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Tender Forever – Interview

TENDER FOREVER

Contrairement à ce qu’avance un hebdo de gauche, Tender Forever n’a jamais joué à l’Olympia. Malgré une trajectoire musicale à laquelle beaucoup de jeunes musiciens aspirent, elle n’a pas encore eu cet honneur. Qu’importe, en s’exilant aux Etats-Unis – à Olympia exactement -, Mélanie Valera a connu d’autres honneurs, ceux d’être accueillie à bras ouverts dans la famille K Records alors qu’elle était encore inexpérimentée et d’enregistrer un disque de folktronica personnel sous la houlette de Calvin Johnson. Difficile de rêver mieux pour cette fille fonceuse, mais pas écervelée, qui vous fixe d’un air franc et qui se fout du qu’en-dira-t-on.

Pour débuter, une petite question prétexte. Dans le communiqué de presse, il est écrit pop émotionnelle, est-ce que pour toi cela a un sens ?

Oh, c’est sûrement pas moi qui l’ai écrit. C’est un des trucs avec lequel j’ai un peu de mal parce que j’ai jamais pensé créer un style. J’ai un côté bricolo qui fait que mon disque sonne avec ce que j’avais sous la main. Pour le coup, c’est vraiment « Do it Yourself » à fond. Après, émo… oui, je fais passer des émotions ; pop, oui ça sonne pop !

Ça sonne pas mal lo-fi, ce disque ?

Oui, j’ai entendu tout et n’importe quoi : electro-pop, R&B lo-fi… après, ce que j’en pense… Je préfère laisser ça aux autres. C’est pas trop mon rôle de définir ma musique.

La pochette aussi a l’air artisanal, qui en est l’auteur ?

Jean, un Japonais que j’ai rencontré à Olympia. C’est hyper drôle comme histoire parce que j’avais vu des dessins incroyables en ville sans faire le lien avec lui. De fil en aiguille, je me suis rendu compte que c’était son travail. Son rêve, c’était de faire une pochette pour K records. Il se trouvait que je sortais mon disque et que j’avais besoin d’une pochette. Bref, j’ai réalisé son rêve et il a réalisé le mien. Il a un univers très organique, très foisonnant. A la base, son dessin était immense, on a été obligé d’en scanner un extrait seulement.

Vous auriez pu mettre le reste à l’intérieur de la pochette ?

Je pense qu’on s’y prendra autrement la prochaine fois car j’ai bien l’intention de retravailler avec lui. Son univers correspond bien à ma musique.

Comment es-tu devenue musicienne, j’ai appris que tu faisais pas mal de choses à côté ?

Jusqu’à l’âge de 18 ans, je n’ai pas écouté de musique chez mes parents. C’était plutôt interdit. Mon père a eu une éducation espagnole très dure sur fond de retour de guerre. Son père est mort quand il était très jeune donc il a été obligé de travailler très tôt. Il a répercuté ses valeurs sur nous – l’effort, ne pas baisser les bras, se débrouiller par soi-même… – et je crois que ça m’a servi pour démarrer dans la musique. Quand il était parti, ma mère passait du Stevie Wonder ou du Santana, c’était les seuls disques qu’il y avait à la maison avec Mozart mais ça n’allait pas plus loin. Après, je suis partie à Bordeaux, j’ai fait les Arts Plastiques. Là-bas, il y a une telle émulation musicale que c’est difficile de ne pas tomber dedans. Ça reste très pop, très rock (même si ça a pas mal évolué depuis 4 ou 5 ans). J’ai vu Calc, Pull. Ça me branchait bien.

Comment as-tu franchi le pas ?

Un jour avec deux copines, on s’est dit qu’on allait jouer dans la rue. C’est comme ça qu’on a créé les Bonnies. On ne savait pas jouer. Marie, un peu plus que nous (elle joue maintenant de la basse dans le side-project de la fille de Stereolab). On avait un clavier pourri et une boîte à rythmes. Ça se terminait souvent a capella.

Vous chantiez quoi ?

On chantait des trucs de soul sixties auxquels je m’étais biberonné toute seule : les Jackson Five, les Supremes. Très vite, j’ai acheté une guitare, on a rapidement progressé. On s’est même retrouvé à ouvrir pour le festival « Les femmes s’en mêlent », à jouer sur les plages. Bref, on s’est éclaté. J’ai vraiment commencé dans la rue. Je n’ai jamais mis les pieds dans un studio de répétition.
Parallèlement, j’ai rencontré une Américaine lors d’une soirée à Bordeaux, elle repartait chez elle le lendemain. On a tout de suite accroché elle et moi. On a commencé à s’échanger des fichiers sur Internet. Moi des bidouillages avec mon ordi, elle des pistes audio avec sa voix. Je lui ai alors proposé qu’on monte un groupe. Elle s’appelait Garisson, alors c’est devenu les Garisson Rocks. On a mixé le tout, on a fait un petit Ep sympa autoproduit qu’on a distribué autour de nous. Et puis je suis partie une première fois aux Etats-Unis. Là-bas, on a joué dans des barbecue parties, dans des lofts pourris à San Francisco. Parallèlement à ces aventures, je faisais partie d’une asso bordelaise avec Kim et Calc qui organisait des concerts. J’ai donc eu l’opportunité de faire venir des gens de K records à Bordeaux comme Khaela Maricich de The Blow. Elle est venue, on a bien accroché. Alors quand je suis allée aux Etats-Unis la première fois, elle nous a organisé une date à Portland. En arrivant à Portland, j’ai vu les Garrison Rocks en tête d’affiche avec des groupes de K records qui ouvraient pour nous. C’était très impressionnant car on n’avait jamais fait de vrais concerts ensemble. Le concert s’est super bien passé mais il a fallu que je rentre en France. Là, je suis tombée amoureuse, je me suis mise à composer des chansons pour cette personne sans penser à en faire un disque. Et puis, j’ai de nouveau eu la bougeotte. J’ai vendu toutes mes affaires pour pouvoir repartir aux Etats-Unis. Avant de partir, j’ai prévenu la fille de The Blow qui nous a organisé une tournée à la dernière minute. Je suis partie avec Valérie, une amie du groupe Squeeze Me I Squeak. On s’est retrouvées toutes les trois dans une voiture de location à descendre la côte ouest de San Francisco à Los Angeles…

 

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