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Disques

Lane Steinberg – The Return of Noel Coward’s Ghost

LANE STEINBERG – The Return Of Noel Coward’s Ghost
(Cheft Recordings) [site]

LANE STEINBERG - The Return Of Noel Coward's GhostCe devait être en 1992, 1993, quelque chose comme ça. J’allais doucement sur mes quatorze ans. Je développai à l’époque une véritable obsession pour Queen, ce groupe gigantesque qui, malgré une série de fautes de goût irrattrapables, créa un certain nombre d’albums magnifiques et profondément originaux ("Queen II", notamment). Au cours d’une interview, Freddie Mercury et Roger Taylor, chanteur et batteur du groupe, faisaient part de l’influence esthétique exercée sur eux par un auteur anglais, un certain Noel Coward. Peu familier du théâtre anglais dans mes jeunes années, mais déjà conscient que le rock est un fil d’Ariane attendant d’être tiré, j’appris, après quelques recherches, que Coward était un auteur dramatique anglais du milieu du 20ème siècle, dont la particularité tenait autant à l’extravagance de ses œuvres, qu’à la grande diversité des styles abordés (on comprend alors l’influence du personnage sur l’œuvre de Queen). Il eut, entre autres, cette devise: "Travailler est bien plus amusant que de s’amuser". Autant d’éléments qui peuvent s’appliquer à Lane Steinberg.

Véritable stakhanoviste du travail musical, Steinberg (dont le dossier de presse indique qu’il n’a besoin que de deux ou trois heures de sommeil pour être dans une forme optimale) est membre du combo Tan Sleeve, ce qui ne l’empêche pas de retourner travailler en solo sur un série de projets, dont la série des "Noel Coward’s Ghost". Nous en sommes actuellement au deuxième opus, le retour du fantôme de Noel Coward. S’il est possible de dresser une comparaison entre l’auteur anglais et Lane Leinberg, elle se situe au niveau de la grande diversité des styles présents dans l’album : pop beatlesienne, rock américain aux riffs gras, voire une tentative de musique expérimentale, c’est la Samaritaine, on y trouve de tout. L’album débute et se termine ("Preamble" et "Postscript") par des mini-textes déclamés par Abe Heller, ce qui renforce le caractère de concept album et l’impression d’unité. Les morceaux sont reliés entre eux par des extraits de pièces de Coward (interprétés par Wallace Huertas et Jeff Pollack). C’est ce lien qui permet au disque d’éviter de paraître trop disparate, et me rappelle avec émotion le fameux album des Small Faces, "Odgen’s Nut Gone Flake", dans lequel les aventures d’Happiness Stan étaient contées entre les plages par Stanley Unwin.

"Bottlenose Dolphin", sous forte influence Dandy Warhols, "Concrete Vacation" et ses accords de guitare étincelants, "Gain Luster", décrite comme un hommage à deux héros de Lane Steinberg, Johann Sebastian Bach et Brian Wilson, ou encore la très ambitieuse "Beautiful Day, Take me Away", entre jazz (mélodie modale, trompette discrète et claquements de doigts…) sur un rythme de boléro et harmonies vocales à la Beach Boys, achèvent de convaincre. Encore un franc-tireur qui s’en sort avec les honneurs. Malgré quelques petites longueurs (un ou deux morceaux n’étaient peut-être pas indispensables) et l’hermétisme assez compréhensible de ce genre de projet pour les non-anglophones, "The Return of Noel Coward’s Ghost" est une œuvre tout à fait honorable. Lane Steinberg, obsessionnel du son et des constructions alambiquées, s’impose ici comme un personnage éminemment intéressant et créateur d’un univers. De son univers, tout en patchwork coloré, à l’image de la pochette du disque. Vive le cut-up !

Frédéric Antona

Preamble
Bottlenose Dolphin (thanks for the Milk)
Face Down
Away
Gain Luster
Jerichaio
YamYam
Let’s Touch
Something is Waiting For Someone
Cutlets (Don’t Burn It)
You’ll never find a Way to get Me to Work
Bare Walls
Eye For The Ladies
Spring Break
Slight Gain
Beautiful Day, Take Me Away
One Man Crime Wave
The First to Learn (The Last to Know)
Concrete Vacation
Postscript

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