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Festivals

Garden Nef Festival – Édition 2008 : Iggy Pop, Patrick Watson, Archie Bronson Outfit, Nada Surf, Alela Diana, The Brian Jonestown Massacre, Heavy Trash, Justice, DJ dATA, Kid Bombardos, The Dø, The Be

En ce week-end de juillet, Angoulême accueille la troisième édition du festival Garden Nef Party. Le camping est la dernière étape avant les concerts. Ceux qui sont arrivés tôt posent la tente à l’ombre, mais les places sont chères : il y a à peine une dizaine d’arbres. Les autres sont condamnés à vivre une expérience de sauna à moindres frais. L’accréditation autour du cou, il est temps pour Judicaël et moi-même de se diriger vers le festival, car l’heure a tourné et les concerts sont sur le point de commencer.

 

Garden Stage - Garden Nef Festival

(M.C.) Archie Bronson Outfit – Valettes Stage
On entend de loin les Anglais d’Archie Bronson Outfit qui s’escriment sur la Valette Stage, la « petite » scène du festival. L’air de bûcherons mal lunés, ils poussent rapidement les amplis dans le rouge avec leur mélange de rock psyché qui se teinte d’énergie punk. A défaut d’être renversants, les quatre musiciens envoient au public une première salve de décibels, parfois au service de très bonnes chansons, comme « Got to Get », « Cherry Lips » ou encore « Dead Funny ». Une bonne mise en bouche donc pour cette Garden Nef Party à la programmation aux couleurs rock bien assumées.

Archie Bronson Outfit

Nous avons évité BB Brunes sur la Garden Stage (la « grande scène »), dont la foule fait chuter de façon drastique la moyenne d’âge des festivaliers, le temps donc de profiter du site bien vert, qui offre quelques coins d’ombre bienvenus étant donnée la chaleur assez torride. La bière est aussi un complément agréable à cette ombre pour ramener la température à un niveau plus supportable. Cette transition nous permet aussi de trouver un bon positionnement pour voir Alela Diane sur la Valettes Stage.

Alela Diane – Valettes Stage
Elle est toute seule, la jeune femme de Nevada City. Il n’y a ni son père, ni Matt Bauer, ni même son amie Mariée Sioux. Non, elle a juste sa guitare, et c’est bien suffisant. Comme d’habitude, elle a l’air frêle, toute timide, jusqu’à ce qu’elle chante et que la magie opère. Elle commence son set avec « Tired Feet » et « Pieces of String » et ce qui marque le plus, c’est le silence qui se fait dans l’assistance : tout naturellement, comme les chansons qui sont évidentes. Alela Diane n’hésite pas à communiquer un peu avec le public, toujours avec cette gentillesse qui émane d’elle. « Sister Self » amorce la fin du concert : il y aura encore « Oh! My Mama » dans une version somptueuse et gorgée d’émotion, puis les deux derniers titres. Sur « The Rifle », elle reçoit le soutien de Rosemary, la chanteuse de Moriarty, programmé après la Californienne, et enfin le concert se cloture sur « The Pirate’s Gospel », où c’est tout Moriarty qui se joint naturellement à Alela Diane pour une belle communion folk, qui a trouvé sa place dans cette programmation chargée en décibels. Il est alors temps de se diriger vers la grande scène, où doit se produire Nada Surf.

(J.D.) Nada Surf – Garden Stage
Première tête d’affiche de la journée et le public est au rendez-vous. Sur le morceau d’ouverture, quelques réglages sons se font pour la voix et la basse. On notera que le groupe monte sur scène à quatre. Matthew présente leur compagnon qui n’est autre que Martin Wenk du groupe Calexico. Sur « Whose Authority », les fans postés devant la scène commencent à s’agiter. Très loquace, Matthew prend souvent la parole et entraîne même le public à chanter sur « Weightless ». L’ambiance monte progressivement et les claps spontanés par la même occasion. Ainsi « I Like What You Say » est très bien accueillie. BB Brunes les ayant précédés sur la grande scène, la moyenne d’age reste assez basse, et alors que le groupe joue une très belle version de « 80 windows » sublimée par l’apport de la trompette de Martin, la majorité du public ne semble pas connaître la chanson de leur deuxième album, dommage. Comme pour remettre les pendules à l’heure, le groupe joue « See These Bones » extrait du dernier album et obtient une ovation méritée. Doucement, la densité de la foule diminue, une partie de celle-ci étant aimantée par la popularité de Moriarty, qui commencera quelques minutes plus tard sur la petite scène. Cela n’empêche pas Nada Surf de terminer en beauté leur concert avec « Always Love » et une chanson au refrain efficace repris en chur pendant tout le morceau par le public « Fuck ItFuck It ». Tout le monde n’entendra pas cette dernière chanson entraînante, pour cause donc de migration de scène.

