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Julien Ribot – Vega

JULIEN RIBOT – Vega
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JULIEN RIBOT - VegaQuatre ans après "La métamorphose de Caspar Dix", remarqué dans nos colonnes, voici le retour tout en luxuriance de Julien Ribot. "Vega" constitue dans son ensemble une sorte de pièce montée pop, emmenée par un piano lumineux, proche des envolées de Mike Garson sur les disques de Bowie ou de Nicky Hopkins sur ceux des Rolling Stones de l’âge d’or. Ce sont ces démonstrations pianistiques qui seront le ciment sur lequel Julien va monter en chantilly les quatorze chansons de l’album. Pleines de chœurs, de glockenspiel, de theremin et d’arrangements de cordes raffinés (sur "Nouveau chimpanzé", dont le refrain sonne comme un titre d’Air, entre onirisme et mélancolie, lorsque les violons s’envolent), elles révèlent, écoute après écoute, une fascinante complexité. Les textes révèlent parfois la part d’ombre de l’auteur : "1982", qui se dévoile, lugubre, porté par un violon et des chœurs glacés, pour un final rythmiquement très soutenu. Bien que l’idée de concept-album soit quelque peu aventureuse ici, Julien Ribot a toutefois voulu donner une vraie unité à son travail : unité sonore, mais également textuelle, avec en fond une réflexion sur l’aliénation et la question de l’évolution humaine. Certaines images littéraires sont parfois à la lisière du surréalisme et du non-sens. En ce sens, l’artiste se place dans la lignée de ses références cinématographiques et picturales, tels David Lynch et Daniel Spoerri. Mais dans l’ensemble, les chansons restent dans une veine mélodique très accessible et sunshine pop. "Amour city" sonne à cet égard comme un titre de Bertrand Burgalat, avec son clavecin, ses bidouillages, ses voix venues des cimes. Je reste malgré tout déçu par la voix parfois trop peu habitée de Julien, et une certaine rigidité dans l’interprétation de certaines chansons. J’aurais aimé plus de vie et de sang sur certains titres : "Les Jardins de Boboli" reste assez étriqué, manque de souplesse. Mais ce bémol ne doit pas faire oublier certaines grandes réussites de l’album : "Le Rêve de Tokyo", structurée par une très belle partie de koto signée Mieko Miyazaki, qui constitue un très grand moment. "La Chambre renversée", single extrait de l’album, flotte dans les airs avec sa mélodie beatlesienne, ses flûtes, ses bandes à l’envers qui ouvrent le morceau. Le morceau "Vega", divisé en deux parties, change le ton de l’album : rythme de batterie beaucoup plus soutenu, intervention de cordes incisive, on retrouve l’ambiance des plus beaux titres symphoniques de Belle & Sebastian. La voix de Julien se libère, le cœur palpite, la mélodie se déplie en montagnes russes, avec cassures rythmiques et reprises irrésistibles. Un album complexe, coloré et fascinant, à l’image de sa pochette lumineuse et étrange.

Frédéric Antona

A lire également, sur Julien Ribot :
la chronique de « La Métamorphose de Caspar Dix » (2004)
Super Aaah
Nouveau chimpanzé
Mon extraterrestre
La nuit
1982
Amour City
Les jardins de Boboli
Interlude (avec bruits d’oiseaux sur le côté)
Le rêve de Tokyo
La chambre renversée
Musique pour un éventail qui bat au ralenti
Coco Keeling
Vega Part 1
Vega Part 2

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