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Disques

Moonjellies – EP 1 + 2

MOONJELLIES – EP 1 + 2
(Autoproduit)

MOONJELLIES - EP 1 + 2Formation évoluant dans les environs de Tours, Moonjellies est fondé par quatre jeunes gens de 22 à 30 ans en octobre 2006 : Guillaume à la basse, Vivien à la batterie, Julien à la guitare ainsi qu’au piano, et enfin Damien, également guitariste, ces deux derniers étant responsables – mais non coupables – de la composition des morceaux. Suivent rapidement un concert et moins d’un an plus tard un premier EP dont nous dirons quelques mots plus loin. Après de nombreux concerts en province et à Paris, nos Fab Four tourangeaux viennent donc de lancer une seconde salve qui ne fera pas trembler la planète rock, mais qui mériterait de faire davantage de bruit.

Moonjellies réalise, proportionnellement aux moyens dont ils disposent, un disque de grande qualité, agréable à écouter, touchant et qui, tout en manquant parfois d’audace et d’originalité, a le mérite de proposer quatre titres d’un cachet certain. Ce second EP débute sous les meilleurs auspices avec "Man in a Crowd". La mélodie, gentille et entraînante façon Travis période "Good Feeling", ne surprendra personne. Le son est propre, peut-être un peu trop diront certains. Certes. Mais il y a de l’esprit. De la ferveur. Le jeu est chaleureux, précis, l’espace sonore est fort bien utilisé et le titre se démarque des saints patrons Byrds / Kinks à la faveur d’un élégant pont au piano ainsi qu’un clavier très 70’s d’excellente facture. Enfin, le chant est juste, enlevé, sans artifice. Le second titre "You Don’t Have To" est tout simplement une pépite folk rock, un petit bonbon sucré à l’orchestration élégante, délicatement rythmé par une mélodie au piano à la Debussy, mélancolique et mise en valeur par des cordes dont on soulignera la précision et le son de velours , notamment celui du basson Aline Riffault. Magnifique. Et je me répète, Julien chante de nouveau à merveille, d’un ton sûr et léger, son timbre fragile et chaleureux rappelant avec nostalgie certains titres d’Elliott Smith. Plus électrique et la plus anglo-saxonne de l’EP, "Come Across Your Shade" est une chanson presque irréprochable, et il n’est pas exagéré de penser que, composée en 1995 par Noel Gallagher ou la bande de Blur, elle serait devenue un tube britpop. Un petit hymne de saison diablement nonchalant, aux accords évidents, au jeu de guitare sec et cristallin, dans lequel tout est bon à prendre, plein d’aplomb, harmoniquement fort réussi et… beau.

On aurait tort de ne pas le souligner, tant cet EP sonne loin du pur exercice de style bouffé, digéré et recraché en boulettes pop rock éculées. Il y a de la vitalité, une vraie tonalité, un traitement collectif très cohérent d’une somme de groupes tutélaires dans laquelle Moonjellies se reconnaît. Les Beatles, les Stones, Neil Young, Dylan, Arcade Fire… oui, on retrouve un peu tout ce qu’on veut bien entendre dans cet EP. Et aussi davantage, comme sur ce "Misread Pity" mené tambour battant, fougueux sans être excessif, ponctué de breaks, de subtiles poussées de sève, qui n’a pas grand chose à envier à de nombreuses références actuelles. Produit par un cador, ce titre pourrait être une machine de guerre à l’assaut des charts, mais il perdrait beaucoup de son charme et de son entrain. Taillé pour les oreilles fines, "Misread Pity" est une chanson comme on en entend rarement, du fait même de son ampleur sonique limité. Cette remarque s’applique au disque dans son entier, low-fi sans être bordélique, clair sans être lisse. Quant à leur premier EP, il hisse la barre déjà haut, notamment avec ce superbe "Summer Dress", dont Ray Davies pourrait être jaloux, le plus heavy "Sunrise" et la magnifique sérénité d’un "Black Cloud" simplement bouleversant. Moonjellies n’a même pas besoin de forcer le respect tant leurs deux EP méritent amplement d’être admirés et défendus. On espère juste que désormais le vent leur souffle de dos.

Julian Flacelière

EP 1
Summer Dress
Pauline
My Side of the News
Sunrise
Black Cloud

EP 2
Man in a Crowd
You Don’t Have To
Come Across Your Shade
Misread Pity

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