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Disques

Richard Desjardins – Kanasuta

RICHARD DESJARDINS – Kanasuta
(Labels) – acheter ce disque

RICHARD DESJARDINS - KanasutaEntre tendresse, ripailles et engagements, les albums de Desjardins ressemblent à des romans picaresques au contenu roboratif. "Kanasuta", son huitième album, entièrement produit par Yves Desrosiers (Lhasa), ne fait pas exception à la règle. L’homme y parle de son combat pour la défense de la forêt boréale et nous livre quelques bribes de sa biographie, celle d’un fils de forestier élevé aux confins de l’Abitini, une région située à 600 kilomètres au nord de Montréal où poussent des villes-champignons sur les territoires ancestraux des Amérindiens (Kanasuta est, au Canada, une forêt mythique où dansent les esprits). Comme sur "Boom Boom", son précédent opus, c’est encore sa verve baroque, son touché de pianiste classique et ses arpèges de guitare folk qui font des merveilles, ornés d’arrangements qui ne dénaturent jamais le propos. Les chansons de Desjardins, gravées dans l’érable, semblent écrites pour ne jamais s’effacer de nos mémoires. Ballades au clair de lune ("Le Saumon", "Notre Dame des Scories"), odes amoureuses ("Jenny", "Un trou perdu"), récits engagés ("Le Gala", Les Veuves"), toute la palette de cet auteur-compositeur-interprète est contenue dans ces poèmes foisonnant d’images d’un nouveau monde au climat rude.
On choisira de laisser de côté les trois plages country ("Eh Oui, c’est la vie", "D’la grande Visite" et "Buck"), dans un style proche du répertoire country-rock qu’il a largement exploré avec son groupe Abbittinni au milieu des années 70. On lui pardonnera aisément ce chœur d’enfants guimauve sur "Nous Aurons", qui sied mieux à Francis Cabrel et Pierre Bachelet, quand une mélodie comme "Desaparecido" provoque le frisson, quand Desjardins se mue en crooner italien (quelque part entre Paolo Conte et Gianmaria Testa) sur "Fossumbrone", ou encore quand il revisite un poème de Rutebeuf, "Que sont devenus mes amis". Ce disque se déguste par strates tant la langue y est riche, pleine d’images, et que la musique, sous son apparente simplicité, cache des colères plus sourdes.

L’anthologie qui accompagne l’édition française de Kanasuta (riche idée de Labels) permet de prendre toute la mesure de l’artiste, considéré comme une véritable icône vivante au Québec. On retrouve avec bonheur les tubes qui ont jalonné sa carrière solo depuis 1987 : ""Tu m’aimes-tu ?", "Et J’ai couché dans mon char", "Lomer", "Quand j’aime une fois j’aime pour toujours", où Desjardins se montre un brillant auteur de chansons doublé d’un dialoguiste habile ("Nataq", "Le Prix de l’or", "Les Yankees") toujours prêt à pétrir la pâte du langage et à croiser le fer. On tient dans ce coffret de printemps une œuvre foisonnante et essentielle, qui inscrit son auteur dans le sillage poétique d’un Felix Leclerc, d’un Gilles Vigneault, d’un Léo Ferré. Tous ayant en commun le verbe haut, la conscience claire et l’esprit libre.

Luc

CD1
Notre-Dame des Scories
Kanasuta
Le Saumon
Jenny
Eh oui, c’est la vie
Le Gala
Fossumbrone
Buck
Un Trou perdu
Que sont devenus mes amis ?
Desaparecido
Nous aurons
Les Veuves
D’la grande Visite

CD2
Tu m’aimes tu
Söreen
Lomer
Senorita
Nataq
…Et j’ai couché dans mon char
Le Prix de l’or
Miami
Chaud était la nuit
Les Yankees
Boom Boom
Lucky Lucky
Quand j’aime Une fois j’aime toujours
Le Cœur est un oiseau

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