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TV On The Radio – Dear Science

TV ON THE RADIO – Dear Science
(4AD / Beggars) [site] – acheter ce disque

TV ON THE RADIO - Dear ScienceOn se demande bien ce que peuvent avoir affaire ensemble le rock et la science. Le plus souvent, loin de la froideur laborantine supposée, de l’échantillonnage minutieux de sons plongés dans des solutions étranges, leur rencontre donne lieu à des disques moins cérébraux que sensibles, voire outrageusement sensuels. À preuve, le "Big Science" ironique ("Hallelujah! ") de Laurie Anderson qui, à l’orée des 80’s insufflait beaucoup de douceur dans l’examen apparemment objectif de l’ultra moderne solitude. À preuve bis, "Science", le disque le plus doux de Thomas Dybdahl glissant sur le lissé des cuivres dans la pente de la soul-funk la plus mélancolique. Eh bien, TV On The Radio réussit haut la main la passe de trois.
Pour déjouer d’emblée, et le plus subjectivement possible, l’attente (très hypothétique) de mon lecteur (qui écoute le disque depuis trois semaines, au bas mot), je dirais que : oui, "Dear Science" est de loin le plus accessible, enlevé, mélodique, sensuel et sympathique album du combo : tu parles d’une nouvelle ! Ah, ami lecteur, accorde-moi au moins la patience de lire mon argumentaire.
Certes, le groupe est toujours féru de cavalcades rythmiques, de fusion à chaud entre l’abstraction ambient et la vigueur du noisy-rock (le morceau d’introduction, habile transition du précédent disque au nouveau, résume parfaitement l’affaire : "Halfway Home", bien équilibré entre percus et guitares jusqu’au décollage final), certes les influences soul-funk sont depuis le début présentes chez le groupe et le groove et la suavité des voix donnent encore aux compos la chair permettant de s’attacher à leurs embardées expérimentales, et de ce point de vue, Tunde Adebimpe et Kyp Malone sont toujours aussi performants (voir "Crying" ou "DLZ"). Mais le naïf que je suis (si si) ne s’attendait pas forcément à un tel assaut de virtuosité : "Dancing Choose", un jazz-rock saccadé prêt à faire la nique aux farfelus Gnarls Barkley, ou encore "Stork & Owl" électro-soul chargée de marier, avec ou sans leur consentement les synthés d’OMD et les cordes du "Lullaby" des Cure. Au milieu du disque, les deux morceaux que je préfère : sur "Golden Age", la structure funk (rythmiques, basse, vocalises princières) s’épanouit paradoxalement dans une clairière jazz des plus fréquentables (cuivres et chœurs), avant que le charmant "Family Tree" n’assène le coup de grâce : parfaite ballade à faire décoller, par la vertu des violons et des suspensions rythmiques, l’auditeur à l’horizontale. Le plaisir ne retombe pas. Car, par la suite, le groupe poursuit la valse entêtante des exercices de style avec juste ce qu’il faut de variété, d’inventivité constante et de finesse opportuniste : "Love Dog" joue avec les programmations et les cordes d’"Homogenic" pour les fondre dans le même bain sensuel, "DLZ", autre tube potentiel, caresse la FM R’n’B dans le sens du poil avant de la lacérer de guitares. Ambitieux et fédérateur, le disque se bonifie d’écoute en écoute et mérite de figurer, à grand nombre d’exemplaires, dans la liste des cadeaux que vous offrirez à Noël.

David Larre

A lire également, sur TV On The Radio :
la chronique de « Return to Cookie Mountain » (2006)
la chronique de « Desperate Youth, Blood Thirsty Babes » (2004)

Halfway Home
Crying
Dancing Choose
Stork & Owl
Golden Age
Family Tree
Red Dress
Love Dog
Shout Me Out
DLZ
Lover’s Day

 

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