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Disques

Madame de C*** – Throw It

MADAME DE C*** – Throw It
(Future/Now / Unlimited)

MADAME DE C*** - Throw ItParis bouge, semble-t-il. Le "renouveau du rock" est en train de prendre consistance et cohérence dans la capitale. Parisians, Naast, Bishop Invaders, Sourya… Ils sont encore nombreux à porter cuir et velours au nom d’un goût retrouvé pour le danger et de l’hédonisme désespéré. Parmi ces nouvelles décharges d’électricité rock’n’rolliennes, Madame de C***, fer de lance du label Future/Now (dont le leitmotiv est : "Nous ne sommes pas attachés au charme du passé. Mais les pseudo-nouvelles musiques qui s’élèvent à sa place ont une laideur gratuite qui appelle les dynamiteurs."), vient de publier son premier album, "Throw it" après quelques apparitions éparses sur des compilations du label. Qu’en est-il au juste ?

Le groupe se place clairement dans un courant électro-rock au croisement de Suicide, Jesus & Mary Chain, et du Velvet Underground. Le lien avec cette mouvance est d’autant plus évident que le mix de l’album est l’œuvre d’Eric Debris, chanteur du groupe punk-électronique culte Métal Urbain. Il existe donc une connexion indéniable entre cette nouvelle scène du rock décadent, glam et underground et les pionniers du Punk français des 70’s (Asphalt Jungle, Starshooter, Guilty Razors, Stinky Toys). Avec ce disque, Madame de C*** poursuit la démarche antinaturaliste, entamée par Huysmans ou Barbey d’Aurevilly. L’éthique du groupe est résumée par un des titres, "Decadence Kills Depression". Dieu est mort, et la seule manière de survivre à cette absence de but est de cultiver une décadence satinée et opiacée. La voix systématiquement trafiquée et saturée est bien représentative de l’esthétique du combo : une volonté de falsifier le naturel, de le tordre, afin d’échapper à la réalité.
De sa pochette post-apocalyptique à son ambiance générale, l’album baigne dans un climat poisseux et crépusculaire. La froideur de la production sonne comme du Depeche Mode sous héroïne, que des giclées de guitare n’arrivent pas à rendre lumineuse. Les membres du groupe connaissent leurs classiques, aucun doute là dessus. Les titres de l’album, "Dance", "Soul", "Girlfriend", "Miracle", associés à des idées a priori positives, résonnent ici de façon désincarnée, à l’image de l’excellent "Fear of Music" des Talking Heads. "We Got to Make It", qui ouvre l ‘album, rappelle la dance/danse du désespoir des Happy Mondays du début des 90’s. Les rythmes sont pervertis, distordus comme la voix du chanteur, donnant à l’auditeur une impression diffuse de léthargie. Seule la ballade au piano "We Can’t Do Without" parvient à transpercer la chape de plomb qui couvre l’ensemble de "Throw it". Un morceau acoustique, caché à la fin de la galette, étonne et rassure en même temps : derrière le nihilisme apparent, les sentiments subsistent.

Madame de C*** réveille certains fantômes de la cold wave et de l’underground, ceux qui resurgissent lorsque l’ennui ronge le cerveau… Les Stooges l’avaient résumé en quelques lignes définitives :

Well it’s 1969 ok,
All across the USA,
It’s another year for me and you
Another year with nothing to do

Cet ennui a donné naissance au punk, ce qui est plutôt une réussite. L’histoire va-t-elle se répéter ? Ce qui est certain, c’est que Madame de C*** (et plus largement les groupes du label Future/NOW), par son rock rétro futuriste, a son rôle à jouer dans la nouvelle révolution en marche.

monsieur POPadmin

We Got To Make It
Soul
Throw It
Pretty Good Shot
Decadence Kills Depression
Miracle
Dance
B12 Vitamin
Girlfriend
Lose On
Wanker
We Can’t Do Without

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