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Concerts

Edwyn Collins – Paris, Le Nouveau Casino, 6/05/2008

EDWYN COLLINS – Paris, Le Nouveau Casino, 6/05/2008

Edwyn Collins & Roddy Frame

Bref rappel des faits : le 20 février 2005, Edwyn Collins, alors qu’il travaillait sur son album "Home Again", dut être hospitalisé d’urgence après s’être évanoui. Le diagnostic révéla une double hémorragie cérébrale. Après une opération délicate et six mois d’hospitalisation, l’ex-chanteur d’Orange Juice put rentrer chez lui et, malgré les importantes séquelles de son attaque, terminer le disque, qui est sorti il y a quelques mois.
A l’annonce d’une tournée passant par Paris, on était partagé entre l’excitation et la crainte – celle d’assister davantage à un freak show, façon Daniel Johnston, qu’à un concert, celle de retrouver l’un de nos héros de jeunesse réduit à l’état de légume. A part à une salle clairsemée (cela a toujours été plus ou moins le cas en France, même à l’époque de "A Girl Like You"), on ne savait donc pas trop à quoi s’attendre. L’entrée en scène du groupe, devant 60 ou 70 personnes, procure une certaine gêne : arrivant après ses musiciens, Edwyn doit être soutenu par deux personnes (dont sa femme et manageuse, semble-t-il) et s’asseoir sur un flightcase dont il ne décollera que pour rejoindre les coulisses avant le rappel.
Heureusement, dès les premiers accords de "Falling and Laughing" – ou comment commencer par le commencement -, tous nos doutes sont dissipés. Certes, quatre des cinq musiciens (couvrant au moins deux générations) ont une dégaine à animer des thés dansants les dimanches après-midi au fin fond du Yorkshire, mais leur jeu est d’une efficacité et d’une précision redoutable. Le cinquième, qu’on n’avait pas reconnu tout de suite, c’est Roddy Frame d’Aztec Camera, la quarantaine élégante. Ami d’Edwyn Collins depuis l’époque Postcard, il chantera peu ce soir-là mais fera des prouesses à la guitare. Gardant son poing droit fermé pendant tout le concert, Edwyn ne peut bien sûr pas en jouer.

Edwyn Collins

Le miracle, c’est que malgré ses difficultés pour se déplacer et pour parler (il se contentera d’annoncer les chansons, d’échanger quelques mots avec Roddy et de remercier chaleureusement le public), l’Ecossais peut chanter. Pas aussi bien qu’avant, bien sûr, mais plus que dignement : si l’élocution est encore un peu pâteuse, il semble n’éprouver aucune difficulté à descendre dans les graves sur des morceaux comme "Rip It Up". Les textes des chansons sont disposés sur un pupitre devant lui, mais il n’y jette que de furtifs coups d’œil.
Piochant modérément dans le nouvel album, le set d’une heure quinze ressemble à un best-of couvrant trois décennies, des fabuleux singles Postcard jusqu’à ses premier et troisième albums solo, plus quelques raretés comme le single "Don’t Shilly Shally" qui clôt le concert. Bonheur immense que d’entendre de nouveau – ou pour la première fois – ces chansons en live, bonheur aussi pour le groupe – soudé, complice et enthousiaste – de les jouer… C’est peu dire qu’on ne regrette pas d’être venu.
The pleasure without the pain, indeed. Merci pour cette leçon de courage, monsieur Collins.

La playlist, de mémoire et avec l’aide précieuse du site The Vinyl Villain :

Falling and Laughing, Poor Old Soul, What Presence, Home Again, Make Me Feel Again, One Is a Lonely Number, You’ll Never Know (My Love), Hope and Despair, One Track Mind, Wheels of Love (+ coda de The Campaign for Real Rock : "Yes yes yes it’s the summer festival, the truly detestable summer festival"), Rip It Up, Then I Cried, A Girl Like You.
Rappel : Searching for the Truth (chanson inédite), Blue Boy, Don’t Shilly Shally.

Vincent Arquillière
Photos par Guillaume Sautereau
Merci à Emmanuel Plane

A lire également, sur Edwyn Collins :
la chronique de « Doctor Syntax » (2002)

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