BOY – Norfolk Motel
(My Little Cab Records)
Boy, comme son nom ne l’indique pas, est une jeune femme qui chante en anglais parfois seule, parfois avec son compagnon Tazio. Une adepte du "do it yourself", qui a monté son micro label il y a à peine deux ans et qui peut se targuer de produire beaucoup (9 références déjà !). Ce deuxième album solo de la Nantaise trempe sa plume dans le spleen existentiel des fins d’après-midi pluvieuses que l’on observe par la fenêtre. Il y a cette mélancolie soyeuse que l’on retrouve chez Yann Tiersen et Françoiz Breut, le même goût pour les orchestrations de trois sous, le même penchant de pleureuse magnifique. Armée principalement d’une guitare et d’un piano, Boy déroule son journal de bord sur des mélodies joliment plombées qu’une batterie vient sporadiquement relever. Dans les moments d’accalmie, où le vent arrête de souffler, le chant devient lunaire et la musique monte en apesanteur. On retient beaucoup son souffle sur "Norfolk Motel", on sanglote avec Boy, on flirte avec la déprime sans jamais s’y noyer. Mais il est aussi question de sourire quand le soleil fait de timides apparitions ("Blissful Days"). Dommage que ce disque de 14 titres traîne un peu en longueur – quelques instrumentaux dispensables et l’abus d’accordéon et d’harmonium n’arrangent rien à l’affaire – parce que, sans cela, Boy et ses complices (Tazio et Little John) auraient écrit un recueil de chansons pop lo-fi impeccable à la manière d’une Cat Power débutante. Elle confesse aimer Nina Simone au point d’emporter l’intégrale avec elle sur une île déserte. Que lui répondre ? Qu’on pourrait se passer son titre "Profile" en boucle, en attendant la fin du monde. Merci pour le cadeau Boy.
Luc Taramini
Farewell
Houses and Roads
Profile
Complaint
A Distant Rumbling of Thunder
Blissful Days
Sylvia
Ill Mood Keeps Me Down
Amsterdam
Many Times
Beautiful Whistling
Waltz
An Arrow in the Brain
Whitsun Tide