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Disques

Thomas Dybdahl – That Great October Sound

THOMAS DYBDAHL – …That Great October Sound
(Glitterhouse / Chronowax)

THOMAS DYBDAHL - …That Great October Sound On a entendu pour la première fois Thomas Dybdahl à l’été 2003, sur une compilation d’artistes et groupes norvégiens offerte par un disquaire de Bergen. De la vingtaine de morceaux, une poignée accrochait immédiatement l’oreille : « Tomorrow Stays the Same » était de ceux-là. Un an plus tard, on retrouve cette même chanson, que les écoutes successives n’ont toujours pas usée, entourée de onze autres (la dernière se cache derrière un faux instrumental de fin, après quelques secondes de silence). L’album s’appelle …That Great October Sound, il est sorti en Norvège en fin d’année dernière, a remporté un Grammy local et s’est écoulé à 50 000 exemplaires, ce qui n’est pas négligeable pour un pays de 4,5 millions d’habitants. Imaginez qu’un Français inconnu, porté sur l’introspection et chantant en anglais, vende chez nous 600 000 copies d’un album fauché, enregistré en grande partie dans son salon… et rigolez un bon coup.

Même si on l’a découvert en août, …That Great October Sound porte bien son titre. Car c’est d’abord de son qu’il s’agit ici : crédité comme l’unique producteur de son disque (qu’il a également enregistré et mixé seul), Thomas Dybdahl avait à l’évidence une idée très précise de ce qu’il voulait, et une étonnante maturité pour son âge – 24 ans d’après sa bio, mais à l’écoute on lui en donnerait facilement dix de plus. Dès les premières notes, on se sent bien, au chaud, bercé par les arpèges de guitare folk, la lap steel, les cordes à l’économie et l’orgue Hammond. Dybdahl a dû s’abreuver aux mêmes sources folk américaines que James Yorkston, les Suédois Hederos & Hellberg, ou ses compatriotes Saint Thomas et Minor Majority, mais il ajoute à ces influences une sensualité presque soul (il a la voix d’ange qu’il faut), un sens des atmosphères qui peut évoquer David Sylvian ou Perry Blake, ainsi qu’un certain goût pour les bidouillages : effets de pleurage, titres enchaînés, faux craquements de vinyle… Le morceau le plus atypique du disque, « Postulate », est ainsi la mise en musique d’une conversation entre Morton Feldman (1926-1987), compositeur américain disciple de John Cage et donc bien éloigné du rock, et un critique musical allemand. Avec « Outro », broderie guitare-orgue, c’est toutefois la seule infidélité d’October Sound au format chanson. Ailleurs, notre homme s’épanche sur ses amours perdues ou ses années de vaches maigres, raconte un rêve post-11 Septembre ou sa vie à Stavanger – le tout commenté dans des notes de livret d’une grande finesse. Alors, coup d’essai, coup de maître ? Peut-être pas, mais ce recueil, dont même les imperfections charment, a tout d’une très belle promesse.

Vincent

From Grace
All’s Not Lost
That Great October Sound
Life Here Is Gold
Tomorrow Stays the Same
Postulate
Adelaide
John Wayne
Love’s Lost
Dreamweaver
Outro
(sans titre)

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