Loading...
Disques

The Raincoats – The Kitchen Tapes

THE RAINCOATS – The Kitchen Tapes
(ROIR / DG Diffusion) [site] – acheter ce disque

THE RAINCOATS - The Kitchen TapesThe Raincoats font partie de ces nombreux groupes qui ont émergé en pleine gueule de bois d’après-punk, à la fin des années 70 ou au début des années 80. A l’époque, un peu comme au début des années 60 avec l’avènement du rock garage, la profusion des sorties avait rapidement éclipsé bon nombre de perles et beaucoup, après avoir connu leur quart d’heure de gloire, étaient retournés à l’anonymat, gagnant dans le meilleur des cas un statut de "groupe culte" localement. C’est le cas de The Raincoats qui, jusqu’au début des années 90, étaient l’un des secrets les mieux gardés outre-Manche. Il faudra alors un petit coup de pouce du destin en la personne de Kurt Cobain pour que les demoiselles aient enfin droit à toute la reconnaissance qu’elles méritent – en bon fan qu’il était, le chanteur de Nirvana n’hésitait jamais à faire référence aux Raincoats en toutes circonstances, poussant ainsi Geffen, sa maison de disques, à rééditer leurs albums.
Voilà pour la petite histoire. Passons maintenant au disque lui-même. "The Kitchen Tapes" est généralement préféré au reste de la discographie du groupe, mais c’est très discutable. Tout d’abord, la musique des Raincoats repose en grande partie sur son côté déglingué, approximatif, qui, chez d’autres artistes, a plutôt tendance à rebuter l’auditeur mais qui ici instaure une sensation de fragilité absolument bouleversante. C’est comme si la musique des Anglaises dansait sur un fil au-dessus du vide et qu’à tout moment les choses pouvaient dérailler ; à chaque écart de voix, à chaque fausse note du violon, on a ce frisson dans le dos qui nous dit que tout peut s’arrêter.
Cette beauté bancale se retrouve particulièrement sur cet album live, enregistré à New York, où ce côté "cheap" est poussé à l’extrême par la force des choses (il fut enregistré sur deux pistes). Il faut donc véritablement se plonger dedans et le passer en boucle des journées durant pour bien saisir toutes les subtilités incroyables qu’il renferme (écoute au casque OBLIGATOIRE !). Une fois passé ce stade un peu difficile, on se rend mieux compte du caractère exceptionnel du groupe. Les chansons, déjà magnifiques en studio, prennent une dimension complètement différente. Le format étriqué imposé sur les albums-studio se relâche ici pour laisser place à des rythmiques plus détendues, empruntées à la musique noire.
Les Raincoats gagnent ainsi en diversité ce qu’elles perdent en "urgence". La construction des morceaux se retrouve complètement chamboulée par rapport aux versions initiales. Exit les formats traditionnels couplet-refrain-couplet-pont-refrain, ici les Anglaises laissent libre cours à leur imagination et se lancent dans d’ambitieuses jam sessions de fortune, s’apparentant presque au jazz sur certains morceaux. Beaucoup se seraient vautrés dans la gadoue en s’essayant à ce genre d’exercice, mais les Raincoats n’en font jamais trop et livrent ici un ensemble cohérent de bout en bout, illuminé par de véritables pépites comme "Mouth of a Story" ou encore "No Side to Fall in" (vraiment transcendée par rapport à sa version originale).
Un album pas forcément très accessible, mais qui reste une pièce majeure de la discographie du groupe.

Kévin Le Gall

No One’s Little Girl
Balloonacy
Oh Oh la la la
Only Loved at Night
I Saw a Hill
Mouth of a Story
The Body
Shouting Out Loud
Rainstorm
Dance of Hopping Mad
Animal Rhapsody
Puberty Song
No Side to Fall in
Honey Mad Woman

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *