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Frigo – Interview

Les aléas de la vie et le prix d’un billet de TGV font qu’artistes et chroniqueurs n’ont pas toujours l’occasion de se rencontrer, même lorsqu’ils habitent le même pays. Heureusement, le « ouèbe » est là. Voici donc l’interview par mail de Frigo, dont l’électro-rock teinté de mélancolie nous avait séduit sur « Funambul« , leur dernier album. Questions/réponses réalisées sous ADSL 20 Méga.

Parlons de vos racines musicales : la scène rennaise des années 1980 a-t-elle compté dans votre parcours musical ?
Yannick (basse, clavier) : à part Marquis de Sade, je ne connais pas…
Max B (chant, guitare) : nous avons d’ailleurs enregistré un titre avec Daniel Paboeuf de Marquis de Sade, titre qu’on n’entendra jamais car nous avons perdu les bandes… C’est pour l’anecdote, mais sinon je ne pense pas du tout avoir été influencé par la scène rennaise des années 80. A vrai dire, nous étions tout petiots à ce moment-là, et certains d’entre-nous n’habitent Rennes que depuis peu. La scène indie noise française des années 90 (Thugs, Drive Blind, Sloy, Prohibition…) a beaucoup plus compté pour nous. Nous avons monté nos premiers groupes au moment où ces excellents groupes tournaient par chez nous.
Brendan (batterie) : pour moi c’est plutôt la scène 79-80 anglaise qui fait partie de mes influences : Joy Division, The Cure… En ce moment je suis plutôt penché sur les musiques du monde qui jouent vraiment sur le rythme. J’adore aussi le dernier Satyricon.

Vos mélodies sont portées par une certaine mélancolie. D’où vient-il, ce spleen électronique?
Max B : la mélancolie mêle moments tristes et moments plus heureux. C’est un peu notre état d’esprit qui se traduit dans la musique que nous écrivons. Difficile de l’expliquer…
Yannick : la mélancolie me rend heureux, c’est assez paradoxal mais c’est ainsi.

Pourquoi chanter en anglais?
Max B : c’est venu tout naturellement. Plus naturellement que chanter en français à vrai dire. Mais récemment, nous avons écrit quelques titres en français, et c’est un exercice qui me plaît, donc on va voir. Nous ne sommes pas braqués sur le sujet et sommes plutôt ouverts à différentes pistes…

Question géographie : dans quelle mesure Quimper et la Bretagne influencent-elles votre musique (si elles l’influencent…) ?
Brendan : je crois que notre musique révèle un coté très aéré, épuré, et avec de l’espace. Peut-être un peu l’esprit des côtes vers chez nous… C’est un peu ce que reflète le texte dans notre titre « West Coast Voices ».
Yannick : c’est sûr que si on habitait en Jamaïque, on ne ferait peut-être pas ce style, quoique… En fait Quimper, c’est un peu le désert culturel. A part la culture bretonne, il ne se passe pas grand-chose, d’où l’envie de faire quelque chose aux antipodes de cette musique d’un autre âge.
Max B : l’alcool nous influence pas mal aussi.

