Loading...
Interviews

Syd Matters – Interview

« Ghost Days », le troisième album de Syd Matters, vient de sortir le 14 janvier. Quelque part dans les locaux de Because Music, Jonathan Morali, l’homme qui se cache derrière son pseudonyme, nous accorde un entretien très convivial. Confortablement installé dans son fauteuil en cuir vieilli, le chanteur français nous présente son disque, nous parle de ses concerts, mais se lance aussi dans des considérations plus générales : pourquoi Christian Clavier a-t-il l’air d’un adulte ? Quel rapport entre le fait d’avoir un goût prononcé pour les jeux vidéo, et le fait d’être musicien ? La réponse à toutes ces questions dans quelques lignes.

Syd Matters, par Jason Glasser

Tu étais à New York avec ton groupe en novembre dernier, pour une série de concerts. Comment se passe l’accueil de Syd Matters à l’étranger ?
On avait déjà joué à New York dans un cadre promotionnel, mais là on voulait partir par nos propres moyens, sans aucune pub, avant de commencer notre tournée en France. On est un peu partis en vacances. Il y avait peu de gens aux concerts et c’était dans des petites salles, mais le fait de jouer à New York a été très enrichissant. Là-bas, la sono est un peu pourrie, les amplis sont cassés… Dans ce cadre, il faut apprendre à n’être dépendant de rien. En France, on est assez choyés quand on fait des concerts. Là-bas, qu’il y ait une sono ou pas, du public ou pas, il faut jouer. Pour des Français un peu coincés, c’est super enrichissant d’apprendre à jouer dans des circonstances pareilles. Après tout, quand on est musicien, il faut se demander: est-ce qu’on a besoin d’avoir un public, est-ce qu’on va faire les snobs s’il y a trois personnes et une sono pourrie, ou est-ce qu’on est vraiment musiciens, et alors on joue quelles que soient les conditions. Là on voulait se mettre dans des conditions un peu extrêmes et jouer sans filet, et ça nous a beaucoup appris.

Comment fais-tu pour gérer les deux facettes de ton métier : le côté public, promo, concerts, et d’autre part les moments de composition ?
Les moments de promo restent anecdotiques, ils ne constituent pas mon quotidien. La plupart du temps, je n’ai pas trop de rapport avec le monde des médias. Après, ça dépend des natures. Je sais que pour ma part, je ne vois pas beaucoup de gens, je ne sors pas beaucoup. Ça a toujours été comme ça : je préférais rester chez moi que d’aller au lycée. Et ça n’a pas changé, même s’il faut parfois faire des promos.

Parlons un peu de ton dernier album. J’ai cru comprendre que les musiciens avaient été plus impliqués dans la composition des morceaux.
Pas au niveau de la composition, parce que je compose toujours seul. Mais ce qui a changé, c’est que comme je viens du home-studio, avant quand j’enregistrais une chanson, j’enregistrais directement les arrangements avec ; la chanson était presque finie quand je la proposais à mes musiciens. Là, ce qui a été différent, c’est que j’ai fait des démos très sommaires, et ensuite tout le travail d’arrangement a été fait avec les musiciens. Ils ont donc été impliqués beaucoup plus tôt, non pas dans la composition, mais au niveau de la structure et de l’arrangement des morceaux.

Est-ce que du coup le résultat a été différent de ce que tu attendais ? Est-ce qu’il y a eu un effet de surprise ?
Oui, et c’était un peu le but. Je voulais essayer de ne pas tout maîtriser, de ne pas penser que mon avis était meilleur que celui de mes musiciens. C’est aussi le travail qu’on a fait ensemble sur scène qui m’a donné envie qu’ils s’expriment. Je voulais m’ouvrir, et en fin de compte ils ont apporté énormément au disque ; ils l’ont poussé beaucoup plus loin que ce que j’aurais pu faire tout seul.

Comment présenterais-tu cet album à des gens qui ne l’ont jamais écouté ?
Euh… Je n’en sais rien. C’est des chansons, faites par des petits Parisiens, connotées folk ou atmosphérique… Enfin je ne sais pas, j’écris juste des chansons.

Et si on devait définir un thème pour cet album ? Où en situerais-tu la cohérence ?
La cohérence est venue après-coup, parce que toutes les chansons ont été composées au cours d’une même période, donc j’avais les mêmes influences et les mêmes envies. Mais je n’ai pas eu d’abord l’envie de parler de quelque chose et ensuite d’enregistrer quelque chose sur ce thème. J’ai essayé d’être le plus spontané et le plus sincère possible. Mais maintenant je vois vraiment une cohérence dans cet album, à plein de points de vue : au niveau des compositions, du son global du disque, et des thèmes abordés. La cohérence vient sans doute du fait que je n’ai pas essayé de travestir ce que je ressentais, ni mes tics de composition, ni mes goûts.

Syd Matters, par Jason Glasser

« Ghost Days » contient pas mal de références à des groupes qui t’ont influencé : dans « Ill Jackson » il y a une allusion à « Shine on You Crazy Diamond » de Pink Floyd ; « Big Moon » fait penser à « Pink Moon » de Nick Drake… Comment conçois-tu ces clins d’œil ? Est-ce que c’est une façon de citer tes influences pour ensuite mieux les mettre à distance ?
Ce n’est pas réfléchi. Les musiciens auxquels je fais référence m’ont formé musicalement ; donc c’est normal que ces influences ressortent ensuite. Je ne me suis jamais dit consciemment que j’allais les citer ; sauf pour « Ill Jackson », où la phrase « Shame on you crazy Jackson » fait explicitement référence à Pink Floyd. Et encore, là c’est ma copine qui a trouvé la phrase. Là, c’était amusant de faire un clin d’œil. Pour le reste, c’est juste que ces groupes font partie de moi en tant que musicien. Il y a beaucoup de mimétisme dans la musique, donc même si j’essaie d’être moi-même, les influences ressortent énormément.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *