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Interviews

The New Pornographers – Interview

THE NEW PORNOGRAPHERS

Quatrième album des New Pornographers, « Challengers » (Matador / Beggars) sera-t-il celui qui fera enfin connaître le groupe canadien en Europe ? On y retrouve en tout cas les mêmes qualités qui nous avaient séduits sur les précédents – finesse de l’écriture, sens du jeu collectif, mélange de classicisme et d’esprit indie -, portées par une maturité inédite. N’ayant plus vraiment à prouver son savoir-faire en matière de mélodies à tiroirs et de (power) pop montée sur ressorts, Carl « A.C. » Newman, le principal chanteur et compositeur de la formation, a préféré ralentir la cadence, baisser le volume (la garde ?) et laisser planer un voile de sereine mélancolie sur ses chansons. Les New Pornographers s’inscrivent ainsi, comme Midlake ou les Pernice Brothers, dans la lignée du meilleur « soft rock » des seventies, sans pour autant copier les anciens ou sonner daté. Ce nouvel album impeccable – malgré une pochette pas follement attirante – était en tout cas l’occasion rêvée de rencontrer enfin Carl Newman et de lui poser quelques questions, auxquelles il a répondu avec beaucoup d’humilité et de gentillesse.

New Pornographers

Considères-tu que le nouvel album est ce que vous avez fait de plus ambitieux jusqu’ici ?
Oui, je pense. Nous avons utilisé une palette d’instruments plus large cette fois-ci : des cordes, des cuivres… Quand nous étions en studio, nous nous sommes rendu compte que ce serait notre disque le plus élaboré, et aussi le plus doux.

C’est votre disque de pop baroque ?
On peut dire ça. J’adore des groupes comme The Left Banke. Ou même Electric Light Orchestra. En fait, je pense que les influences majeures du nouvel album, c’est ELO et l’album « Tusk » de Fleetwood Mac.

Peut-on dire des New Pornographers que c’est un « supergroupe » ?
Nous pouvons donner cette impression aujourd’hui, mais à l’époque où nous avons commencé, personne dans le groupe n’était connu ! Les gens croient que Neko Case était déjà très populaire alors, mais elle ne l’était pas plus que les autres membres. Donc au début, on ne pouvait pas parler de supergroupe comme dans les années 70. Après, nous avons été plusieurs à connaître le succès séparément : Neko, Dan Bejar avec Destroyer, moi-même avec mon album solo… Mais peut-être aussi que ces succès parallèles sont arrivés grâce au groupe. C’est l’éternelle histoire de la poule et de l’œuf, on ne sait pas ce qui est venu en premier !

Est-ce plus compliqué aujourd’hui de rassembler tout le monde ?
Sans doute, mais en fait le groupe s’est toujours défini par le fait que nous étions rarement réunis ! Ça a toujours été compliqué, parce que presque tous les musiciens ont leur propre groupe ou projet à côté. Kathryn, qui chante aujourd’hui la plupart des parties de voix féminine, est aussi membre de Immaculate Machine, donc nous devons prévoir notre planning en conséquence. Il y a aussi Blaine, le clavier, qui est devenu papa l’année dernière, et notre batteur qui le sera bientôt. Enfin, je pense que c’est pareil avec tous les groupes : il faut composer avec les événements de la vie.

En studio, faites-vous comme vos compatriotes de Broken Social Scene : deux ou trois personnes à la fois, pour éviter que ça parte dans tous les sens ?
Je pense que nous avons des fonctionnements assez similaires. L’essentiel des disques est enregistré par un petit noyau de personnes, auquel s’ajoutent divers musiciens, pas toujours les mêmes. En fait, c’est l’exemple de Broken Social Scene qui m’a convaincu que les New Pornographers pouvaient jouer sans Neko. Jusque-là, nous ne jouions que quand tout le monde était présent… et à cause de ça, nous ne jouions jamais ! Je me suis dit que nous pourrions faire comme eux : avoir un petit noyau de musiciens permanents et en rajouter d’autres, selon leurs disponibilités, pour se produire sur scène. Et ça marche très bien comme ça. C’est intéressant car nous sommes amis avec Broken Social Scene et nous vivons finalement des vies parallèles : eux sur la côte Est du Canada, nous sur la côte Ouest.

Le processus d’écriture des chansons est assez particulier : tu es l’auteur de la plupart d’entre elles, mais tu ne chantes pas toutes les parties. Et il y a aussi Dan Bejar qui signe et chante trois morceaux sur chaque album…
Avec Dan, c’est simple en effet, il apporte juste ses morceaux et il les interprète lui-même. Après, je ne sais vraiment pas comment il décide que telle chanson sera pour les New Pornographers et telle autre pour Destroyer. Celles qu’il écrit pour nous sont peut-être un peu plus rock, plus directes… En ce qui me concerne, je me contente d’écrire les chansons – et c’est déjà une tâche suffisamment difficile -, sans me préoccuper de qui va chanter telle partie. Après, quand je suis obligé de chanter en falsetto certaines mélodies, il est probable que ce sera pour une chanteuse… Mais c’est surtout une fois que la chanson est terminée que je me demande ce qui fonctionnerait avec Kathryn ou avec Neko. Parfois, ça se passe en studio : je propose à Neko de chanter telle partie, mais elle a du mal, ça ne vient pas naturellement, alors je me tourne vers Kathryn, et ça marche mieux avec elle, etc. On tâtonne jusqu’à trouver la meilleure formule. Dans l’idéal, j’aimerais que tout le monde chante toutes les parties, comme les Cars : Ric Ocasek et Benjamin Orr chantaient tous les deux les « leads » sur chaque morceau, puis ils décidaient quelle voix sonnait le mieux.

Penses-tu que « Challengers » va vous faire enfin connaître en Europe, où vous êtes beaucoup moins populaires qu’en Amérique du Nord ou au Japon ?
J’aimerais, bien sûr, mais je préfère ne pas avoir de trop grandes attentes de ce côté-là, car ça ne dépend vraiment pas de nous. C’est vrai que nous avons commencé à nous produire en Europe il y a seulement un an et demi, c’est donc quelque chose de relativement nouveau pour nous, et nous avons constaté la différence avec d’autres parties du monde où nous sommes plus connus. Je pense qu’il faut vraiment se montrer, être visible, donner beaucoup de concerts pour qu’il y ait un début d’intérêt. Certains groupes sortent un album, ne tournent pas et le disque marche quand même très bien, mais c’est vraiment rare.

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