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Disques

Boards of Canada – The Campfire Headphase

BOARDS OF CANADA – The Campfire Headphase
(Warp / Pias) [site] – acheter ce disque

BOARDS OF CANADA - The Campfire Headphase L’évolution du style B.O.C. depuis leurs débuts est assez particulière et fait penser elle-même à une composition, avec son introduction un peu rigide, suivie de passages mélodiques plus apaisés et tout en demi-teintes qui alternent avec des touches plus contrastantes et des éclats de couleur (généralement foncée). Il est difficile de parler de leurs disques autrement qu’en termes visuels, à moins qu’on ne se mette à communiquer en musique. Mike Sandison et Marcus Eoin semblent d’ailleurs encourager cette traduction graphique, puisqu’il mettent un soin incroyable à concevoir leurs pochettes de CD. En ce sens, l’édition collector de "Geogaddi", leur avant-dernier album (2002), était un vrai mini livre d’art. C’était aussi le disque où l’angoisse éclatait plus menaçante que jamais, à travers un traitement pourtant familier des ambiances : vieux synthés analogiques, sons qui soufflent, instruments mal accordés, samples usés extraits d’émissions télé américaines des années 70. C’était surtout le plus complexe, celui qui proposait à la fois un vrai-faux single (presqu’une chanson : "1969") et des détails cachés, comme des morceaux conçus à l’aide d’équations ou développés selon la série de Fibonacci (d’où sans doute l’ironie de l’un des titres : "Devil Is In The Details").
Le nouveau disque amorce un retour vers le soleil qui brillait sur "Music Has The Right To Children" (1998), Mike et Markus déclarent qu’ils voulaient faire quelque chose de beau et mélodieux, et jouer eux-mêmes d’un grand nombre d’instruments réels. Du coup, tous les spectres qui grouillaient dans l’arrière-plan de "Geogaddi" ont fondu dans la lumière, même les ombres sont colorées (impressionnisme sonore ?), et ne gardent qu’une pointe de mélancolie, à peine une pincée de sel. Avec ça, B.O.C. continuent de miner les conventions et notre confort auditif à coups de faux départs, doubles fins et divers leurres mélodiques, mais aussi de mécaniques élaborés, comme le rythme hypnotique sur "Chromakey Dreamcoat". Mine de rien, même si l’album paraît plus homogène, une nouvelle étape vient d’être franchie dans l’inouï : comme autrefois le passage au technicolor ou au son stéréo, "The Campfire Headphase" parvient en 2005 à déboucher nos perceptions. Il y a tant d’air dans ce qu’on entend, un espace si démesuré, que désormais on risque de trouver plat ou étroit tout ce qu’on écoutait avant, et ce n’est pas grâce à la technique SACD®. Chaque mélodie repose sur un foisonnement de petits bruits vivants, qui n’ont plus rien de factice. On ne peut qu’avancer un terme photographique : la "profondeur de champ" est devenue tout d’un coup infinie, les détails du fond comptent autant que les figures du premier plan, ces 15 pistes reconstruisent une version presque complète du monde, et ça tient sur une simple galette en plastique. Ce monde est bien sûr un peu régressif et plus beau que le nôtre, mais une fois entrés, on s’y retrouve comme au jardin d’Eden. N’hésitez pas, vous êtes attendus.

Gabriel Marian

Into The Rainbow Vein
Chromakey Dreamcoat
Satellite Anthem Icarus
Peacock Tail
Dayvan Cowboy
A Moment Of Clarity
’84 Pontiac Dream
Sherbet Head
Oscar See Through Red Eye
Ataronchronon
Hey Saturday Sun
Constants Are Changing
Slow This Bird Down
Tears From The Compound Eye
Farewell Fire

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