(M.C.) Moriarty – Valettes Stage
Les Franco-Américains sont très rodés en concert, car cela fait un moment qu’ils tournent de façon presque ininterrompue. Le concert s’ouvre sur « Animals Can’t Laugh », vieux blues couinant absurde. Les autres titres comme « Private Lily » ou « Cottonflower » remportent l’adhésion du public, enthousiaste à la vue de ces cinq jeunes gens au look suranné, jouant aussi une musique qui semble passée de mode. La reprise d' »Enjoy the Silence » illustre bien cette volonté de faire dans le dépouillé, la simplicité : ainsi le tube de Depeche Mode se voit réduit à son expression la plus simple, et ça marche très bien. Le seul bémol à cette prestation est quand même cette impression un peu artificielle, presque figée dans les postures, les habits, la gestuelle, comme s’ils s’accrochaient un peu trop à leur image. Mais indubitablement, la musique de Moriarty n’est pas dépourvue de charme, y compris dans les autres titres que leur succès « Jimmy ». Mais il n’est déjà plus temps d’épiloguer sur la prestation du groupe.

The Kills – Garden Stage
En effet, la Garden Stage est prise d’assaut par le duo Anglais de The Kills. J’ai choisi l’expression à dessein, car ils prennent possession de la scène (finalement très grande pour eux deux) avec beaucoup d’entrain et d’énergie, entonnant « URA Fever ». La boîte à rythmes est omniprésente, épousant les rythmiques de Jamie Hince pendant que W minaude, se déhanche et tourne sur scène comme une lionne en cage. J’avoue préférer les titres du premier album, comme « Kissy Kissy » ou « Pull a U », un peu moins écrasés par ces rythmes syncopés mais qui se ressemblent un peu. Mais le set passe bien, grâce au charisme du duo et à l’énergie qu’ils dégagent, même s’ils restent assez loins l’un de l’autre et que les échanges se font rares. Le public reste assez sage, devant cette musique somme toute assez âpre et dépouillée : il faut ainsi attendre « Cheap and Cheerful » pour que le public trouve un terrain d’expression, et un défouloir assez dansant. Un dernier titre de « Keep on Your Mean Side » (« Fried my Little Brains ») cloture cette prestation, qui laisse un petit goût d’inachevé, même si ce fut dans l’ensemble un bon show. Alternance oblige, il faut à nouveau changer de scène et d’ambiance.

(J.D.) Heavy Trash – Valettes Stage
C’est donc à un rythme soutenu que l’on quitte la grande scène, où viennent d’officier The Kills, pour venir nous presser devant le Heavy Trash de Jon Spencer (Blues Explosion) et Matt Verta-Ray (Speedball Baby). Et le rythme n’est pas près de retomber. C’est une découverte pour moi et comme souvent, rien de tel qu’un live réussi pour qu’un groupe ne quitte plus vos oreilles. Après la lourdeur de la boîte à rythmes de The Kills, c’est un bonheur assoiffant qui emplit la fosse, celui de pouvoir se trémousser sur un rockabilly qui sent bon la poussière. Jon Spencer se pose en prêcheur fou et harangue la foule en permanence. Matt déploie un jeu de guitare d’une précision mécanique tandis que le contre-bassiste met fin aux jours des Forbans en une rotation d’instrument renversante. Ils nous ménagent l’espace d’une longue improvisation de Jon Spencer qui se termine par la répétition de plus en plus rapide de la phrase « I feel good », soutenue par le groupe qui accélère le tempo. On dirait du Johnny Cash survitaminé. Pour finir, Jon explose son micro sur scène et s’en va de chaque côté de la scène, tourner un projecteur vers le public. Sûrement une manière pour lui de mieux voir ce qu’il a fait de nous. Nul doute que dans cette ferme, il fut comblé.

