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Belle and Sebastian – Interview

BELLE AND SEBASTIAN

Concert imminent oblige, c’est dans une des loges du Bataclan qu’a eu lieu cet entretien, entre corbeilles de fruits et bouteilles d’eau, et non dans quelque salon d’hôtel luxueux. C’était aussi bien, et même probablement mieux. Ne serait-ce que pour s’offrir le luxe, véritable celui-ci, de se glisser dans la peau d’une petite souris guettant discrètement la mise en place du dispositif scénique d’un groupe comme Belle and Sebastian. Le constat fut immédiat : c’est bien un imposant arsenal d’instruments en tous genres que les roadies déployèrent, en ce milieu d’après-midi, sous nos yeux. Et l’on ne fut guère surpris d’apprendre de la bouche de l’attachée de presse que le groupe est désormais « extrêmement perfectionniste sur toutes les questions de son » et ne tient donc pas à badiner avec sa balance. On a la droit de déplorer la disparition de cette marque de fabrique artisanale qui caractérisait les Ecossais à leurs débuts, au temps où ceux-ci entretenaient, à coups d’albums confidentiels et interprétés sur le fil, une manière de romantisme fragile en droite lignée de l’école Sarah records. On a le droit, mais on n’est pas obligé pour autant de bouder par principe la pimpante santé actuelle d’un groupe qui, à sa façon, marie influences pop et soul avec une élégance et une fraîcheur pas si souvent croisées en Grande-Bretagne depuis leurs compatriotes d’Orange Juice. Accaparé par une émission de télévision, Stuart Murdoch nous laissera nous entretenir en compagnie de son batteur Richard Colburn et de la chanteuse / violoncelliste Sarah Martin. Lesquels, bénéficiant certes d’une notoriété logiquement bien moindre que leur énigmatique leader, ne s’en révélèrent pas moins charmants et loquaces.

Vous en êtes maintenant au tiers de votre mini-parcours parisien, comment s’est passée la première étape hier soir (une Black Session sur France Inter) ?
Sarah : bien, si ce n’est qu’on a eu quelques soucis techniques auxquels on ne s’attendait pas. Les techniciens de Radio France n’ont pas chômé, étant donné le nombre que nous sommes désormais sur scène, et le fait aussi que nous échangeons nos instruments au cours du set… C’est assez cauchemardesque, en fait, seul Richard ici présent s’en sort bien, vu qu’il reste toujours à sa place ! (rires)
Richard : oui, pour moi c’est pratique. J’admets que le soundcheck d’aujourd’hui est une partie de plaisir, par comparaison. Mais ce fut une bonne soirée. J’ai pu réécouter tout à l’heure l ‘enregistrement de la session, ça sonnait bien.

En France, Bernard Lenoir fut l’une des premières personnes à diffuser Belle and Sebastian en radio. Avez-vous des souvenirs particuliers d’anciennes Black Sessions ?
Richard : oui, l’une des premières que nous ayons faite reste un très bon souvenir, parce qu’en outre, c’était la première fois qu’on participait à une émission de ce genre. Et puis on découvrait l’Europe, et la France en particulier.

Avez-vous le sentiment d’une relation privilégiée avec le public français ?
Richard : on a de bonnes relations avec le public ici, qui a paru apprécier notre musique dès le début. La France nous a suivis dès le début, au même titre que l’Espagne…
Sarah : la Norvège, aussi !
Richard : plusieurs pays auxquels on n’aurait, instinctivement, pas vraiment associé notre musique. En tout cas, on s’entend bien avec le public français. Gageons qu’on en ait la preuve ce soir… (rires)

Votre dernier album, « The Life Pursuit », est de bout en bout très enthousiaste et optimiste. Est-il le reflet de votre état d’esprit actuel ?
Sarah : il est le reflet de l’état général du groupe, d’une certaine façon. On s’est efforcé de tenter de nouvelles choses. Ne pas enregistrer une nouvelle fois à Glasgow. Bien sûr, au départ, ça nous faisait un peu peur de partir à Los Angeles. Et puis une fois sur place, tout s’est merveilleusement passé : le studio, le producteur étaient parfaits. On a très vite pris conscience que la réalisation de l’album était sous la coupe de gens de confiance. Ça nous a ôté bon nombre de préoccupations techniques, tant ce type (Tony Hoffer) maîtrisait son sujet. C’est un producteur vraiment merveilleux. On a pu de fait aborder ce séjour de façon très relax. Et je pense que cela se ressent dans le disque aujourd’hui.

L’histoire de la musique à Los Angeles est d’une richesse insensée. Quelles en sont vos marottes particulières ?
Sarah : j’adore Love, bien sûr. Un vrai groupe de Los Angeles, à tel point qu’il n’a jamais voulu quitter la ville – ce qui, au passage, est probablement en partie à l’origine de son relatif insuccès de l’époque. Je pense qu’il aurait été vraiment énorme s’il était allé jouer à New York ou ailleurs…
Richard : on est de grands fans aussi des musiciens de session des années 60. J’ai lu beaucoup de choses sur ces hommes de l’ombre des studios californiens de l’époque, qui jouaient sur des tas de disques. Je crois que Los Angeles est vraiment LA ville. La musique de la côte est – le hip-hop, le jazz, le be-bop – a toujours été beaucoup plus agressive que celle de la côte ouest qui, de Gerry Mulligan au jazz, s’est elle révélée nettement plus « laid back ». A la fois musicalement et textuellement.

 

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