d’un drôle de garçon, mal rasé, blouson de cuir, lunettes de soleil, qui s’agite nerveusement pour entrevoir la scène. Tiens, c’est Devendra Banhart. Le concert est déjà commencé et la magie fonctionne. Peut-être même mieux que sur disque, car de visu, les bricolages sonores à base de mélodica, de jouets, de claviers, de guitare ou de harpe des deux soeurs ne semblent ni arty ni artificiels. Le mélange de leurs deux voix, à tendance lyrique pour l’une, de crécelle pour l’autre, donne des résultants épatants. Les deux ensemble, c’est très bien, séparément, sur certains morceaux, ce n’est pas mal non plus, même si j’avoue préférer la crécelle à la lyrique. Le meilleur morceau de « La maison de mon rêve », « Good Friday », semble parti pour clôturer le concert, quand Bianca et Sierra convient un certain Jacky à les rejoindre sur scène. Jacky ressemble étrangement à Devendra Banhart et vient assurer quelques choeurs. Le folk trafiqué des soeurs Cassidy est maintenant censé laisser la place au post-rock des Suisses de Velma.

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Mais l’accoutrement des garçons présents sur scène évoque plutôt les Deschiens… Le guitariste nous apostrophe longuement de multiples « Are you ready? » puis le groupe, après nous avoir sommé de nous lever – ce n’est pas plus mal, au passage – se lance dans un bref morceau punk-hardcore furibard qui s’arrête aussi brusquement qu’il avait commencé. Puis c’est le silence. Cinq longues minutes pendant lesquelles les membres du groupe nous regardent sans bouger ni piper mot, malgré les vannes du public. Après cette bonne entrée en matière, la musique du groupe déferle, post rock répétitif à la rythmique quasi robotique, chant haché et épileptique, intensité croissant lentement au fil des morceaux. A part ce rouleau compresseur sonore revêche mais séduisant, il faut noter derrière le groupe la performance d’un « projectionniste » s’agitant sur une plateforme, qui passe son temps à rafistoler ses appareils et à prendre d’hypothétiques notes, maintenant le long du concert le côté décalé de son introduction.

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Après cet apéritif musical plutôt alléchant, direction Saint-Père donc, pour le début des hostilités dans le cadre désormais incontournable du Fort. A peine le temps d’investir les lieux et de jeter un rapide coup d’œil aux nombreux stands (où les labels indé hexagonaux se taillent la part du lion) que Now It’s Overhead déboule sur scène. Composé d’un membre des sous estimés Bright Eyes (Andy Le master et sa gueule d’angelot tombé du ciel) et des charmantes Maria Taylor et Orenda Fink de Azure Ray (absentes pour l’occasion, enregistrement du nouvel album d’Azure Ray oblige, et remplacées au pied levé par deux autres musiciens), Now It’s Overhead délivre un show classique mais impeccable. Le son est parfait, et les compos, oscillant entre rock tendu et pop mélancolique, soutenues par une section rythmique remarquable de retenue et d’efficacité, font merveille. Une très bonne surprise donc, que la découverte de ce groupe sur scène.

Après un changement de plateau un peu longuet (une constante durant la majeure partie du festival), c’est au tour du Beta Band d’investir la scène. A l’image de leur dernier album, assez décevant, le concert du combo écossais ne tiendra pas toutes ses promesses. Annoncé comme la dernière date française du groupe avant une séparation désormais officielle, on était en effet en droit d’attendre un peu plus du turbulent quartet que ce show en pilotage automatique qui ne décollera vraiment jamais. Dommage, quand on connaît le potentiel du groupe et sa capacité (épisodique) à redonner des couleurs à une pop anglo-saxonne parfois molle du genou. Des adieux au public français en demi-teinte, donc.

Beta Band

De demi-teinte, il ne sera nullement question avec le concert suivant. En effet, c’est tout de noir vêtus que les Kills (soit le duo Hotel -guitariste- et W -chanteuse-) déboulent aux environs de 22 h. Assenant avec une apparente conviction des brûlots rassemblant tous les clichés du rock new-yorkais des trente dernières années, le groupe divise rapidement le public. Il y a ceux qui, visiblement, apprécient (la musique ? le joli minois de la chanteuse ?), et les autres, qui, lassés par tant de conformisme et si peu d’inspiration, préfèrent profiter de cette petite heure pour aller flâner ou se restaurer. Bien leur en a pris, car voilà maintenant les dEUS qui, après plusieurs années d’absence, font leur grand retour sur une scène française. Considérés comme les têtes d’affiche de cette première journée, les Belges ne décevront pas, et livreront un set exemplaire de simplicité et d’efficacité. Alternant classiques imparables et nouveaux morceaux (pas toujours aussi convaincants), le quintet, aidé par un son impeccable, clair et puissant, n’aura aucun mal à conquérir un public acquis à sa cause, et à prouver que la pop made in Belgium n’a décidemment rien à envier a sa cousine anglo-saxonne. Dans la foulée (c’est une image, car il faudra attendre à nouveau près d’une demi-heure avant que le plateau ne soit complètement installé), c’est au tour de James Murphy et son LCD Soundsystem de s’emparer des lieux, pour faire monter la température un cran encore au-dessus. Manifestement pas du goût de tout le monde, leur funk rêche et explosif s’avère pourtant d’une efficacité redoutable. James Murphy hurle comme un damné dans son micro tandis que beats électro et arrangements rock tétanisent la foule aux abois, qui n’en oublie pas pour autant de danser. La finesse n’est certes pas toujours au rendez-vous, mais force est de constater que, derrière son ironie (les très pince-sans-rire « Losing my edge » et « Yeah »), la musique des New-Yorkais est une véritable machine à groover. Derrière, RJD2, pourtant digne d’intérêt sur disque, semble bien empâté. Malgré quelques bons choix qui réveilleront un tantinet les festivaliers, son DJ set, ponctués de scratches aussi pénibles que mal exécutés, semble annoncer qu’il est maintenant l’heure d’aller se coucher. Ce que, en festivaliers bien disciplinés, nous ne manquerons pas de faire ipso facto, bien entendu.

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