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Songdog – A Wretched Sinner’s Song

SONGDOG – A Wretched Sinner’s Song
(One Little Indian / PIAS) [site] – acheter ce disque

SONGDOG - A Wretched Sinner's SongAu départ, ça ne fait pas spécialement envie : groupe inconnu, nom pas follement attirant, label (One Little Indian) pas toujours très regardant, pochette bof, site internet bien cheap (même si sa "baseline", "Schopenhauer’s favourite band", est fort drôle)… En plus, le disque dure pas loin de soixante-huit minutes, en deux "actes" ("Love Lust" et "Love Lost") et pour un premier album, c’est quand même un peu long. Comment ça, c’est déjà leur quatrième ? Bon, ben c’est long quand même, quand est-ce que les gens vont trouver plus d’une heure pour écouter un disque ?
Moyennement motivé, on met donc la rondelle dans le mange-disque. La première chanson est pas mal, même si sa mélancolie cherche peut-être trop à étreindre l’auditeur dès le départ. La deuxième, moins démonstrative, est encore mieux. La troisième, tout en cordes célestes, est franchement magnifique. Et ça continue comme ça jusqu’à la fin, sans qu’on se lasse. Un petit miracle.
Révéré par les critiques britanniques, Songdog est un trio composé de Lyndon Morgans (chant, guitare acoustique) et de deux instrumentistes, Karl Woodward et Dave Paterson. Originaires de Blackwood au Pays de Galles, la ville des Manic Street Preachers, Morgans (ancien dramaturge) et Woodward ne doivent plus être tout jeunes puisqu’ils ont joué dans un groupe new wave des années 80 qui aurait fait la première partie de… A-Ha ! Une demi-douzaine de musiciens et arrangeurs les épaulent, mais au fond, "A Wretched Sinner’s Song" sonne davantage comme un album solo. Le chanteur signe les dix-huit compositions, les enluminant avec l’aide de ses collègues de fines touches de banjo, mandoline, accordéon, cor anglais, violon ou violoncelle.
C’est un disque précieux dans tous les sens du terme, qui s’inscrit dans une tradition très anglaise : celle de Bowie (pour le maniérisme jamais énervant), Band of Holy Joy (pour le storytelling et les arrangements assez éloignés du rock), Day One (pour la voix, parfois proche de celle de Phelim Byrne), Lloyd Cole période Commotions (pour le name-dropping et les références littéraires) ou Tindersticks (pour le romantisme exacerbé). Morgans s’affirme comme un remarquable poète du quotidien, racontant avec un grand sens du détail des histoires d’amour (qui finissent mal en général), de sexe et de biture, éventuellement situées à Paris ("Montparnasse"), qu’il émaille de clichés pour mieux leur faire rendre gorge.
Les textes peuvent rappeler le Scott Walker de "Til the Band Comes in", mais le désespoir est ici moins mis en scène, plus touchant, souvent tempéré par l’humour. Certes, la succession de tempos lents et les sonorités essentiellement acoustiques risquent d’induire une légère sensation de monotonie au bout d’une heure, et l’on appréciera davantage cet album en picorant une chanson par-ci par-là, comme dans une boîte de chocolats. Voilà en tout cas une belle découverte, le genre de disque intemporel et hors des modes qu’on ressortira régulièrement, avec le même ravissement.

Vincent Arquillière

Ruben’s Tattoo
Crown of Thorns
Owls
Devil Needs You for His Squeeze
Like Kim Novak
Prayer to Old Idols
I Bought a Rose from the Guy at the Traffic Lights
Likes of You and Me
Interlude
Pilgrim Hill
A Wretched Sinner’s Song
She Lets Me in by the Back Door
Loser Heaven
Just Another Night in Limbo
Barbarella
Montparnasse
On Porthcawl Sands
Time for Miracles Is Past

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