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James Lavelle (Unkle) – Interview

JAMES LAVELLE (UNKLE), le 7 juin 2007

UNKLE - War StoriesPeu de jours avant la sortie planétaire du vaisseau Justice, venu flairer à Paris les signes avant-coureurs du décollage, James Lavelle, fondateur du label Mo’Wax et tête pensante du projet UNKLE propose quelques pistes d’appréhension de son troisième album « War Stories« , toujours coécrit avec Richard File, et comprenant des interventions de Josh Homme des Queens of the Stone Age, 3D de Massive Attack, Ian Astbury (The Cult et, hum, les Doors), David Catching (Eagles of Death Metal), Gavin Clark (Clayhill), The Duke Spirit, Autolux et Lee Gorton (Alfie). L’atmosphère, saturée par les déflagrations de guitares, est indéniablement plus rock, Lavelle s’est mis au chant et le disque devrait réserver bien d’autres surprises.

Sur le site d’UNKLE, l’album est présenté comme une « collection de chansons du désert ». Tu peux expliquer pourquoi ?
Tout simplement parce que nous avons enregistré en grande partie dans un studio se trouvant dans le désert (Rancho de la Luna à Joshua Tree, dans le désert californien, celui-là même où Josh Homme et sa bande ont élu domicile, ndlr), et que nous voulions donner une idée de l’atmosphère du disque avant sa sortie. Le désert donne à la fois de l’espace et du temps pour composer de façon libre. L’album a été enregistré entre Los Angeles, Joshua Tree et Londres au retour, où nous avons beaucoup travaillé, près d’un an après le démarrage à L.A. Mais la majeure partie de l’enregistrement s’est faite aux States avec Chris Goss, le producteur de Queens of the Stone Age. Il a été très important pour apporter un nouveau son à UNKLE.

James Lavelle - UNKLE

Le visuel de l’album est très impressionnant, quelque part entre Gilbert & George et l’art sacré chrétien. Est-ce un tableau de 3D de Massive Attack qu’on voit sur la pochette ? Comment s’est mise en place cette collaboration ?
Je lui en avais parlé il y a déjà longtemps et lui avais demandé de faire la pochette. A l’époque, cela faisait un moment qu’il n’avait pas peint et c’était, je pense, une bonne chose de le pousser à retourner à la peinture. Pendant quatre, cinq mois, il m’a envoyé un tas de propositions, avec beaucoup d’idées brillantes, mais pas de quoi faire le recto d’une pochette d’album. Et puis il a fait ce projet avec un halo autour de personnages qui ressemblent à des squelettes, en combinant ces différents éléments qui étaient intervenus ailleurs de façon séparée. Quand j’ai vu le résultat, j’ai dit : « ok, c’est ça, nous avons la pochette ». Nous avons juste changé les couleurs de l’original, les avons fluidifiées pour obtenir ces teintes rouges et noires pour l’album. Nous avons utilisé encore beaucoup des visuels qu’ils nous a proposés pour l’album, les singles, et d’autres supports, environ une quinzaine de tableaux. Je voulais vraiment travailler avec lui, à la fois en respectant une ligne esthétique déjà élaborée avant, une peinture assez organique, mais sans reprendre toujours les mêmes schémas, peut-être pour trouver quelque chose de plus ancien, de moins futuriste. Je pensais qu’il était important pour cet album de s’éloigner du passé, notamment dans le design, mais aussi dans la musique. Il y a à la fois des éléments de référence au passé et de nouvelles perspectives, et c’est cette sorte d’équilibre à trouver qui m’intéressait. Quelque chose qui n’ennuie pas le public à cause de la redite, et qui ne le perde pas non plus. Je ne voulais pas que les gens se disent tout de suite en voyant le visuel : « ah, c’est encore un truc à la Mo’Wax, avec du hip hop et des chanteurs ». Je crois que le visuel influence beaucoup la perception de la musique, et j’ai voulu que les gens se disent : « voilà quelque chose de nouveau ». C’est évidemment la même chose pour la façon dont nous avons enregistré le disque. Nous avons un peu grandi, je crois.

L’album est manifestement plus dur au niveau du son, plus rock que les deux précédents.
Les productions de Chris Goss et des Queens of the Stone Age sont ce qui m’a le plus influencé ces trois, quatre dernières années. Il y a aussi « Check Your Head » des Beastie Boys ou « Mezzanine » de Massive Attack. Ce sont des disques qui, à partir d’emprunts au passé, ont proposé une perception, une esthétique tout à fait nouvelle. J’avais conscience de vouloir quelque chose d’un peu plus hard-core sur le nouvel album. Mais je ne voulais pas refaire une sorte de disque punk-funk new-yorkais ou londonien. Même si je les aime bien, je ne voulais pas m’engager dans la voie de DFA ou de Bloc Party. Je n’avais pas l’esprit à ça, mais plutôt à quelque chose de plus dur et psychédélique, de plus américain en ce sens. Et c’est bien cela qui s’est passé avec Chris, avec qui nous sommes allés chercher des sons un peu fous. La manière dont il combine les notes et la mélodie me semble tout à fait intéressante et unique et c’est ce que je voulais pour le disque. Mais je voulais aussi un regard extérieur sur le projet UNKLE qui ne le dénature pas, qui respecte certaines manières de faire remontant à « Psyence Fiction ». Sur le dernier titre de l’album, « When Things Explode », on retrouve ce style classique qui appartient à UNKLE. Même les morceaux les plus durs restent très symphoniques, avec du piano qui contrebalance les guitares. Cette manière cinématique et épique caractérise le genre de disques que nous faisons. C’était donc important de ne pas trop s’éloigner de cela. Le morceau de Gavin Clark (de Clayhill, ndlr) , « Keys to the Kingdom » est un peu un morceau à l’ancienne manière, avec des beats hip hop et des cordes, mais nous avons beaucoup plus de guitares sur cet album, notamment électriques.

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