(M.C) The Raconteurs – Garden Stage
La scène et le décor sont déjà en place pour Jack White et son autre groupe, The Raconteurs. Il convient d’insister tout d’abord sur un point : c’est un groupe à part entière. Si on pouvait croire à leurs débuts à une omnipotence de Mr White, ce n’est pas le cas, car il partage allègrement le chant avec Brendan Benson. La section rythmique (basse-batterie) est celle des Greenhornes, et elle est absolument au-dessus de tout reproche, entre le batteur tout en toucher mais sec dans sa frappe, et son bassiste qui ressemble au cousin machin de la Famille Addams avec sa coupe improbable. Mais musicalement ? C’est du rock, du très très bon, porté par un son équilibré à la perfection : ça oscille entre hard-rock biberonné à Led Zeppelin, blues plus conventionnel et un soupçon de country (ils ont d’ailleurs répété plusieurs fois venir de Nashville). Le concert monte en puissance constamment, et les titres des deux albums se complètent à la perfection : « Steady As She Goes », « Hands », « Level » côtoient le superbe « You Don’t Understand Me » avec Jack au piano, « Hold Up » ou « Consolers of the Lonely »…Il n’y a pas une baisse de niveau pendant le concert, ils sont communicatifs juste ce qu’il faut, c’est un vrai bonheur pour toute personne un minimum sensible au hard-rock. La seule chose qu’on puisse reprocher à Jack White est une certaine propension à montrer à quel point il est bon à la guitare, et donc à étirer des chansons à grands coups de soli (sur l’excellent « Blue Veins », ça passe très bien), mais il retombe souvent sur ses pattes. Enfin, certains titres n’ont pas été joués (temps alloué trop faible ?), comme « Broken Boy Soldier », « Salute Your Solution », « Together »… C’est surprenant de dire ça quand même après seulement deux albums, mais ces titres auraient eu leur place sans problème. Cette énorme prestation peut faire craindre celle du Brian Jonestown Massacre sur la petite scène, vu que quelques jours auparavant les membres du groupe s’étaient battus sur scène en Angleterre.

(J.D.) The Brian Jonestown Massacre – Valettes Stage
Au grand complet, Joël retrouvant sa place au centre de la scène avec son légendaire tambourin, le groupe d’Anton Newcombe clôt la session rock de la journée. Le light-show les laisse la plupart du temps dans la pénombre et c’est donc en ombre chinoise qu’on les découvre jouant leurs titres les plus populaires. En vrac, « Nevertheless », « Who », « Servo »… Comme à leur habitude, ils ne se pressent pas pour enchaîner les morceaux, en profitent pour discuter entre eux avant de reprendre. Anton joue de profil pendant une grande partie du concert, comme pour mieux surveiller les autres. A plusieurs occasions, ils scanderont en choeur : « Let’s go fucking mental, let’s go fucking mental ». Les groupies léchant la barrière n’y voient apparemment pas d’inconvénient et hurlent de plus belle sur chaque intro. Un bon concert du groupe, malgré une façade beaucoup trop forte qui rendait parfois l’ensemble un peu inaudible. On regrettera l’absence dans le set de morceau du nouvel album mais cela donnera une nouvelle occasion de les voir sur scène.

(M.C.) Justice – Garden Stage
Minuit est passé, la lune est complète et à défaut de voir des loups-garous, le rock cède sa place à l’électro. C’est le duo français Justice qui va se charger de faire danser la foule, d’ailleurs pas si nombreuse que cela devant la grande scène. Le lightshow est assez basique, et l’installation sur scène est simple : deux consoles, leur symbole de croix et de faux (?) Marshall qui servent sans doute à faire joujou avec la lumière, bref, le set démarre. C’est un peu mou au début, pas désagréable, mais il faut attendre « Waters of Nazareth » pour que ça remue vraiment. D’ailleurs, les gens ne dansent pas, on se croirait plutôt à un concert de rock « classique » avec des gens qui sautent. Dommage, car ça va en s’améliorant, et Justice a le mérite de nous épargner « D.A.N.C.E. » quils concassent vite fait bien fait, puis abordent « Stress », qui sans son clip houleux serait resté ce qu’il est : un bon titre d’électro, à la fois grinçant et dansant. On est bien loin de la démesure scénique de Daft Punk par exemple, tant au niveau du son (assez faible) que des lumières, d’ailleurs le duo se contente vaguement de lever un poing de temps à autre. La fin du set finit quand même par remporter l’adhésion de tous avec « We Are Your Friends », assez efficace. Mais une impression se dégage de ce concert : Justice tourne depuis un an et demi, et le côté hype qui les entourait en 2007 a disparu, et ça se ressent, au niveau du public mais aussi dans leurs prestations, certes convaincantes (c’est déjà bien) mais manquant un peu d’entrain.

DJ dATA – Valettes Stage
Le dernier transit entre grande et petite scène sera pour assister, non pas au DJ Set de Simian Mobile Disco qui a annulé, mais à la prestation de DJ dATA. C’est assez difficile de noter cet exercice, mais selon des critères objectifs comme « foule qui danse » ou « mal aux jambes le lendemain », on reconnaîtra une certaine efficacité au monsieur. Le cocktail « fatigue + chaleur + bière » associé à l’heure tardive de fin du spectacle (3h du matin) a certainement joué un rôle également dans le succès du show.

Finalement, un membre du staff semble venir lui dire que la fête est finie. Il est alors temps de se replier vers le camping, pour une courte nuit de sommeil avant la deuxième et déjà dernière journée du festival, après cette entame de très bonne qualité.

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