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Disques

Cocosuma – We Were a Trio

COCOSUMA – We Were A Trio
(3rd Side Records/Chronowax) [site] – acheter ce disque

COCOSUMA - We Were A TrioEvidemment, si l’on me prend par les sentiments… Reprendre "Courtyard", le titre magique de Bobbie Gentry, et me le lancer dans les oreilles, comme ça, sans anesthésie… Ça fait mal, tellement c’est beau. Cocosuma a pris mon cœur en ce début juillet… Nous sommes ici dans le monde de la pop pure, beauté fragile et insaisissable, avec, en plus, une mélancolie folle à chaque instant. C’est que le titre de l’album n’a pas été choisi au hasard. La douce Kacey, qui, avec Chab et Chimo, avait livré en 2004 l’excellent "Reindeer Show the Way", quitte le groupe juste après l’enregistrement de l’album. Les deux autres membres du groupe le savent, il n’y a pas d’animosité, juste des regrets, des yeux légèrement humides…"We Were a Trio", c’est une splendide démonstration d’évocation/invocation des influences pour faire naître des mélodies imparables, et terriblement tristes. Des sentiments d’une jeunesse qui fout le camp, comme lorsque l’on revient sur les lieux de son enfance, pour rattraper l’irrattrapable, ce qu’on appelle l’innocence… Vous connaissez le morceau "Coin de rue" de Trénet ? Celle dont les premiers mots sont : "Je me souviens d’un coin de rue/ Aujourd’hui disparu/ Mon enfance jouait par là/ Je me souviens de cela"… Je sais, je m’écarte de l’album, mais "We Were a Trio" distille les mêmes sentiments.
Cocosuma a brassé avec cet album tout ce que la pop compte de perles vespérales : Avec "Nutopia", ils nous évoquent "Andalucia" de John Cale, un des joyaux de "Paris 1919", les Beach Boys, les La’s, et la sublime Bobbie Gentry déjà citée plus haut. Une suite d’accords revient deux fois dans l’album, fantomatique : ceux de "Old Friends/ Bookends Theme" de Simon & Garfunkel. Celui qui n’a jamais eu la gorge nouée en écoutant ce morceau ne pourra pas comprendre en quoi son utilisation par Cocosuma relève de l’absolu… Surtout sur le morceau éponyme, terrible, en talk-over, qui évoque les maisons fermées d’amis connus lors de vacances inoubliables, lorsque la rentrée approche et que seuls restent les souvenirs… Seule "Drizzling Yet Dazzling" échappe à l’atmosphère globale de l’album, en renouant avec la pop sucrée du groupe d’avant le départ de la demoiselle du Nord. Mais, bizarrement, ce morceau semble assez mal placé dans un album de ce type, comme une sorte de joyeux luron au milieu d’un rassemblement au funérarium du Père Lachaise.
Au final, Cocosuma, grâce à cet album, a donné une bande-son aux nuits qui n’en finissent plus, après Brian Eno et Air… Ecoutez juste l’ultime chanson "Two Cannot Be One"… Des échappées aériennes qui évoquent un petit bonhomme perdu au milieu d’une société déshumanisée… et ce bonhomme nous ressemble. Cet album est magique. Chapeau bas.

Frédéric Antona

Blowing Oceans by
Drizzling Yet Dazzling
Nutopia
Bam Tululu
Did You Ever See
90105
We Were a Trio
Courtyard
Mocking Stars
Two Cannot Be One

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