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Andrew Bird – Armchair Apocrypha

ANDREW BIRD – Armchair Apocrypha
(Fargo) [site] – acheter ce disque

ANDREW BIRD - Armchair ApocryphaOn était impatient de connaître les voies qu’Andrew Bird allait emprunter après le joli petit succès (en France et aux Etats-Unis, tout au moins) du formidable « The Mysterious Production of Eggs« , sorti il y a deux ans. Non seulement le disque apparaissait tellement abouti qu’on se demandait comment son auteur allait bien pouvoir faire mieux, mais on pouvait craindre en outre que Bird, s’adressant désormais à un public plus large et varié, ne lisse un peu trop sa musique, l’une des plus subtiles qui soit. « Armchair Apocrypha » (septième album studio, tout de même) nous rassure d’emblée : l’oiseau rare ne s’est pas laissé enfermer dans une cage dorée, ne s’est pas contenté de décliner à l’envi les éléments les plus immédiatement reconnaissables de son style (les pizzicatos de violon, les sifflements, la voix indolente, les titres sibyllins…) et n’a pas davantage changé son fusil d’épaule.
En ouverture, « Fiery Crash » donne le ton, plutôt offensif : la guitare est légèrement saturée et lo-fi, la rythmique marquée et le chant, peu modulé sur les couplets, est plus direct qu’à l’accoutumée. On sent un morceau taillé pour la scène, mais dont l’énergie n’empêche pas le raffinement propre à toute composition d’Andrew Bird. Idem pour les tubesques « Heretics » (dont l’attaque vocale rappelle curieusement Belle and Sebastian) et « Armchairs » (déjà joué en concert), un peu plus loin sur le disque. Si le maître-siffleur a enregistré une partie de « Armchair Apocrypha » seul dans sa grange, il a également su intégrer l’apport décisif de ses collaborateurs, notamment le batteur Martin Dosh, issu de l’écurie Anticon (les percussions arythmiques et les textures ambient de « Simple X »), et la chanteuse Haley Bonar, dont les inflexions country font merveille sur « Spare-ohs ». D’autres titres viennent aussi rappeler avec une grande finesse l’intérêt de Bird pour les musiques non-occidentales, comme ce « Imitosis » à l’arôme cubain ou ce « Yawny at the Apocalypse » japonisant, en clôture instrumentale zen.
On retrouve ailleurs, notamment sur la fin du disque, des chansons plus proches dans l’esprit de « The Mysterious… » ou du très dépouillé « Weather Systems », mais dotées d’une ampleur inédite. Le morceau le plus représentatif de cette mue – et peut-être la pièce maîtresse de l’album – reste sans doute « Darkmatter », bâti sur un impressionnant crescendo, un sifflement d’abord lointain se retrouvant pris au cœur d’un véritable ouragan sonore. Eblouissant de bout en bout, « Armchair Apocrypha » peut d’ores et déjà prétendre aux plus hautes marches des podiums de fin d’année. D’ici là, on n’en aura sans doute pas encore épuisé toutes les humbles richesses.

Vincent Arquillière

Fiery Crash
Imitosis
Plasticities
Heretics
Armchairs
Darkmatter
Simple X
The Supine
Cataracts
Scythian Empires
Spare-ohs
Yawny at the Apocalypse

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