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Akron/Family – Meek Warrior

AKRON/FAMILY – Meek Warrior
(Young God Records / Differ-Ant) [site] – acheter ce disque

AKRON/FAMILY - Meek WarriorLa musique des Américains d’Akron/Family est à l’unisson de leur look, entre le cool étudiant, le pileux hippie et le débraillé white trash. En concert, ces quatre garçons souriants, protégés de l’intense Michael Gira (Swans, Angels of Light, fondateur du label Young God), peuvent passer sans prévenir d’une aimable ballade à une longue dérive percussive, avec batterie jouée à plusieurs. Sur ce troisième album, c’est un peu pareil. L’essentiel du disque – sur lequel figurent des membres de Do Make Say Think et Broken Social Scene, ainsi que le batteur de free jazz Hamid Drake – a été enregistré à Chicago en deux jours, après des nuits très courtes (le groupe jouait dans d’autres villes le soir !). Autant dire que ça se sent. "Meek Warrior" donne l’impression de commencer par la fin, avec un morceau de neuf minutes et demie qui semble destiné à tester l’endurance et la bonne volonté de l’auditeur. Tribal et chamanique, "Blessing Force" perpétue les pires déviances du psychédélisme, du heavy metal et du krautrock, notamment les collages de "The Faust Tapes". Eprouvant.
Cette furieuse entrée en matière est heureusement suivie des psalmodies pastorales de "Gone Beyond" (texte, paraît-il adapté d’un mantra bouddhiste : "Gone, gone, gone beyond/Gone completely beyond", ad lib). Nettement plus concis que le précédent, ce morceau figurait sur une récente compile du magazine "Mojo", "The Quiet Revolution", mêlant quelques grands anciens (Vashti Bunyan, Bert Jansch, Davy Graham…) à la fine fleur du néo-folk. Quoique parler de folk, même "néo", à propos d’Akron/Family serait évidemment restrictif. On tient là plutôt des nouveaux primitifs, adeptes d’une expression pure, spontanée, dionysiaque, à la façon d’Animal Collective ou Devendra Banhart (dans un style nettement plus accessible pour ce dernier, dont les premiers disques sont également sortis chez Young God). Une démarche "ça passe ou ça casse" qui a certes son revers (forcément, parfois ça casse, et pour tout dire ça nous les casse), mais qui a aussi le mérite de réintroduire dans le rock quelques données fondamentales : goût du risque, refus du formatage, expérimentation. A l’heure où tant de disques sont calibrés pour décrocher le jackpot, c’est indéniablement rafraîchissant.

Vincent Arquillière

Blessing Force
Gone Beyond
Meek Warrior
No Space in This Realm
Lightning Bolt of Compassion
Rider (Dolphin Song)
Love and Space

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