Pourquoi avoir invité Scott McLoud (de Girls Vs Boys) et Troy von Balthazar sur « Funambul » ?
Max B : nous sommes des fans de la première heure de son groupe Girls Against Boys. Il avait aimé « Teleportation » (mini album), nous allions enregistrer l’album et j’ai eu l’occasion de lui remettre nos démos alors qu’il habitait encore Paris. Il a été emballé par le titre « Comportment Notice », sur lequel nous n’avions pas encore de chant. Il a donc accepté d’écrire et de chanter sur ce titre. Il a enregistré ses parties de chant à New York.
Avec Troy, c’est une autre histoire. Nous avions joué avec Chokebore en 2002 et il tournait en solo depuis. Il avait dans l’idée de sortir un album. De notre côté aussi. Nous l’avons donc contacté pour faire un titre ensemble, sans savoir exactement s’il sortirait sur son disque ou sur le nôtre. Il nous a envoyé une démo 4 pistes avec le titre « Sweetheart » que nous avons réarrangé. On a d’ailleurs eu l’occasion de jouer ce titre sur scène ensemble.
Yannick : pour la réalisation de cet album, il y a eu pas mal d’intervenants : Mario Thaler est au mix, Scott et Troy font leur job aux chants, et l’enregistrement s’est fait dans le studio de Rodolphe Burger, un coin idyllique dans les montagnes vosgiennes. Un vrai bonheur…
Brendan : je crois vraiment que ce qui a été décisif sur ce disque, c’est le groupe en lui-même. La rencontre de nos trois personnalités à chaque enregistrement est quelque chose d’intense, et qui demande énormément d’investissement personnel. Quand t’arrives à rester soudé et intègre au sein du groupe, les collaborations que tu fais ensuite sont des « plus » qui te tirent vers le haut. Sur le disque les « guests » sont tous différents et ont chacun leurs trucs. Tu ne peux pas en choisir un !

A propos de Mario Thaler, pourquoi l’avoir cherché, lui précisément ?
Yannick : on écoute beaucoup de choses qui sortent sur Morr Music : The Notwist, Ms John Soda, Lali Puna. La plupart de ces groupes travaillent avec Mario, et on aime sa façon de mixer. En France on ne connaissait pas grand monde qui mixait à notre goût l’électro avec des instruments classiques. On a donc fait appel à ses services.
Brendan : il était le mixeur le plus évident pour marier le coté acoustique des titres (violons, guitare), et l’électronique.

On sent chez vous à la fois une attirance pour les sons électroniques assez sophistiqués, mais aussi une base rock et une volonté d’approcher des ambiances mélancoliques avec l’usage de cordes… Votre musique en ressort très hybride : c’est un choix ou une coïncidence, un accident ? Pensez-vous un jour choisir une direction particulière, ou voulez-vous rester à ce carrefour des genres (ce qui n’est pas un reproche !) ? En gros, où allez-vous?
Brendan : où va-nous, comme dirait l’autre ! Tu sais, dans notre esprit, quand on compose, on ne cherche pas à créer des titres hybrides et complexes au niveau de l’instrumentation. On ne se dit pas « c’est cool, les violons, tiens on en met sur certains titres »… On vient d’une base rock classique et tous les instruments électroniques et autres qu’on utilise se sont intégrés au fur et à mesure dans le processus créatif. C’est pour ça que ce mélange peut te sembler hybride. Pour nous c’est juste naturel, on suit notre évolution.
Yannick : si tu ne veux pas faire du rock « à guitares » classique, il faut s’entourer de synthés, d’un sampler assez rapidement. C’est un choix, ceci permet d’ouvrir ta musique, c’est justement ce que j’aime : pouvoir composer des titres parfois planants, d’autres beaucoup plus durs.
Max B : nous n’avons pas décidé de mélanger les genres. Nous aimons autant le rock bien péchu que l’électro intimiste, voire atmosphérique. On joue une musique basée sur les contrastes, les ruptures. On aime beaucoup poser des ambiances planantes, assez calmes, puis, en opposition, utiliser des guitares ou claviers distordus. C’est pourquoi certains de nos morceaux sonnent parfois comme des musiques de film.

Que pensez-vous du retour au rock à guitares, si prisé en ce moment ? Seriez-vous prêt à débrancher les synthés pour revenir au standard guitare-basse-batterie ?
Yannick : tu veux parler des groupes en « The » ? Aucun de nous trois n’en écoute… J’ai l’impression qu’ils se soucient plus de leurs coupes de cheveux que de chercher des accords qui changent un peu. Je préfère les « vrais » de 1977. Si on devait débrancher les synthés ça serait plus pour faire du death ou de la disco.
Brendan : comme je te le disais, on ne calcule pas et si on revenait à une pure base rock, il faudrait changer de nom, ou bien rééditer notre première démo !

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